| [24] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΔ'.
Ἆρ' οὖν τούτων οὕτως ἐχόντων ἀναιτίως τι γενήσεται 
καὶ τοῦθ' ἡμῶν ὁ λόγος προξενεῖ; Ἢ δύναται 
σώζεσθαι τὸ μηδὲν ἀναιτίως τῶν γινομένων γίνεσθαι 
καὶ τοῦτον τὸν τρόπον ἐχόντων ὡς ἡμεῖς λέγομεν τῶν 
πραγμάτων. Ἂν γὰρ παυσάμενοι τῆς ἁλύσεως τῶν 
αἰτίων καὶ τοῦ τοῖς πρώτοις γενομένοις λέγειν ἐξ 
ἀνάγκης ἕπεσθαι τὸ αἰτίοις φύσει ὀφείλειν γίνεσθαι 
ὡς ἐν τῇ οὐσίᾳ αὐτῶν τὸ αἴτιον περιέχουσιν, ἀπὸ τῶν 
γινομένων τε καὶ ὑστέρων τὴν ἀπόδοσιν τῶν αἰτίων 
ποιώμεθα ἔτι τε τῶν γινομένων κυρίως ζητῶμεν τὰς 
αἰτίας, οὔτε ἀναιτίως τι τῶν γινομένων γενήσεται 
οὔτε διὰ τοῦτο ἐξ ἀνάγκης καθ' εἱμαρμένην τοιαύτην 
πᾶν τὸ γινόμενον ἔσται. Οὐκ ἐξ ἀνάγκης μὲν γὰρ ὁ 
Σωφρονίσκος τῷ εἶναι ἤδη καὶ πατήρ ἐστι καὶ αἴτιός 
τινι τῶν μετ' αὐτόν. Εἰ μέντοι Σωκράτης εἴη ἐξ 
ἀνάγκης, αὐτῷ τῆς γενέσεως Σωφρονίσκος ἐξ 
ἀνάγκης αἴτιος. Ὡς γὰρ θεμελίου μὲν ὄντος οὐκ 
ἀναγκαῖον οἰκίαν γενέσθαι, οἰκίας δὲ οὔσης 
προκαταβεβλῆσθαι τὸν θεμέλιον, ἀνάγκη οὕτως ἔχειν 
ὑποληπτέον καὶ ἐν τοῖς γινομένοις φύσει τὰ αἴτια ἐξ 
ἀνάγκης, οὐ τοῖς πρώτοις ἐξ ἀνάγκης ἑπόμενον τὸ 
αἰτίοις εἶναί τινων, ἀλλὰ τοῖς ὑστέροις γινομένοις τὸ 
ἐξ ἀνάγκης ἔχειν τι τῶν πρὸ αὐτῶν αἴτιον. Ἔστι δέ 
τινα τῶν γινομένων καὶ τοιαῦτα, ὡς ἔχειν μὲν αἴτιόν 
τι, οὐ μὴν οἰκεῖον οὐδὲ προηγούμενον, ἀλλ' ὡς ἡμῖν 
ἔθος λέγειν κατὰ συμβεβηκός. Ὁ γὰρ εὑρεθεὶς 
θησαυρὸς ὑπὸ τοῦ διὰ τὸ φυτεύειν σκάπτοντος ἔχει 
μὲν τὸ σκάπτειν αἴτιον, ἀλλ' οὐκ οἰκεῖον οὐδὲ 
γενόμενον δι' αὐτόν. Τὰ μὲν γὰρ κυρίως αἴτια ἢ ἐξ 
ἀνάγκης μόνον ὡς τούτοις δοκεῖ καὶ ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ 
ἑπόμενον ἔχει τὸ αἴτιον, τὰ δὲ κατὰ συμβεβηκὸς 
οὕτως αἴτια σπανίως γίνεται τῶν τοιούτων αἴτια. 
Ὥστε τοῖς τοῦτον τὸν τρόπον λέγουσιν ἅμα μὲν 
ἕπεται  τὸ μηδὲν ἀναιτίως γίνεσθαι λέγειν, ἅμα δὲ τὸ 
σώζειν τό τε ἀπὸ τύχης καὶ αὐτομάτως γίνεσθαί τινα 
καὶ εἶναι καὶ τὸ ἐφ' ἡμῖν καὶ τὸ ἐνδεχόμενον ἐν τοῖς 
πράγμασιν ἀλλ' οὐ φωνὴν μόνον. 
 
 | [24] CHAPITRE XXIV.  
Cela établi, ou quelque chose arrivera sans cause, et 
c’est la thèse que nous défendons; ou on peut maintenir 
tout ensemble que rien de ce qui arrive n’arrive sans 
cause et que pourtant les choses se passent comme nous 
l’affirmons. Effectivement, si nous renonçons à parler 
d’un enchaînement des causes; si nous renonçons à dire 
que de premières choses s’étant produites, d’autres 
doivent nécessairement en provenir comme de leurs 
causes, parce que les premières auraient en elles-mêmes 
l’efficacité nécessaire à la production des secondes; si, 
au lieu de procéder a priori, c’est en considérant ce qui 
arrive et ce qui suit, que nous en déterminions les 
causes, et que d’ailleurs ce soit les causes maîtresses 
que nous en cherchions, ni rien de ce qui arrive 
n’arrivera sans cause, ni toutes choses, de ce que rien 
n’arrivera sans cause, n’arriveront nécessairement et en 
vertu d’un indéclinable destin. Ce n’est point en effet 
nécessairement que Sophronisque, par le seul fait 
d’être, sera père aussi et cause de quelqu’un après lui. 
Cependant, supposez que Socrate existât 
nécessairement, ce serait nécessairement que 
Sophronisque aurait été cause de sa naissance. De 
même que, s’il y a un fondement, il n’est pas nécessaire 
qu’il y ait un édifice, mais que s’il y a un édifice, il est 
nécessaire qu’on ait jeté auparavant un fondement; de 
même pour ce qui est des choses qui arrivent 
naturellement, il faut concevoir la nécessité des causes 
en ce sens, non pas que des premières choses il suivît 
nécessairement qu’elles fussent causes d’autres choses, 
mais que, des choses ultérieures s’étant produites, il est 
nécessaire qu’elles aient eu une cause dans celles qui 
ont précédé. — Parmi les choses qui se produisent, il y 
en a même qui sont telles que, tout en ayant une cause, 
elles n’ont pas néanmoins une cause qui leur soit propre 
et essentielle, mais comme nous avons coutume de dire, 
une cause accidentelle. Ainsi l’invention d’un trésor par 
quelqu’un qui creusait afin de planter, a, il est vrai, pour 
cause, l’action de creuser; mais ce n’est pas là une 
cause qui se trouve propre à l’invention, ni qui se soit 
exercée en vue de cet objet même. Or les causes 
maîtresses, ou ne produisent leurs effets que 
nécessairement, comme il le semble à nos adversaires, 
ou d’ordinaire ont une autre cause pour effet. Au 
contraire, les causes que nous appelons accidentelles 
deviennent rarement causes d’effets semblables. A 
parler donc de la sorte, il suit que l’on affirme que rien 
n’arrive sans cause, en même temps qu’on maintient 
qu’il y a des choses qui se produisent par hasard et 
accidentellement; qu’il y en a d’autres aussi qui sont en 
notre pouvoir, et que le possible enfin se trouve dans la 
réalité et non pas seulement dans les mots. 
Qu’on veuille bien le remarquer.
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