[22] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΒ.'
Οὐ χεῖρον δέ, τούτων προτεθεωρημένων καὶ αὐτὰ τὰ
περὶ τῆς εἱμαρμένης ὑπ' αὐτῶν λεγόμενα
παραθεμένους ἰδεῖν, εἴ τινα τοιαύτην ἔχει βίαν, ὡς
εὔλογον εἶναι διὰ τὴν πρὸς τὸ ἀληθὲς οἰκειότητα καὶ
τῶν ἐναργῶν οὕτως ὑπερορᾶν. Ἔσται δὲ ἡμῖν καὶ ὁ
περὶ τούτων λόγος ἐπὶ τοσοῦτον, ἐφ' ὅσον ἐστὶ
χρήσιμος πρὸς τὰ προκείμενα. Φασὶν δὴ τὸν κόσμον
τόνδε, ἕνα ὄντα καὶ πάντα τὰ ὄντα ἐν αὑτῷ
περιέχοντα, καὶ ὑπὸ φύσεως διοικούμενον ζωτικῆς τε
καὶ λογικῆς καὶ νοερᾶς, ἔχειν τὴν τῶν ὄντων διοίκησιν
ἀίδιον κατὰ εἱρμόν τινα καὶ τάξιν προιοῦσαν, τῶν
πρώτων τοῖς μετὰ ταῦτα γινομένοις αἰτίων γινομένων
καὶ τούτῳ τῷ τρόπῳ συνδεομένων ἀλλήλοις ἁπάντων,
καὶ μήτε οὕτως τινὸς ἐν αὐτῷ γινομένου, ὡς μὴ
πάντως ἐπακολουθεῖν αὐτῷ καὶ συνῆφθαι ὡς αἰτίῳ
ἕτερόν τι, μήτ' αὖ τῶν ἐπιγινομένων τινὸς
ἀπολελύσθαι δυναμένου τῶν προγεγονότων, ὡς μή
τινι ἐξ αὐτῶν ἀκολουθεῖν ὥσπερ συνδεόμενον, ἀλλὰ
παντί τε τῷ γενομένῳ ἕτερόν τι ἐπακολουθεῖν,
ἠρτημένον ἐξ αὐτοῦ ἐξ ἀνάγκης ὡς αἰτίου, καὶ πᾶν
τὸ γινόμενον ἔχειν τι πρὸ αὑτοῦ, ᾧ ὡς αἰτίῳ
συνήρτηται. Μηδὲν γὰρ ἀναιτίως μήτε εἶναι μήτε
γίνεσθαι τῶν ἐν τῷ κόσμῳ διὰ τὸ μηδὲν εἶναι τῶν ἐν
αὐτῷ ἀπολελυμένον τε καὶ κεχωρισμένον τῶν
προγεγονότων ἁπάντων. Διασπᾶσθαι γὰρ καὶ
διαιρεῖσθαι καὶ μηκέτι τὸν κόσμον ἕνα μένειν αἰεί,
κατὰ μίαν τάξιν τε καὶ οἰκονομίαν διοικούμενον, εἰ
ἀναίτιός τις εἰσάγοιτο κίνησις· ἣν εἰσάγεσθαι, εἰ μὴ
πάντα τὰ ὄντα τε καὶ γινόμενα ἔχοι τινὰ αἴτια
προγεγονότα, οἷς ἐξ ἀνάγκης ἕπεται· ὅμοιόν τε εἶναί
φασιν καὶ ὁμοίως ἀδύνατον τὸ ἀναιτίως τῷ γίνεσθαί
τι ἐκ μὴ ὄντος. Τοιαύτην δὲ οὖσαν τὴν τοῦ παντὸς
διοίκησιν ἐξ ἀπείρου εἰς ἄπειρον ἐναργῶς τε καὶ
ἀκαταστρόφως γίνεσθαι. Οὔσης δέ τινος διαφορᾶς ἐν
τοῖς αἰτίοις, ἣν ἐκτιθέντες (σμῆνος γὰρ αἰτίων
καταλέγουσιν, τὰ μὲν προκαταρκτικά, τὰ δὲ συναίτια,
τὰ δὲ ἑκτικά, τὰ δὲ συνεκτικά, τὰ δὲ ἄλλο τι· οὐδὲν γὰρ
δεῖ τὸν λόγον μηκύνειν πάντα τὰ λεγόμενα
παρατιθέμενα τὸ βούλημα αὐτῶν δεῖξαι τοῦ περὶ τῆς
εἱμαρμένης δόγματος), ὄντων δὴ πλειόνων αἰτίων, ἐπ'
ἴσης ἐπὶ πάντων αὐτῶν ἀληθές φασιν εἶναι τὸ
ἀδύνατον εἶναι, τῶν αὐτῶν ἁπάντων περιεστηκότων
περί τε τὸ αἴτιον καὶ ᾧ ἐστιν αἴτιον, ὁτὲ μὲν δὴ μὴ
οὑτωσί πως συμβαίνειν, ὁτὲ δὲ οὕτως. Ἔσεσθαι γάρ, εἰ
οὕτως γίνοιτο, ἀναίτιόν τινα κίνησιν. Τὴν δὲ
εἱμαρμένην αὐτὴν καὶ τὴν φύσιν καὶ τὸν λόγον, καθ'
ὃν διοικεῖται τὸ πᾶν, θεὸν εἶναί φασιν, οὖσαν ἐν τοῖς
οὖσίν τε καὶ γινομένοις ἅπασιν καὶ οὕτως χρωμένην
ἁπάντων τῶν ὄντων τῇ οἰκείᾳ φύσει πρὸς τὴν τοῦ
παντὸς οἰκονομίαν. Καὶ τοιαύτη μὲν ὡς διὰ βραχέων
εἰπεῖν ἡ περὶ τῆς εἱμαρμένης ὑπ' αὐτῶν
καταβεβλημένη δόξα.
| [22] CHAPITRE XXII.
Ces considérations préliminaires une fois posées, il
convient de nous mettre en présence de la théorie que
professent nos adversaires, touchant le destin, et de voir
si elle a assez de force pour qu’il soit sensé de sacrifier
aux vraisemblances qu’elle peut offrir ce qui est
l’évidence même. Nous ne pousserons d’ailleurs ici la
discussion que jusqu’où il est nécessaire pour l’objet
même qui nous occupe. Nos adversaires enseignent
donc que ce monde est un; qu’il contient en soi tout ce
qui est; qu’une nature vivante, intelligente, raisonnable
le gouverne, et que tous les êtres y demeurent soumis à
d’éternelles lois, qui procèdent par série et
enchaînement, si bien que ce qui se produit d’abord
devient la cause de ce qui se produit ultérieurement. De
cette façon, toutes choses sont enchaînées entre elles, et
dans le monde, rien n’arrive que nécessairement
quelque autre chose ne s’ensuive et ne s’y rattache
comme à sa cause; non plus que rien de ce qui suit ne
peut être détaché de ce qui précède, étant impossible
qu’on ne le considère pas comme une conséquence de
ce qui précède et comme un résultat qui s’y relie
étroitement. En un mot, tout ce qui arrive a pour
conséquence une autre chose, qui en dépend
nécessairement, comme de sa cause; de même que tout
ce qui arrive a pour antécédent une autre chose, à
laquelle il est lié comme à sa cause. Rien n’est
effectivement, ni rien n’arrive sans cause dans le
monde, parce que rien n’y est séparé et isolé de tout ce
qui précède. Qu’on y songe ! le monde serait divisé,
déconcerté, et ne resterait plus un monde un, dirigé
d’après une disposition et une économie une, s’il s’y
produisait quelque mouvement sans cause. Or, ce serait
introduire dans le monde un semblable mouvement,
que de supposer que tout ce qui est et tout ce qui se
produit n’a pas antécédemment sa cause, d’où suit
nécessairement tout ce qui est et tout ce qui se produit.
A en croire nos adversaires, il est aussi impossible que
quelque chose soit sans cause, qu’il l’est que quelque
chose se fasse de rien. Et c’est de l’infini à l’infini que,
suivant eux, se déploie d’une manière évidente autant
qu’imperturbable ce régime de l’univers. Comme
d’ailleurs il se rencontre quelque diversité dans les
causes, nos adversaires en prennent occasion
d’énumérer une foule de causes qu’ils appellent les
unes primordiales, les autres accessoires, celles-ci
continues celles-là concomitantes, et d’autres d’un autre
nom. Mais il est inutile d’allonger le discours en
rapportant tous leurs dires, notre but étant uniquement
de montrer comment ils cherchent à rendre plausible
leur doctrine de la fatalité. Quoi qu’il en soit et quelque
diversifiées que se présentent les causes, nos
adversaires n’en estiment pas moins également vrai de
toutes, qu’il est impossible que, les mêmes
circonstances se rencontrant, soit relativement à la
cause, soit relativement à ce qui procède de la cause, les
choses tantôt ne se produisent pas d’une certaine façon,
et tantôt se produisent de cette façon même. Si, en effet,
cela arrivait, il y aurait un mouvement sans cause. Nos
adversaires prétendent enfin que ce destin même, que
cette nature et cette raison qui gouverne l’univers, est
Dieu; que ce Dieu est dans tout ce qui est et dans tout
ce qui se produit, et qu’il se sert ainsi de la nature
propre de tous les êtres en vue de l’économie du tout.
Telle est, pour la résumer en peu de mots, la doctrine
que soutiennent nos adversaires, touchant le destin.
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