| [26] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚϚ'.
Ἃ δὲ ἀποροῦσιν πρὸς τὸ εἶναι τοιοῦτον τὸ ἐφ' ἡμῖν, 
ὁποῖον ἡ κοινὴ πρόληψις τῶν ἀνθρώπων πεπίστευκεν, 
ἀπορεῖν μὲν οὐκ ἄλογον, τὸ δὲ τοῖς ἀπορουμένοις 
ἐποχουμένους ὡς ὁμολογουμένοις ἀναιρεῖν μέν, ἃ 
οὕτως ἐναργῆ, σκιαγραφίαν δέ τινα καὶ παιδιὰν 
ἀποφαίνειν τὸν τῶν ἀνθρώπων βίον καὶ 
συναγωνίζεσθαι τοῖς ἀπορουμένοις καθ' αὑτῶν, πῶς 
οὐ παντάπασιν ἄλογον; Οὐδὲ γὰρ τῷ μὴ δυναμένῳ 
λύειν τινὰ τῶν Ζήνωνος λόγων τῶν κατὰ τῆς 
κινήσεως ἤδη κίνησιν ἀναιρετέον.   
Ἱκανωτέρα γὰρ ἡ τοῦ πράγματος ἐνάργεια πρὸς 
συγκατάθεσιν πάσης τῆς διὰ λόγων ἀναιρούσης αὐτὸ 
πιθανότητος. Οὐ χεῖρον δὲ ἴσως καὶ ἡμᾶς τῶν 
ἀπορουμένων ὑπ' αὐτῶν, οἷς μάλιστα θαρροῦσιν, 
ταῦτα προχειρισαμένους ἐξετάσαι, πῶς ἔχει. Ἴσως 
γὰρ οὐδὲ ἄγαν φανεῖται  εἰς αὐτά. Ἔστι δή τι τῶν 
ἀπορουμένων ὑπ' αὐτῶν καὶ τοιοῦτον. « Εἰ, φασίν, 
ταῦτά ἐστιν ἐφ' ἡμῖν, ὧν καὶ τὰ ἀντικείμενα 
δυνάμεθα, καὶ ἐπὶ τοῖς τοιούτοις οἵ τε ἔπαινοι καὶ οἱ 
ψόγοι, προτροπαί τε καὶ ἀποτροπαί, κολάσεις τε καὶ 
τιμαί, οὐκ ἔσται τὸ φρονίμοις εἶναι καὶ τὰς ἀρετὰς 
ἔχειν ἐπὶ τοῖς ἔχουσιν, ὅτι μηκέτ' εἰσὶν τῶν 
ἀντικειμένων κακιῶν ταῖς ἀρεταῖς δεκτικοί, ὁμοίως δὲ 
οὐδὲ αἱ κακίαι ἐπὶ τοῖς κακοῖς· οὐδὲ γὰρ ἐπὶ τούτοις τὸ 
μηκέτ' εἶναι κακοῖς· ἀλλὰ μὴν ἄτοπον τὸ μὴ λέγειν 
τὰς ἀρετὰς καὶ τὰς κακίας ἐφ' ἡμῖν μηδὲ τοὺς 
ἐπαίνους καὶ τοὺς ψόγους ἐπὶ τούτων γίνεσθαι· οὐκ 
ἄρα τὸ ἐφ' ἡμῖν τοιοῦτον. 
 
 | [26] CHAPITRE XXVI.  
Nous le reconnaissons, il n’est point déraisonnable de 
douter qu’il y ait en nous un libre pouvoir tel que 
l’imagine l’opinion irréfléchie et commune des 
hommes. Mais s’arrêter à ces doutes comme à des 
certitudes; ne pas tenir compte des faits les plus 
manifestes; ne voir dans la vie humaine qu’une vaine 
apparence et un jeu, enfin mettre tout en œuvre pour 
soutenir ces doutes, voilà ce qui va de tout point contre 
la raison. Alors même en effet qu’on ne parviendrait 
pas à réfuter quelques-uns des arguments de Zénon 
contre le mouvement, faudrait-il donc nier le 
mouvement ? Non, assurément. Car l’évidence même 
de la chose est plus puissante pour forcer notre 
adhésion, que toute la rhétorique qu’on déploie contre 
la doctrine du mouvement.  
Peut-être, néanmoins, ne sera-t-il pas inutile que nous 
reprenions, à notre tour, les doutes dont nos adversaires 
s’autorisent le plus, et que nous examinions quelle en 
est la valeur. Peut-être effectivement parviendrons-nous 
à nous convaincre que ces doutes n’ont rien de bien 
solide. Voici, en tous cas, à peu près en quoi ils 
consistent. Qu’on suppose, disent nos adversaires, que 
cela est en notre pouvoir, dont nous pouvons aussi faire 
le contraire, et qu’à des actions de cette nature se 
rapportent la louange et le blâme, l’exhortation et la 
dissuasion, les châtiments et les récompenses; et il ne 
sera plus au pouvoir des gens bien pensants d’être bien 
pensants, ni des hommes vertueux d’être vertueux, 
puisqu’ils ne seront plus capables des vices opposés à 
ces vertus. Pareillement, les vices ne dépendront plus 
des hommes vicieux; car il ne sera pas davantage au 
pouvoir des gens vicieux de n’être point vicieux. Or, ne 
serait-ce point une absurdité que de ne pas admettre que 
les vertus et les vices sont en notre pouvoir, et qu’aux 
vertus et aux vices s’attachent les éloges et le blâme? il 
n’y a donc point un libre pouvoir tel qu’il emporte la 
possibilité du contraire même de ce qu’il produit. 
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