[3] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Γ'.
Ὅτι μὲν οὖν αἰτίαν τινὰ τὴν εἱμαρμένην τοῖς
γινομένοις {ὧν} εἶναι λέγουσιν πάντες οἱ περὶ
εἱμαρμένης λέγοντές τι, γνώριμον (ταύτην γὰρ
ἀποδιδόασίν τε καί φασιν αἰτίαν εἶναι τοῦ γίνεσθαι τὰ
γινόμενα ὃν τρόπον γίνεται), ἐπεὶ δὲ πλεοναχῶς
λέγεται τὰ αἴτια, ἀναγκαῖον τοῖς ἐν τάξει τὸ
πρόβλημα μετιοῦσιν πρῶτον λαβεῖν, ὑπὸ τίνα τρόπον
τῶν αἰτίων χρὴ τιθέναι τὴν εἱμαρμένην· οὐδὲν γὰρ
τῶν πολλαχῶς λεγομένων γνώριμον χωρὶς τῆς
οἰκείας διαιρέσεως λεγόμενον. Διαιρεῖται δὴ τὰ τῶν
γινομένων αἴτια εἰς τρόπους αἰτίων τέσσαρας, καθὼς
{αἰτίας} Ἀριστοτέλης δέδειχεν. Τῶν γὰρ αἰτίων τὰ μέν
ἐστι ποιητικά, τὰ δὲ ὕλης ἐπέχει λόγον, ἔστι δέ τις ἐν
αὐτοῖς καὶ ἡ κατὰ τὸ εἶδος αἰτία· παρὰ δὲ τὰς τρεῖς
ταύτας αἰτίας ἐστὶν αἴτιον ἐν αὐτοῖς καὶ τὸ τέλος, οὗ
χάριν καὶ τὸ γινόμενον γίνεται. Καὶ τοσαῦται μὲν αἱ
τῶν αἰτίων διαφοραί. Ὅτι γὰρ ἂν αἴτιον ᾖ τινος, ὑπὸ
τούτων τι τῶν αἰτίων ὂν εὑρεθήσεται. Καὶ γὰρ εἰ μὴ
πάντα τὰ γινόμενα τοσούτων αἰτίων δεῖται, ἀλλὰ τά
γε πλείστων δεόμενα οὐχ ὑπερβαίνει τὸν ἀριθμὸν τὸν
εἰρημένον. Γνωριμωτέρα δ' ἂν αὐτῶν ἡ διαφορὰ
γίγνοιτο, εἰ ἐπὶ παραδείγματός τινος τῶν γινομένων
ὁραθείη. Ἔστω δὴ ἐπ' ἀνδριάντος ἡμῖν ἡ τῶν αἰτίων
δεικνυμένη διαίρεσις. Τοῦ δὲ ἀνδριάντος ὡς μὲν
ποιητικὸν αἴτιον ὁ ποιήσας τεχνίτης, ὃν
ἀνδριαντοποιὸν καλοῦμεν, ὡς δὲ ἡ ὕλη ὁ ὑποκείμενος
χαλκὸς ἢ λίθος ἢ ὅτι ἂν ᾖ τὸ ὑπὸ τοῦ τεχνίτου
σχηματιζόμενον κατὰ τὴν τέχνην· αἴτιον γὰρ καὶ
τοῦτο τοῦ γεγονέναι τε καὶ εἶναι τὸν ἀνδριάντα. Ἔστι
δὲ καὶ τὸ εἶδος τὸ ἐν τῷ ὑποκειμένῳ τούτῳ γενόμενον
ὑπὸ τοῦ τεχνίτου καὶ αὐτὸ τοῦ ἀνδριάντος αἴτιον, δι' ὅ
ἐστιν εἶδος δισκεύων ἢ ἀκοντίζων ἢ ἐπ' ἄλλου τινὸς
ὡρισμένου σχήματος. Οὐ μόνα δὲ ταῦτα τῆς τοῦ
ἀνδριάντος γενέσεως αἴτιά ἐστιν· οὐδενὸς γὰρ τῶν
αἰτίων τῆς γενέσεως αὐτοῦ δεύτερον τὸ τέλος, οὗ
χάριν γεγονός ἐστι, ἢ τιμή τινος ἢ εἰς θεοὺς εὐσέβειά
τις. Ἄνευ γὰρ τοιαύτης αἰτίας οὐδ' ἂν τὴν ἀρχὴν ὁ
ἀνδριὰς ἐγένετο. Ὄντων τοίνυν τοσούτων τῶν αἰτίων
καὶ τὴν πρὸς ἄλληλα διαφορὰν ἐχόντων γνώριμον
τὴν εἱμαρμένην ἐν τοῖς ποιητικοῖς αἰτίοις δικαίως ἂν
καταριθμοῖμεν ἀναλογίαν σώζουσαν πρὸς τὰ
γινόμενα κατ' αὐτὴν τῷ τοῦ ἀνδριάντος δημιουργῷ
τεχνίτῃ.
| [3] CHAPITRE III.
On ne saurait donc le méconnaître; il n’est aucun de
ceux qui parlent du destin, pour qui le destin ne soit
relativement aux faits une puissance causatrice. Tous
entendent et déclarent que le destin est la cause, d’où il
suit que certains événements arrivent en la manière
dont ils arrivent. Néanmoins, comme le mot de cause se
prend en des acceptions fort diverses, il est nécessaire,
afin de discuter avec ordre le présent problème, de
décider d’abord à quelle espèce de causes il convient de
rapporter le destin. Il n’y a pas en effet de mot
susceptible de plusieurs sens, qui offre une idée claire,
si on ne lui assigne une signification certaine. Or les
causes de ce qui arrive se partagent en quatre espèces
de causes, comme l’a montré le divin Aristote. Car
parmi les causes il y en a d’efficientes; il y en a de
matérielles; il y en a de formelles. Outre ces trois
espèces de causes, il y a aussi la cause, qui est la fin en
vue de laquelle a été fait ce qui a été fait. Telle est la
diversité des causes. C’est pourquoi, s’il s’agit d’une
cause quelconque, il se trouvera que c’est l’une de ces
causes. Si en effet tout ce qui arrive ne suppose pas
autant de causes, les choses qui en supposent le plus
n’en exigent point un nombre plus grand que celui qui
vient d’être indiqué. On saisira mieux d’ailleurs la
différence de ces causes, si on la considère dans
quelqu’une de leurs applications. Prenons donc, pour
nous rendre compte de la différence des causes,
l’exemple d’une statue. La cause efficiente de la statue
est l’artiste qui l’a faite, que nous appelons statuaire; la
matière est l’airain ou la pierre, tout ce qui a pu, en un
mot, être façonné par l’art de l’ouvrier; car cela même
est pour la statue une cause d’avoir été faite et d’être. Il
y a encore la forme que l’artiste a donnée à cette
matière, et cela même est la cause pour laquelle la
statue représente un homme qui joue au disque ou qui
lance un javelot, ou qui offre telle autre figure
déterminée. Mais ce ne sont pas là les seules causes de
la production de la statue. En effet, c’est une cause qui
ne le cède à aucune des causes de la production de la
statue, que la fin pour laquelle elle a été produite,
c’est-à-dire le dessein d’honorer quelqu’un ou de rendre à la
Divinité un pieux hommage, puisque assurément, sans
cette cause, la statue n’eût pas même été commencée.
Si donc il y a ainsi quatre causes et qu’elles offrent
entre elles cette différence manifeste, c’est à bon droit
que nous compterons le destin au nombre des causes
efficientes. Car le destin présente, par les effets qu’il
produit, une analogie incontestable avec l’ouvrier,
auteur de la statue.
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