[23] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΓ'.
Ἔστι δὲ τὸ ψεῦδος τῶν λεγομένων οὐ λόγων τινῶν
οὐδὲ ἐλέγχων ἔξωθεν δεόμενον, ἀλλ' αὐτόθεν
γνώριμον. Τίς γὰρ ἔλεγχος λόγου φανερώτερος τοῦ
μὴ ἐφαρμόζειν τούτοις περὶ ὧν λέγεται; Τὸ γοῦν
πρῶτον εἰρημένον ὡς πάντων τῶν ὄντων αἰτίων τινῶν
γινομένων τῶν μετὰ ταῦτα καὶ τοῦτον τὸν τρόπον
ἐχομένων ἀλλήλων τῶν πραγμάτων τῷ δίκην
ἁλύσεως τοῖς πρώτοις συνηρτῆσθαι τὰ δεύτερα, ὃ
ὥσπερ οὐσίαν τῆς εἱμαρμένης ὑποτίθενται, πῶς οὐ
φανερῶς ἀπᾴδει τῶν πραγμάτων; Εἰ γὰρ τῶν τέκνων
οἱ πατέρες αἴτιοι καὶ δεῖ κατ' οἰκειότητα τὰς αἰτίας
ἀπαιτεῖν, ὡς ἀνθρώπου μὲν ἄνθρωπον αἴτιον εἶναι,
ἵππου δ' ἵππον, τίνος αἴτιοι τῶν μετ' αὐτοὺς οἱ τὴν
ἀρχὴν μηδὲ γήμαντες, τίνος δὲ οἱ παῖδες οἱ πρὸ τῆς
ἡλικίας διαφθαρέντες; Πολλὰ γὰρ τῶν γινομένων,
ὑπὸ τῆς κατὰ τὸ ποσὸν ἐκλείψεως ἢ μὴ κινηθέντα ἢ
φθαρέντα πρότερον, οὐδενὸς ἔφθη γενόμενα {τῷ}
κατὰ τὴν ὑπάρχουσαν δύναμιν αὐτοῖς αἴτια. Τίνος δὲ
ἐροῦσιν αἴτια τὰ ἔν τισιν μέρεσιν τοῦ σώματος
φυόμενα περιττώματα; Τίνος δὲ τὰ τέρατά τε καὶ
γινόμενα παρὰ φύσιν, ἃ τὴν ἀρχὴν οὐδὲ διαμένειν οἷά
τε; Εἰ δ' ὁ μὲν {εἰ} φλοιὸς ἐν τοῖς φυτοῖς ἕνεκα τοῦ
περικαρπίου, τὸ δὲ περικάρπιον τοῦ καρποῦ χάριν, καὶ
ἀρδεύεται μὲν ἵνα τρέφηται, τρέφεται δὲ ἵνα
καρποφορῇ, ἀλλ' ἔστιν γε πολλὰ ἐν αὐτοῖς εὑρεῖν καὶ
μὴ τοῦτον γινόμενα τὸν τρόπον. Τίνος γὰρ ἄν τις εἴποι
τὰ σεσηπότα καὶ τὰ ξηρὰ τῶν καρπῶν αἴτια τῶν μετὰ
ταῦτα; Τίνος δὲ τήν τινων φύλλων διδυμότητα; Ἐξ ὧν
φανερὸν τοῖς ὁρᾶν τἀληθῆ βουλομένοις τε καὶ
δυναμένοις, ὅτι, ὥσπερ οὐ πᾶν τὸ δυνατὸν ἐνεργεῖν
ἐνεργεῖ, οὕτως οὐδὲ πᾶν, ὃ ἂν γένοιτο αἴτιον, καὶ
ἔστιν αἴτιον ἤδη ἢ γέγονεν ἢ γενήσεται. Ἀλλ' οὐδὲ
πᾶν τὸ γεγονὸς εὐθὺς τῷ εἶναι ἤδη καὶ αἴτιόν ἐστιν
ἐσομένου τινός. Τὸ δ' ὁμόσε χωροῦντας μὲν λέγειν καὶ
ταῦτα, καταφεύγειν δὲ ἐπὶ τὸ ἄδηλον εἶναί τινος αἴτια
(ὥσπερ ἀμέλει καὶ ἐπὶ τῆς προνοίας τῆς κατ' αὐτοὺς
ἀναγκάζονται ποιεῖν πολλάκις) εὐπορίαν ἐστὶ τοῖς
ἀπόροις μηχανωμένων. Τούτῳ γὰρ χρωμένους
ἐνέσται περὶ πάντων τῶν ἀτοπωτάτων λέγειν ὡς καὶ
ὄντων καὶ εὐλόγους ἐχόντων τινὰς αἰτίας, ἡμῖν δὲ
ἀδήλους ἔτι.
| [23] CHAPITRE XXIII.
Que cette doctrine soit erronée, c’est ce qui n’exige,
pour qu’on l’établisse, ni longs discours ni arguments
extrinsèques; tant la fausseté en est d’elle-même
manifeste! Car où trouver une réfutation plus éclatante
de nos adversaires que dans le désaccord de leurs
maximes avec les objets mêmes dont ils parlent?
Effectivement, affirmer d’abord que, puisque tous les
êtres procèdent de certaines causes, il s’ensuit, dès lors,
que les choses s’enchaînent les unes aux autres, les
secondes se rattachant aux premières, sans solution de
continuité; puis, placer dans cet enchaînement l’essence
du destin, n’est-ce pas se mettre en flagrante
contradiction avec la réalité? Si les pères, par exemple,
sont les causes des fils, et qu’il faille demander aux
causes ce qu’il est dans leur nature de produire, de telle
sorte qu’un homme soit la cause d’un homme, et un
cheval la cause d’un cheval; de quel homme, après eux,
sont causes ceux qui ne se sont jamais mariés, ou de
quel homme, après eux, les enfants qui ont été enlevés
prématurément? il est trop clair qu’au nombre des
choses qui sont produites, il y en a beaucoup qui, faute
d’un développement suffisant, ou parce qu’elles n’ont
pas été mises en production, ou parce qu’elles ont péri
avant d’avoir été mises en production, ne parviennent à
être causes de rien de ce que comportait leur puissance
constitutive. D’autre part, de quoi dira-t-on que sont
causes les superfluités qui naissent dans certaines
parties du corps? De quoi les monstres et les êtres
contre nature, qui ne sont même aucunement capables
de subsister? Si dans les plantes l’écorce est à cause de
la pulpe, et la pulpe à cause du fruit, et si les plantes
sont arrosées pour être nourries, nourries afin de porter
des fruits, n’y a-t-il pas à signaler dans les plantes
beaucoup de choses qui ne se produisent pas en cette
façon? Qu’on nous apprenne, en effet, de quoi sont
causes, après eux, les fruits qui ont pourri et ceux qui se
sont desséchés, ou de quoi certaines feuilles qui sont
doubles? Tous ces faits attestent évidemment, à ceux du
moins qui veulent et qui peuvent apercevoir la vérité,
que de même que toutes choses n’ont pas la puissance
d’opérer ainsi tout ce qui pourrait être cause n’est pas,
pour cela, ou n’a pas été ou ne sera pas cause; non plus
que tout ce qui est produit n’est pas cause, pour cela,
aussitôt qu’il est, de quelque chose qui sera. Or, tomber
d’accord qu’il en soit ainsi, et chercher ensuite un
refuge dans cette assertion que nous ignorons de quoi
est cause ce que nous constatons n’être pas cause
(assertion qu’aussi bien nos adversaires sont obligés de
répéter fréquemment à propos de la Providence telle
qu’ils la conçoivent), c’est se frayer, au milieu de
difficultés inextricables, une route facile. A ce compte,
rien n’empêchera qu’on ne soutienne de tout ce qu’il y
a de plus inintelligible, et que cela est et que cela
provient de causes raisonnables, mais qui nous
demeurent encore cachées.
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