| [25] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΕ'.
Πῶς γὰρ οὐ φανερῶς τὸ λέγειν ψεῦδος πᾶν τὸ 
ἑπόμενόν τινι ἐξ ἐκείνου τὴν αἰτίαν τοῦ εἶναι ἔχειν καὶ 
πᾶν τὸ προηγούμενόν τινος αἴτιον ὑπάρχειν ἐκείνῳ; 
Ὁρῶμεν γὰρ ὅτι τὰ ἐφεξῆς ἀλλήλοις ὄντα τῷ χρόνῳ 
οὐ πάντα διὰ τὰ ἔμπροσθεν καὶ πρὸ αὐτῶν γεγονότα 
γίνεται. Οὔτε γὰρ τὸ βαδίσαι διὰ τὸ ἀναστῆναι, οὔτε 
νὺξ διὰ τὴν ἡμέραν, οὔτε ὁ τῶν Ἰσθμίων ἀγὼν διὰ τὸν 
τῶν Ὀλυμπίων, ἀλλ' οὐδὲ διὰ τὸν χειμῶνα τὸ θέρος. 
Ὅθεν καὶ θαυμάσειεν ἄν τις αὐτοὺς τὴν τῶν αἰτίων 
ἀπόδοσιν τοῦτον ποιουμένους τὸν τρόπον ὡς αἰεὶ τὸ 
πρῶτον γεγονὸς αἰτιᾶσθαι τοῦ μετὰ τοῦτο καὶ ποιεῖν 
ἐπισύνδεσίν τινα καὶ συνέχειαν τῶν αἰτίων, καὶ 
ταύτην τοῦ μηδὲν ἀναιτίως γίνεσθαι φέρονται τὴν 
αἰτίαν. Ὁρῶμεν γὰρ ἐπὶ πολλῶν τὸ αὐτὸ καὶ τοῖς 
πρώτοις καὶ τοῖς ὑστέροις γινομένοις ὂν αἴτιον. Τοῦ 
γοῦν ἀναστῆναι καὶ τοῦ περιπατῆσαι τὸ αὐτὸ αἴτιον, 
οὐ γὰρ τὸ ἀναστῆναι τοῦ περιπατῆσαι, ἀλλ' 
ἀμφοτέρων ὁ ἀναστὰς καὶ περιπατῶν αἴτιος καὶ ἡ 
τούτου προαίρεσις. Ὁρῶμεν δ' ὅτι καὶ νυκτὸς καὶ 
ἡμέρας τάξιν τινὰ ἐχουσῶν πρὸς ἀλλήλας ἓν καὶ 
ταὐτὸν αἴτιον, ὁμοίως δὲ καὶ τῆς τῶν καιρῶν 
μεταβολῆς· οὐ γὰρ ὁ χειμὼν αἴτιος τοῦ θέρους, ἀλλ' 
ἐκείνων τε καὶ τούτου ἡ τοῦ θείου σώματος κίνησίς 
τε καὶ περιφορὰ καὶ ἡ κατὰ τὸν λοξὸν κύκλον 
ἔγκλισις, καθ' ἣν ὁ ἥλιος κινούμενος ἁπάντων ὁμοίως 
τῶν προειρημένων αἴτιος. Καὶ ὅτι μὴ ἡ νὺξ τῆς 
ἡμέρας αἰτία ἢ ὁ χειμὼν τοῦ θέρους μηδὲ 
ἐμπέπλεκται ταῦτα ἀλλήλοις ἁλύσεως δίκην,  ἂν ἕως 
ταῦτα γίνεται, ἢ εἰ μὴ οὕτως γίνοιτο, διασπασθήσεται 
ἡ τοῦ κόσμου τε καὶ τῶν ἐν αὐτῷ γινομένων τε καὶ 
ὄντων ἕνωσις. Ἱκανὰ γὰρ τὰ θεῖα καὶ ἡ τούτων 
περιφορὰ τὴν τῶν γινομένων ἐν τῷ κόσμῳ συνέχειαν 
φυλάσσειν. Ἀλλ' οὐδὲ τὸ περιπατεῖν ἀναίτιον, ἐπεὶ μὴ 
ἐκ τοῦ ἀναστῆναι τὴν αἰτίαν ἔχει. Ὥστ' οὐχ  οὕτως 
αἰτίων εἱρμὸς ὑπ' αὐτῶν λεγόμενος εὐλόγως ἂν τοῦ 
μηδὲν ἀναιτίως γίνεσθαι φέροιτο τὴν αἰτίαν. Ὡς γὰρ 
αἱ κινήσεις καὶ οἱ χρόνοι ἔχουσι μέν τινα αἰτίαν (οὐ 
μὴν οὔτε ἡ κίνησις τὴν πρὸ αὐτῆς οὔτε ὁ χρόνος τὸν 
πρὸ αὐτοῦ χρόνον), οὕτως ἔχει καὶ τὰ ἐν αὐτοῖς τε καὶ 
τὰ δι' αὐτῶν γινόμενα πράγματα. Τῆς μὲν γὰρ 
συνεχείας τῶν γινομένων ἐστί τις αἰτία, δι' ἣν ὁ 
κόσμος εἷς τε καὶ ἀίδιος κατὰ τὸ αὐτό τε καὶ ὡσαύτως 
ἀεὶ διοικούμενος, καὶ δεῖ ταύτην ζητεῖν τε καὶ μὴ 
παραλιπεῖν τὴν αἰτίαν, οὐ μὴν χρὴ τοιαύτην 
ὑπολαμβάνειν, ὡς ἐκ τοῦ πρεσβυτέρου γίνεσθαι τὸ 
νεώτερον, ὡς ὁρῶμεν γινόμενον ἐπὶ τῆς τῶν ζῴων 
γενέσεως. Εὔλογον δὲ καὶ ἀρχήν τινα ἐν τοῖς αἰτίοις 
εἶναι λέγειν, οὐκέτ' ἄλλην πρὸ αὐτῆς ἀρχὴν καὶ αἰτίαν 
ἔχουσαν. Οὐ γὰρ εἰ {πάντα} τὰ γινόμενα πάντα αἴτια 
ἔχει, ἤδη καὶ πάντων εἶναί τινας αἰτίας ἀνάγκη. Οὐ 
γὰρ πάντα τὰ ὄντα γίνεται. Πῶς γὰρ οὐκ ἄτοπον τὸ 
λέγειν ἐπ' ἄπειρον εἶναι τὰ αἴτια καὶ τὸν εἱρμὸν 
αὐτῶν καὶ τὴν ἐπισύνδεσιν ὡς μήτε πρῶτόν τι εἶναι 
μήτε ἔσχατον; Τὸ γὰρ μηδὲν εἶναι πρῶτον αἴτιον 
λέγειν ἀναιρεῖν ἐστι τὸ αἴτιον· ἀναιρουμένης γὰρ 
ἀρχῆς ἀναιρεῖσθαι καὶ τὸ μετ' αὐτὴν ἀνάγκη. 
Ἀναιροῖτο δ' ἂν καὶ ἐπιστήμη κατὰ τὸν λόγον τοῦτον, 
εἴ γε ἐπιστήμη μέν ἐστι κυρίως ἡ τῶν πρώτων αἰτίων 
γνῶσις, οὐκ ἔστι δὲ κατ' αὐτοὺς ἐν τοῖς αἰτίοις τὸ 
πρῶτον. Οὐ πᾶσά τε τάξεως παράβασις ἀναιρετικὴ 
τῶν ἐν οἷς γίνεται· γίνεσθαι γὰρ ἔνια καὶ παρὰ τὴν 
τοῦ βασιλέως τάξιν οὐκ ἀδύνατον, ἃ οὐ πάντως τῆς 
βασιλείας ἤδη γίνεται φθαρτικά, οὐδὲ εἴ τι τοιοῦτον ἐν 
τῷ κόσμῳ γίνοιτο, πάντως ἤδη τοῦτο λύει τὴν 
εὐδαιμονίαν τοῦ κόσμου, καθάπερ οὐδὲ τὴν τοῦ οἴκου 
καὶ τὴν τοῦ δεσπότου ἡ τυχοῦσα τῶν οἰκετῶν ῥᾳδιουργία.
 
 | [25] CHAPITRE XXV.  
Comment ne serait-ce point une erreur manifeste de dire que 
tout ce qui suit une chose a dans cette chose sa raison d’être, 
et que tout ce qui précède une chose est à cette chose sa raison 
d’être? Ne voyons-nous pas en effet que les choses qui 
se succèdent dans le temps n’ont pas toutes pour cause 
ce qui leur est antérieur et ce qui les a précédées? On ne 
se promène point, par exemple, parce qu’on s’est levé; 
le jour n’est pas la cause de la nuit; les jeux d’Olympie 
ne sont point cause des jeux Isthmiques, et ce n’est 
point l’hiver qui produit l’été. C’est pourquoi on est en 
droit de s’étonner que nos adversaires entendent les 
causes de telle façon que toujours ce qui a commencé à 
se produire soit la cause de ce qui suit, établissant par là 
comme une suite continue et un enchaînement de 
causes, sous prétexte que rien ne se fait sans cause. 
Effectivement nous voyons, dans nombre de cas, que 
les premières choses qui se produisent et les dernières 
ont une seule et même cause. C’est ainsi que se lever et 
se promener procèdent de la même cause; car ce n’est 
point l’action de se lever qui est la cause de l’action de 
se promener, mais l’une et l’autre action ont pour cause 
celui qui se lève et qui se promène, c’est-à-dire son 
libre choix. Nous voyons aussi que le jour et la nuit, qui 
ont l’un avec l’autre une certaine liaison, proviennent 
d’une seule et même cause; et d’une seule et même 
cause encore, les changements des saisons. Ce n’est pas 
davantage l’hiver qui est la cause de l’été; mais l’été et 
l’hiver ont leur cause dans le mouvement et la 
révolution d’un corps divin, dans son inclinaison 
suivant un cercle oblique, inclinaison qui fait que le 
soleil, en se mouvant, devient également la cause de 
tous les phénomènes dont nous parlons. Et de ce que la 
nuit n’est pas la cause du jour, ni l’hiver la cause de 
l’été; de ce que ces phénomènes, dans leur succession 
même, ne sont pas indissolublement enchaînés; de ce 
que cela n’a pas lieu, il ne s’ensuit point que l’unité de 
ce qui se produit et de ce qui est dans le monde doive 
être menacée de dissolution. Car les corps divins et leur 
révolution suffisent à maintenir dans l’univers la 
continuité des choses. Pareillement, de ce que l’action 
de se promener n’a pas pour cause l’action de se lever, 
elle n’est point une action sans cause, et par conséquent 
nos adversaires sont mal venus à invoquer leur 
enchaînement des causes, en se fondant sur ce motif 
que rien n’arrive sans cause. Effectivement, comme les 
mouvements et les temps ont une cause, sans qu’un 
mouvement ait pour cause le mouvement qui l’a 
précédé, ni un temps le temps antérieur, ainsi en est-il 
des phénomènes qui s’accomplissent et par le 
mouvement et dans le temps; il y a sans doute à la 
continuité des causes une cause qui fait que le monde 
un et éternel demeure éternellement gouverné de la 
même manière et suivant les mêmes lois. Et il convient 
de chercher et de saisir cette cause; mais il ne faut pas 
l’imaginer telle, que nous supposions que ce qui est 
plus récent résulte toujours de ce qui est plus ancien, 
comme nous voyons que cela arrive pour la génération 
des animaux. Il est fort légitime, au contraire, 
d’affirmer qu’il y a dans les causes un principe, qui n’a 
avant lui ni aucun autre principe, ni aucune autre cause. 
Car, si tout ce qui est produit a une cause, il n’est pas 
pour cela nécessaire que tout ce qui est soit rapporté à 
une cause, tout ce qui est n’étant pas produit. Comment 
en effet ne serait-il point absurde de prétendre que les 
causes vont à l’infini, et qu’elles sont liées et 
enchaînées de telle sorte qu’il n’y a ni première, ni 
dernière cause? Nier que rien soit première cause, c’est 
supprimer la cause, parce que, le principe étant 
supprimé, il est nécessaire que ce qui le suit se trouve 
supprimé également. Il y a plus: la science, à ce 
compte, est elle-même abolie, car la science est 
essentiellement la connaissance des premières causes. 
Or, d’après nos adversaires, il n’y a point parmi les 
causes de première cause. — Il n’est pas vrai non plus 
comme le soutiennent nos adversaires, que toute 
transgression d’un ordre établi détermine la ruine là où 
cette transgression a lieu. Car il n’est pas impossible 
que certains faits s’accomplissent contre le régime 
établi par le prince, sans que pourtant la royauté soit 
absolument perdue. De même, si quelque désordre se 
produit dans le monde, cela ne suffit point pour anéantir 
le bonheur du monde; non plus que l’heureux état d’une 
maison et la prospérité d’un maître ne sont ruinés par la 
négligence où ont pu se laisser aller les serviteurs. 
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