| [19] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΘ'.
Ἐπαύσαντο δ' ἂν τῆς ἐν τοῖς λόγοις φιλοτιμίας καὶ 
συγχωρησάντων εἶναι τὸ ἐφ' ἡμῖν ἐλεύθερόν τε καὶ 
αὐτεξούσιον καὶ κύριον τῆς τῶν ἀντικειμένων 
αἱρέσεώς τε καὶ πράξεως - - - ἐπὶ περιεστῶσιν 
ἀνθρώποις δίκαιος γίνεσθαι πεπιστευμένος ὁμοίως 
ἰδιώταις τε καὶ νομοθέταις. Ἔστι δὲ τοῦτο τὸ 
συγγινώσκεσθαι μὲν ἀξίους εἶναι τοὺς ἀκουσίως 
τοιοῦτόν τι πράξαντας, οὐχ ὡς ἐπὶ τῷ γιγνομένῳ 
πράγματι τῆς κολάσεως ὁριζομένης, ἀλλ' ἐπὶ τῷ 
τρόπῳ τῆς πράξεως· ὅπερ οὔτε τῶν ἄλλων τις οὔτε 
αὐτῶν τούτων ὡς οὐ καλῶς ἔχον αἰτιᾶται. Καίτοι τί 
τῶν δι' ἄγνοιαν {πραττομένων} ἁμαρτανόντων ἢ βίᾳ 
ἧττον ἂν εἶεν συγγνώμης ἄξιοι οἱ εἰδότες μὲν ἃ 
πράττουσιν, οὐκ ἔχοντες δὲ ἐν αὐτοῖς τὴν ἐξουσίαν 
τοῦ, τούτων αὐτοῖς περιεστώτων, ἃ πάντως αὐτοῖς καὶ 
ἐξ ἀνάγκης περιεστάναι δεῖ, ἄλλο τι παρ' ἃ 
πράττουσιν πράττειν τῷ τὴν φύσιν αὐτῶν εἶναι 
τοιαύτην, καὶ εἶναι τὸ κατὰ τὴν οἰκείαν αὐτοῖς φύσιν 
ἕκαστα πράττειν ὧν πράττουσιν καθ' εἱμαρμένην, ὡς 
τοῖς βαρέσιν ἀφεθεῖσιν ἄνωθεν τὸ φέρεσθαι κάτω, καὶ 
τοῖς περιφερέσι τὸ κατὰ τοῦ πρανοῦς, εἰ ἀφεθεῖεν, ἀφ' 
αὑτοῦ κινεῖσθαι; Ὅμοιον γὰρ τὸ {τοῦ} τὸν ἵππον 
κολάζειν ἀξιοῦν, ὅτι μὴ ἔστιν ἄνθρωπος, καὶ τῶν 
ἄλλων ζῴων ἕκαστον, ὅτι ταύτης τῆς τύχης καὶ μὴ 
βελτίονος τετυχήκασίν τινος. Ἀλλ' οὐδεὶς Φάλαρις 
οὕτως ὠμός τε καὶ ἀνόητος, ὡς ἐπί τινι τῶν οὕτως 
γινομένων κολάζειν τὸ ποιήσαντα. Ἐπὶ τίσιν οὖν αἱ 
κολάσεις εὔλογοι; Οὐκ ἐπ' ἄλλοις τισίν, ἢ ἐπὶ τοῖς 
παρὰ τὴν αὑτῶν μοχθηρὰν αἵρεσιν γινομένοις.  Ἐφ' 
ὧν γὰρ αὐτοὶ τὴν ἐξουσίαν τῆς αἱρέσεως ἔχοντες, 
καταλιπόντες τὸν σκοπὸν τῶν πραττομένων ὑφ' 
αὑτῶν ποιεῖσθαι τό τε καλὸν καὶ τὸν νόμον, κέρδους 
χάριν ἢ ἡδονῆς τινος, ὑπερορῶντες ἐκείνων, 
πράττουσι τὰ φαῦλα, τούτους ἀξίους ἡγοῦνται 
κολάσεως πάντες ἄνθρωποι, συγγνώμην διδόντες 
τοῖς οὐχ οὕτως ἁμαρτάνουσιν. Ὅρα δὴ πᾶσιν τοῖς 
κακοῖς τὸ θαυμαστὸν δόγμα τοῦτο παρὰ τῶν 
φιλοσόφων μαθοῦσιν διδάσκειν τοὺς διδάσκοντας, ὅτι 
εἰσὶ καὶ αὐτοὶ συγγνώμης ἄξιοι, οὐδὲν ἔλαττον τῶν 
ἀκουσίως ἁμαρτανόντων. Οὐ γὰρ ὑπό τινος ἔξωθεν 
καταναγκάζοντος αὐτοὺς ποιοῦσιν ἃ ποιοῦσιν, ὧν 
ἴσως ἐνῆν αὐτοῖς καὶ φυλάξασθαι, ἀλλ' ὑπὸ τῆς 
φύσεως τῆς ἐν αὐτοῖς οὐδὲν οἷόν τ' ἐστὶν λαθόντας 
ποιῆσαι καὶ τίς οὐκ ἂν  αὐτοῖς τοῖς ἁμαρτανομένοις 
αἴτιον. Εἰ δ' οὔτ' ἄλλος τις οὔτ' οἱ τοῦ δόγματος τούτου 
κύριοι συγγνώμην δοῖέν τινι ταύτην τῶν 
ἁμαρτανομένων φέροντι τὴν αἰτίαν ὡς ψεῦδός τι {καὶ 
ψευδεῖ} λέγοντι, δῆλον ὡς ὑπὸ τούτων καὶ ὑπὸ τῶν 
ἄλλων ἁπάντων ὁμοίως πεπίστευται τὸ εἶναι τὸ ἐφ' 
ἡμῖν οὐχ οἷον ὑπὸ τούτων πλάσσεται, ὅταν εἰς τὸ 
πρόβλημα μελετῶντες λέγωσιν, ἀλλ' οἵῳ εἶναι αὐτῷ 
{δεῖ} διὰ τῶν ἔργων οὗτοί τε αὐτοὶ καὶ πάντες 
ἄνθρωποι μαρτυροῦσιν. Εἰ γὰρ ἦσαν οὕτως ἔχειν 
πεπιστευκότες, συνεγίγνωσκον ἂν πᾶσιν τοῖς 
ἁμαρτάνουσιν ὡς οὐκ ἔχουσιν τοῦ μὴ πάντα πράττειν 
ἐξουσίαν. 
 
 | [19] CHAPITRE XIX.  
Veut-on mettre fin à ces contentions, et se convaincre 
qu’il y a pour nous une chose telle que le libre pouvoir, 
le pouvoir volontaire, la puissance maîtresse de choisir 
entre les contraires et d’agir dans un sens ou dans un 
autre? Que l’on considère les hommes qui, en raison 
des circonstances, sont réputés innocents par les 
particuliers aussi bien que par les législateurs. C’est ce 
qui a lieu, par exemple, quand on juge dignes d’être 
pardonnés ceux qui ont commis involontairement 
quelque faute, la peine s’attachant non à l’action elle-même, 
mais à la manière dont elle a été accomplie. Et 
c’est là ce que personne assurément, non pas même 
parmi nos adversaires, ne pourrait blâmer comme 
contraire à l’honnête. Or, en quoi, je le demande, 
estimerait-on moins dignes de pardon que ceux qui 
pèchent par ignorance ou qui ne succombent qu’à la 
force, les hommes qui savent, il est vrai, ce qu’ils font, 
mais qui, vu les circonstances qui les pressent et qui de 
toute nécessité doivent les presser, n’ont pas en eux-mêmes 
la faculté de faire autre chose que ce qu’ils font, 
parce que telle est leur nature? il est en effet dans leur 
nature propre de faire chacune des choses qu’ils font 
fatalement; de même qu’il appartient aux graves, si on 
les précipite d’en haut, d’être entraînés en bas, ou aux 
corps ronds de se mouvoir, si on les place sur un plan 
incliné. Punir de tels hommes, ne serait-ce pas comme 
si on jugeait un cheval digne de châtiment, parce qu’il 
n’est pas un homme; ou tout autre animal, parce qu’il a 
reçu en partage une certaine âme et non une meilleure? 
Non, il n’y a point de Phalaris assez cruel et assez 
insensé pour punir, à propos de quelqu’une des choses 
de cette sorte, celui qui l’aurait faite. Dans quels cas les 
châtiments sont-ils donc raisonnables? N’est-ce pas 
dans d’autres cas, à savoir quand il s’agit de choses qui 
ont leur raison d’être dans le choix pervers de ceux qui 
les ont faites? Effectivement, lorsque des hommes ont 
le pouvoir de choisir, et qu’au lieu de se proposer dans 
leurs actes de réaliser le bien et d’obéir à la loi, 
entraînés par le gain ou par l’attrait du plaisir et 
méprisant l’honnête, ils accomplissent le mal, ce sont 
ces hommes que tous nous jugeons dignes de 
châtiment; tandis que nous pardonnons, au contraire, à 
ceux qui ne pèchent pas de cette façon. Cependant, pour 
ce qui est de tous les malhonnêtes gens qui apprennent 
des philosophes ce dogme prodigieux de la fatalité, 
voici comment procèdent ceux qui leur enseignent 
qu’ils ne sont pas eux-mêmes moins dignes de pardon 
que ceux qui pèchent malgré eux. Suivant ces docteurs, 
ce n’est point en vertu de quelque nécessité extérieure 
que les malhonnêtes gens font ce qu’ils font, car peut-être 
leur eût-il été possible de s’en garantir; mais c’est 
en vertu de leur nature, qu’il ne leur est pas possible de 
rien faire de leur propre gré. Leur nature donc est la 
cause des fautes qu’ils commettent. Or, si personne, 
non pas même les beaux-esprits qui professent ces 
maximes, ne pourrait pardonner à un coupable qui 
articulerait une telle cause de ses fautes, attendu qu’un 
pareil langage ne paraîtrait que mensonge et fausseté, il 
est manifeste que ces philosophes eux-mêmes, aussi 
bien que le reste des hommes, sont persuadés qu’il y a 
en nous un libre pouvoir, non point tel qu’ils 
l’imaginent lorsqu’ils discourent pour le besoin de leur 
thèse; mais tel que par leur conduite et d’accord avec le 
genre humain tout entier ils témoignent eux-mêmes 
qu’il doit être. Si en effet ils étaient convaincus de ce 
qu’ils affirment, ils pardonneraient à tous ceux qui 
pèchent; car ils seraient persuadés que ceux-ci n’ont pas 
eu le pouvoir de ne pas faire tout ce qu’ils ont fait. 
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