| [12] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΒ'.
 Ἀναιρουμένου δὲ ὡς ἐδείχθη τοῦ βουλεύσασθαι κατ' 
αὐτοὺς ἀναιρεῖται καὶ τὸ ἐφ' ἡμῖν προδήλως. τοῦτο 
γὰρ ἐφ' ἡμῖν πάντες, ὅσοι μὴ θέσει τινὶ παρίστανται, 
παρειλήφασιν εἶναι, οὗ ἡμεῖς μὲν καὶ τοῦ πραχθῆναι 
καὶ τοῦ μὴ πραχθῆναι κύριοι, οὐχ ἑπόμενοί τισιν 
ἔξωθεν ἡμᾶς περιστᾶσιν αἰτίοις οὐδὲ ἐνδιδόντες 
αὐτοῖς, ᾗ ἐκεῖνα ἄγει, καὶ ἡ προαίρεσις, τὸ ἴδιον ἔργον 
τῶν ἀνθρώπων, περὶ ταὐτό· ἡ γὰρ ἐπὶ τὸ προκριθὲν ἐκ 
τῆς βουλῆς μετὰ ὀρέξεως ὁρμὴ προαίρεσις. διὸ οὐδὲ 
ἐπὶ τοῖς ἀναγκαίως γινομένοις ἡ προαίρεσις οὔτε ἐπὶ 
τοῖς μὴ ἀναγκαίως μὲν μὴ δι' ἡμῶν δέ, ἀλλ' οὐδὲ ἐν 
πᾶσιν τοῖς δι' ἡμῶν, ἀλλ' ἐν τούτοις τοῖς γινομένοις δι' 
ἡμῶν, ὧν ἡμεῖς καὶ τοῦ πρᾶξαι καὶ τοῦ μὴ πρᾶξαι 
κύριοι. ὁ γὰρ βουλευόμενος περί τινος ἤτοι περὶ τοῦ 
δεῖν αὐτὸ πράττειν ἢ μὴ πράττειν βουλεύεται, ἢ 
σπουδάζων ὡς περὶ ἀγαθόν τι ζητεῖ, δι' ὧν ἂν τούτου 
τύχοι· κἂν μὲν ἀδυνάτῳ τινὶ ζητῶν ἐντύχῃ, τοῦ μὲν 
ἀφίσταται, ἀφίσταται δὲ ὁμοίως καὶ τῶν δυνατῶν μέν, 
οὐκ ὄντων δὲ ἐπ' αὐτῷ, μένει δὲ ἐν τῇ περὶ τοῦ 
προκειμένου ζητήσει, ἕως ἂν ἐντύχῃ τινί, οὗ τὴν 
ἐξουσίαν αὐτὸς ἔχειν πέπεισται, μεθ' ὃ παυσάμενος 
τοῦ βουλεύεσθαι ὡς ἀναγαγὼν τὴν ζήτησιν ἐφ' αὑτό, 
ὅ ἐστιν ἀρχὴ τῶν πράξεων, ἄρχεται τῆς πρὸς τὸ 
προκείμενον πράξεως. γίνεται δὲ καὶ ἡ ζήτησις αὐτῷ 
ὡς ἐξουσίαν ἔχοντι τοῦ πράττειν καὶ τὰ ἀντικείμενα. 
καθ' ἕκαστον γὰρ τῶν ὑπὸ τὴν βουλὴν ἡ ζήτησις 
βουλευομένῳ γίνεται, πότερον τοῦτο ἢ τὸ 
ἀντικείμενον αὐτῷ πρακτέον μοι, κἂν πάντα λέγῃ 
γίνεσθαι καθ' εἱμαρμένην. ἐλέγχει γὰρ ἡ ἐν τοῖς 
πρακτοῖς ἀλήθεια τὰς περὶ αὐτῶν ἡμαρτημένας 
δόξας· ἣν πλάνην κοινῶς πάντας ἀνθρώπους ὑπὸ τῆς 
φύσεως πεπλανῆσθαι πῶς οὐκ ἄτοπον λέγειν; Ὅτι 
γὰρ ταύτην ἔχειν τὴν ἐξουσίαν ἐν τοῖς πρακτοῖς 
προειλήφαμεν, ὡς δύνασθαι διαιρεῖσθαι τὸ 
ἀντικείμενον, καὶ μὴ πᾶν ὃ αἱρούμεθα ἔχειν 
προκαταβεβλημένας αἰτίας, δι' ἃς οὐχ οἷόν τε ἡμᾶς μὴ 
τοῦτο αἱρεῖσθαι, ἱκανὴ δεῖξαι καὶ ἡ ἐπὶ τοῖς αἱρεθεῖσιν 
γινομένη πολλάκις μετάνοια. ὡς γὰρ ἐνὸν ἡμῖν καὶ μὴ 
ᾑρῆσθαι καὶ μὴ πεπραχέναι τοῦτο μετανοοῦμέν τε καὶ 
μεμφόμεθα αὑτοῖς τῆς περὶ τὴν βουλὴν ὀλιγωρίας. 
ἀλλὰ κἂν ἄλλους ἴδωμεν μὴ καλῶς περὶ τῶν 
πρακτέων διαλαμβάνοντας, κἀκείνοις ἐπικαλοῦμεν 
ὡς ἁμαρτάνουσιν, ἀξιοῦμεν δὲ συμβούλοις  τοιοῖσδε 
χρῆσθαι ὡς ἐφ' ἡμῖν ὂν τό τε παραλαμβάνειν αὐτοὺς 
συμβούλους ὄντας ἢ μὴ παραλαμβάνειν τοὺς πρᾶξαι 
ἂν διὰ τὴν τῶν τοιούτων παρουσίαν ἄλλα {καὶ} τινὰ 
καὶ μὴ ταῦτα ἃ πράσσομεν. ἀλλ' ὅτι μὲν τὸ ἐφ' ἡμῖν 
ἐπὶ τούτων κατηγορεῖται, ὧν ἐν ἡμῖν ἡ ἐξουσία τοῦ 
ἑλέσθαι καὶ τὰ ἀντικείμενα, γνώριμον ὂν καὶ ἐξ 
αὐτοῦ, ἱκανὰ ὑπομνῆσαι καὶ τὰ προειρημένα. 
 
 | [12] CHAPITRE XII.  
On en conviendra: en abolissant, comme nous venons 
de le montrer, le pouvoir de délibérer, nos adversaires 
mettent aussi à néant le pouvoir de vouloir, ou la 
liberté. Effectivement, tous ceux qui ne s’attachent 
point à quelque thèse préconçue font consister la liberté 
en ce que nous sommes maîtres de faire et de ne pas 
faire, de telle façon que nous ne nous trouvions pas 
assujettis à des causes extérieures qui nous entourent, ni 
obligés de les suivre où elles nous conduisent. Et en 
cela le choix est l’œuvre propre de l’homme. Car le 
mouvement de l’âme qui se porte avec désir vers ce 
qu’a préféré la raison, voilà précisément en quoi 
consiste le choix. C’est pourquoi il n’y a point de choix 
relativement aux choses qui arrivent d’une manière 
nécessaire, ni relativement à celles qui, n’arrivant pas 
d’une manière nécessaire, n’arrivent pas néanmoins par 
nous, ni même relativement à toutes celles qui arrivent 
par nous; mais relativement à celles seulement qui 
arrivent par nous, alors que nous sommes maîtres de 
faire et de ne pas faire. Quiconque en effet délibère, ou 
bien délibère sur la question de savoir s’il faut faire ou 
ne pas faire quelque chose; ou bien, poursuivant 
quelque avantage, cherche par quels moyens il 
l’obtiendra. Rencontre-t-il, dans le cours de cette 
recherche, une impossibilité, il s’en détourne; il se 
détourne pareillement de ce qui est possible, mais de ce 
qui n’est pas en son pouvoir, et n’a de cesse qu’il ne 
découvre un moyen qu’il se persuade être en sa 
puissance. Mettant fin alors à la délibération, parce 
qu’il a poussé sa recherche jusqu’au point où se trouve 
le commencement de l’action, il commence à agir en vue 
du but qu’il se propose. Bien plus; il ne se livre à cette 
recherche même, qu’en tant qu’il a le pouvoir de faire 
aussi le contraire de ce qu’il fait. Il est impossible de le 
nier; tout homme qui délibère, dans cette recherche qui 
constitue la délibération, se demande s’il lui faut faire 
ceci, ou s’il lui faut faire le contraire, alors même qu’il 
professerait que toutes choses arrivent fatalement. Car 
la vérité réfute dans la pratique les opinions erronées 
qui concernent la pratique. Or, comment ne serait-il pas 
absurde de prétendre que la nature, en cela, trompe 
généralement tous les hommes? Que ce soit en effet le 
privilège de notre activité que de pouvoir s’appliquer 
aux contraires, et que tout ce que nous choisissons n’ait 
pas à l’avance des causes déterminées, qui nous rendent 
impossible de ne pas le choisir; c’est ce que suffit à 
prouver le changement qui se produit fréquemment 
dans nos choix. Effectivement, c’est parce qu’il nous 
était possible et de ne pas faire tel choix et de ne point 
exécuter telle action, que nous éprouvons du regret et 
nous reprochons à nous-mêmes notre manque de 
réflexion. Tout de même, lorsque nous voyons autrui ne 
pas suivre, en agissant, la bonne voie, nous lui 
reprochons son erreur. Enfin nous jugeons utile d’user 
de conseillers, persuadés que nous sommes qu’il est en 
notre pouvoir de les prendre ou de ne les pas prendre, 
afin de faire avec leur concours autre chose que ce que 
nous faisons. En un mot, que cette expression: ce qui 
est en notre pouvoir, se dise des choses dont nous avons 
la faculté de choisir aussi le contraire, c’est ce qui est 
évident de soi-même, et ce qui résulte surabondamment 
de ce que nous venons d’exposer. 
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