[9] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Θ'.
Καὶ τοιαῦτα μὲν τὰ περὶ τῆς τύχης ὑπ' αὐτῶν
λεγόμενα καὶ οὕτως τοῖς κειμένοις συνᾴδοντα· ὅτι δὲ
καὶ τὸ ἐνδεχόμενόν τε καὶ τὸ ὁπότερ' ἔτυχεν γίνεσθαί
τινα ὑπὸ τῶν πάντα ἐξ ἀνάγκης γίνεσθαι λεγόντων
ἀναιρεῖται, αὐτόθεν πρόδηλον, εἴ γε ταῦτα μὲν κυρίως
ἐνδεχομένως γίνεσθαι λέγεται, ἐφ' ὧν καὶ τὸ
ἐνδέχεσθαι μὴ γενέσθαι χώραν ἔχει, ὡς καὶ αὐτὸ τὸ
ὁπότερ' ἔτυχεν λεγόμενον ποιεῖ γνώριμον, τὰ δ' ἐξ
ἀνάγκης γινόμενα οὐκ ἐνδέχεται μὴ γενέσθαι. λέγω
δὲ τὸ ἀναγκαῖον οὐκ ἐπὶ τοῦ βίᾳ γινομένου μηδὲ κατὰ
τούτου τις εὐθυνέτω τοὔνομα, ἀλλ' ἐπὶ τῶν φύσει
γινομένων ὑπό τινων, ὧν τὰ ἀντικείμενα ἀδύνατον
ἂν εἴη γίνεσθαι. καίτοι πῶς οὐκ ἄτοπα καὶ παρὰ τὰ
ἐναργῆ καὶ μέχρι τούτων τὴν ἀνάγκην
προεληλυθέναι λέγειν, ὡς μήτε κινηθῆναί τινα
δύνασθαι κίνησίν τινα μήτε κινῆσαί τι τῶν αὑτοῦ
μερῶν, ἣν κίνησιν καὶ μὴ κινεῖσθαι τότε οἷόν τε ἦν,
ἀλλὰ τὴν τυχοῦσαν τοῦ τραχήλου περιστροφὴν καὶ
τὴν δακτύλου τινὸς ἔκτασιν καὶ τὸ ἐπᾶραι τὰ βλέφαρα
ἤ τι τῶν τοιούτων προηγουμέναις τισὶν αἰτίαις
ἑπόμενον ἄλλως ὑφ' ἡμῶν μὴ δύνασθαι γίνεσθαί
ποτε, καὶ ταῦτα ὁρῶντας ἐν τοῖς οὖσίν τε καὶ
γινομένοις πολλὴν οὖσαν διαφορὰν τῶν πραγμάτων,
ἐξ ἧς ῥᾴδιον ἦν μαθεῖν ὅτι μὴ πάντα ἐνδέδεται ταῖς
τοιαύταις αἰτίαις; Ὁρῶμεν γοῦν τῶν ὄντων τὰ μέν
τινα οὐδεμίαν ἔχοντα δύναμιν τῆς εἰς τὸ ἀντικείμενον
τοῦ ἐν ᾧ ἐστι μεταβολῆς, τὰ δ' οὐδὲν μᾶλλον αὐτῶν ἐν
τῷ ἀντικειμένῳ ἢ ἐν ᾧ ἐστιν εἶναι δυνάμενα. πῦρ μὲν
γὰρ οὐχ οἷόν τε δέξασθαι ψυχρότητα, ἥτις ἐστὶν
ἐναντία αὐτοῦ τῇ συμφύτῳ θερμότητι, ἀλλ' οὐδὲ χιὼν
δέξαιτ' ἂν θερμότητα χιὼν μένουσα, ὕδωρ δὲ κἂν ᾖ
ψυχρὸν οὐκ ἀδύνατον ἀποβαλὸν ταύτην δέξασθαι τὴν
ἐναντίαν αὐτῇ θερμότητα· ὁμοίως δὲ καὶ τούτῳ
δυνατὸν καὶ τὸν καθεζόμενον στῆναι καὶ τὸν
κινούμενον ἠρεμῆσαι καὶ τὸν λαλοῦντα σιγῆσαι καὶ
ἐπὶ μυρίων εὕροι τις ἂν δύναμίν τινα ἐνυπάρχουσαν
τῶν ἐναντίων δεκτικήν, ὧν, εἰ τὰ ἐξ ἀνάγκης ὄντα ἐν
θατέρῳ οὐκ ἔχει δύναμιν τοῦ δέξασθαι τοῦ ἐν ᾧ ἐστι
τὸ ἐναντίον, οὐκ ἐξ ἀνάγκης ἂν εἴη ἐν οἷς ἐστι τὰ καὶ
τοῦ ἐναντίου αὐτοῖς δεκτικά. εἰ δὲ μὴ ἐξ ἀνάγκης,
ἐνδεχομένως. τὰ δὲ ἐνδεχομένως ἔν τινι οὕτως ἐστὶν
ἐν αὐτῷ ὡς οὐκ ἐξ ἀνάγκης ἀλλ' ὡς ἐνδεχομένως ἐν
αὐτῷ γεγονότα. τὸ δὲ ἐνδεχομένως γεγονὸς ἔν τινι καὶ
μὴ γεγονέναι ἐν αὐτῷ οἷόν τε ἦν. ἔστι μὲν γὰρ
ἕκαστον καὶ τούτων ἐν ᾧ ὂν τυγχάνει, διότι ἦν ἐν
θατέρῳ αὑτῷ ἀντικειμένῳ εἶναι, ἐν ᾧ δ' ἐστὶ νῦν, οὐκ
ἐξ ἀνάγκης ἁπλῶς ἐστιν ἐν τούτῳ διὰ τὴν πρὸς τὰ
ἀντικείμενα δύναμιν. ἀλλὰ μὴν τὰ οὕτως ὄντα ἔν
τισιν οὐ δι' αἰτίας τινὰς προκαταβεβλημένας {τε} ἐξ
ἀνάγκης εἰς ταῦτα ἀγούσας ἐστὶν ἐν αὐτοῖς. ὥστ' εἰ
πάντα τὰ ὁμοίως τῶν ἀντικειμένων ὄντα δεκτικὰ
ἐνδεχομένως τέ ἐστιν ἐν οἷς ἐστιν καὶ οὐκ ἔστιν ἐν οἷς
οὐκ ἔστι, μυρία ἂν εἴη τὰ ἐνδεχομένως ὄντα τε καὶ
γινόμενα. ἄτοπον γὰρ ὁμοίως ἐξ ἀνάγκης εἶναι λέγειν
ἔν τινι τά τε ἀνεπίδεκτα τῶν ἐναντίων τούτοις ἐν οἷς
ἐστι καὶ τὰ μηδὲν μᾶλλον καθ' ὁντινοῦν χρόνον
τούτων ἢ τῶν ἐναντίων αὐτοῖς δεκτικά. εἰ γὰρ τὰ ἐξ
ἀνάγκης ὄντα ἔν τινι ἀνεπίδεκτα τοῦ ἐναντίου αὐτῷ,
τὰ ἐπιδεκτικὰ τοῦ ἐναντίου οὐκ ἐξ ἀνάγκης ἂν ἐν ᾧ
ἐστιν εἴη.
| [9] CHAPITRE IX.
Telles sont les considérations que nos adversaires font
valoir relativement au hasard, et voilà comment ils les
accommodent avec leurs principes. Or, que ceux qui
professent que tout arrive nécessairement suppriment ce
qui est éventuel, ce qui peut arriver d’une façon ou
d’une autre, c’est ce qui devient évident, pour peu que
l’on observe que ce qu’on appelle essentiellement
éventuel est ce qui peut arriver ou n’arriver pas, comme
l’indique assez l’expression arriver d’une façon ou
d’une autre; tandis que ce qui est nécessaire exclut la
possibilité de n’arriver point. Et j’appelle nécessaire
non pas ce qui est produit par la violence (personne ne
saurait légitimer ce langage), mais ce qui naturellement
résulte de certaines causes, dont il serait impossible que
le contraire se produisit. A ce compte, comment n’est-il
pas contre toute raison aussi bien que contre toute
évidence de soutenir que l’influence de la nécessité est
à ce point, indéclinable, qu’aucun mouvement ne peut
être accompli, qu’aucune partie du corps ne peut être
remuée (alors même que manifestement au moment où
on la remue on pût ne la remuer pas); qu’en un mot, il
ne peut arriver qu’on tourne le cou, qu’on étende le
doigt, qu’on élève les paupières ou qu’on exécute tout
autre mouvement, sans que cela ne soit une suite de
causes antécédentes, mais nullement un effet de notre
libre vouloir? Notons d’ailleurs que ceux qui parlent
ainsi ont sous les yeux la grande diversité qu’offre la
réalité et que présentent les faits, d’où il serait aisé de
conclure que toutes choses ne dépendent pas de causes
semblables. Parmi les choses, effectivement, nous en
voyons qui n’ont aucune possibilité de se changer en un
état contraire à celui où elles sont, et d’autres qui ne
peuvent pas moins être dans un état contraire à celui où
elles sont, que dans l’état même où elles sont. Ainsi le
feu ne peut pas recevoir le froid, qui est contraire à la
chaleur qui lui est naturelle; la neige ne peut pas
recevoir la chaleur et rester neige; l’eau, au contraire,
quoiqu’elle soit froide, n’est pas incapable, en rejetant
ce froid, de recevoir la chaleur qui lui est contraire.
Pareillement, et de la même manière, il est possible que
celui qui est assis se tienne debout, que celui qui se
remue s’arrête, que celui qui parle se taise, et l’on
trouverait mille cas où se manifeste cette puissance
d’admettre les contraires. Si donc les choses qui sont
nécessairement en opposition avec d’autres n’ont pas la
possibilité de recevoir le contraire de ce qu’elles sont,
celles-là ne sont point nécessaires qui demeurent
susceptibles d’admettre aussi leur contraire. Mais, si
elles ne sont pas nécessairement, elles sont
éventuellement. Or ce qui est éventuel est précisément
ce qui ne dépend point de la nécessité, mais ce qui
pouvait être ou n’être pas. Ce qui s’est produit
éventuellement dans une chose pouvait donc aussi ne
pas s’y produire. En effet, dans toute chose de cette
nature, tout ce qui s’y trouve être y est en ce sens qu’il
était possible qu’il y fût et que le contraire y fût aussi.
Conséquemment, ce qui s’y trouve maintenant n’y est
aucunement par nécessité, puisque le contraire était
possible; et tout ce qui se trouve de la sorte dans les
choses ne s’y trouve point en vertu de causes
antécédentes qui l’y auraient nécessairement introduit.
Mais si toutes ces choses, comme les contraires qu’elles
sont susceptibles d’admettre, se trouvent
éventuellement là où elles se trouvent, et ne se trouvent
pas là où elles ne se trouvent pas, il y a une quantité
innombrable de choses qui sont et qui arrivent
éventuellement. Il serait en effet absurde de rapporter
également à la nécessité et ce qui dans une chose ne
peut point se changer en son contraire, et ce qui, à un
moment quelconque, peut devenir le contraire de ce
qu’il est. A coup sûr, si, dans un être, ce qui est
nécessaire exclut son contraire, ce qui admet son
contraire dans un être n’est pas nécessaire.
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