| [5] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ε'
Τούτων δ' οὕτως ἐχόντων καὶ πάντων τῶν γινομένων 
εἰς τούτους τοὺς τρόπους νενεμημένων ἀκόλουθον 
ἐπὶ τούτοις ἰδεῖν, ἐν ποίῳ τῶν ποιητικῶν αἰτίων χρὴ 
τιθέναι τὴν εἱμαρμένην. Ἆρά γε ἐν τοῖς οὐδενὸς 
γινομένοις χάριν; Ἢ τοῦτο μὲν παντάπασιν ἄλογον· 
αἰεὶ γὰρ ἐπὶ τέλους τινὸς τῷ τῆς εἱμαρμένης ὀνόματι 
χρώμεθα καθ' εἱμαρμένην αὐτὸ λέγοντες γεγονέναι. 
Διὸ ἐν τοῖς ἕνεκά του γινομένοις ἀναγκαῖον τιθέναι 
τὴν εἱμαρμένην· καὶ ἐπεὶ τῶν ἕνεκά του γινομένων τὰ 
μὲν γίνεται κατὰ λόγον, τὰ δὲ κατὰ φύσιν, ἢ ἐν 
ἀμφοτέροις αὐτοῖς τὴν εἱμαρμένην ἀναγκαῖον εἶναι 
τίθεσθαι, ὡς πάντα τὰ γιγνόμενα καθ' εἱμαρμένην 
γίνεσθαι λέγειν, ἢ ἐν θατέρῳ. Ἀλλὰ τὰ μὲν κατὰ 
λόγον γινόμενα τούτῳ δοκεῖ γίνεσθαι κατὰ λόγον τῷ 
τὸν ποιοῦντα αὐτὰ καὶ τοῦ μὴ ποιεῖν ἔχειν ἐξουσίαν. 
Τά τε γὰρ ὑπὸ τῶν τεχνιτῶν γινόμενα κατὰ τέχνην 
οὐκ ἐξ ἀνάγκης ὑπ' αὐτῶν γίνεσθαι δοκεῖ (οὕτως γοῦν 
ἕκαστον ποιοῦσιν αὐτῶν ὡς καὶ τοῦ μὴ ποιεῖν αὐτὰ 
τὴν ἴσην ἔχοντες ἐξουσίαν· ἔτι τε πῶς οὐκ ἄτοπον τὴν 
οἰκίαν καὶ τὴν κλίνην καθ' εἱμαρμένην λέγειν 
γεγονέναι ἢ τὴν λύραν ἡρμόσθαι καθ' εἱμαρμένην;), 
Ἀλλὰ μὴν καὶ ὧν προαίρεσις κυρία (ταῦτα δ' ἐστὶν 
ὅσα κατ' ἀρετήν τε καὶ κακίαν πράττεται) καὶ ταῦτα 
ἐφ' ἡμῖν εἶναι δοκεῖ. Εἰ ἐφ' ἡμῖν δὲ ταῦτα, ὧν καὶ τοῦ 
πραχθῆναι καὶ τοῦ μὴ πραχθῆναι ἡμεῖς εἶναι 
δοκοῦμεν κύριοι, τούτων δὲ οὐχ οἷόν τε λέγειν αἰτίαν 
τὴν εἱμαρμένην οὐδὲ ἀρχὰς εἶναί τινας καὶ αἰτίας 
ἔξωθεν προκαταβεβλημένας τοῦ πάντως ἢ γενέσθαι 
τι αὐτῶν ἢ μὴ γενέσθαι (οὐκέτι γὰρ ἂν εἴη τι τούτων 
ἐφ' ἡμῖν, εἰ γένοιτο τοῦτον τὸν τρόπον). 
 
 | [5] CHAPITRE V.  
Ces distinctions une fois établies et toutes les choses 
qui arrivent se trouvant partagées en un tel nombre de 
classes, il s’ensuit qu’il faut voir à quelle espèce de 
causes efficientes il convient de rapporter le destin. Le 
mettrons-nous au nombre des choses qui se produisent 
sans aucun but? Cela serait entièrement déraisonnable; 
car c’est toujours en pensant à une certaine fin que nous 
employons le mot le destin, alors que nous disons que 
le destin a voulu que telle ou telle chose arrivât. C’est 
donc au nombre des choses qui se produisent en vue 
d’une fin que se place nécessairement le destin. Et 
puisque les choses qui se produisent en vue d’une fin se 
font les unes suivant la nature, et les autres suivant la 
raison, ou il faut nécessairement placer le destin dans 
l’un et l’autre de ces deux ordres de choses, de telle 
manière qu’on dise que tout ce qui arrive arrive en 
vertu du destin, ou le placer seulement dans l’un des 
deux. Mais, en ce qui regarde les choses qui se font 
suivant la raison, il semble que, si elles arrivent par 
raison, c’est parce que celui qui les fait avait aussi le 
pouvoir de ne pas les faire. C’est de la sorte que l’on 
considère les ouvrages des artisans comme les produits 
de leur art et non point de la nécessité. Car il n’y a pas 
une de ces œuvres que ces artisans n’aient exécutée 
avec un pouvoir égal de ne pas l’exécuter. Combien, 
par exemple, ne serait-il point absurde de dire que c’est 
fatalement qu’une maison a été faite, qu’un lit a été fait, 
et que c’est fatalement qu’a été accordée une lyre! De 
toute évidence, lorsqu’il s’agit de choses dont le choix 
décide (et ce sont toutes celles qui impliquent vertu et 
vice), il semble que ces choses dépendent de nous. Or, 
si ces choses dépendent de nous, que nous paraissons 
être les maîtres de faire et de ne pas faire, il n’est point 
permis d’affirmer que le destin en soit la cause, ni qu’il 
y ait des principes et des causes posées du dehors, à la 
suite desquelles l’une quelconque de ces choses arrive 
absolument ou n’arrive pas. Rien en effet de ce qui 
arriverait de cette façon ne serait plus en notre pouvoir. 
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