| [11] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΑ'.
Ἀκολουθεῖ δὲ τῷ πάντα τὰ γινόμενα 
προκαταβεβλημέναις καὶ ὡρισμέναις καὶ 
προυπαρχούσαις τισὶν αἰτίαις ἔσεσθαι τὸ καὶ 
βουλεύεσθαι τοὺς ἀνθρώπους μάτην περὶ τῶν 
πρακτέων αὐτοῖς. Εἰ δὲ τὸ βουλεύεσθαι μάτην, μάτην 
ἂν ἄνθρωπος εἴη βουλευτικός. Καίτοι εἰ μηδὲν 
μάτην ἡ φύσις ποιεῖ τῶν προηγουμένων, τὸ δὲ 
βουλευτικὸν εἶναι ζῷον τὸν ἄνθρωπον προηγουμένως 
ὑπὸ τῆς φύσεως, ἀλλ' οὐ κατ' ἐπακολούθημά τι καὶ 
σύμπτωμα τοῖς προηγουμένως γινομένοις γίνοιτο, 
συνάγοιτο ἂν τὸ μὴ εἶναι μάτην τοὺς ἀνθρώπους 
βουλευτικούς. Ὅτι δὲ τὸ βουλεύεσθαι μάτην πάντων 
γινομένων ἐξ ἀνάγκης, ῥᾴδιον γνῶναι τὴν τοῦ 
βουλεύεσθαι χρείαν εἰδόσιν. Ὁμολογεῖται δὴ πρὸς 
ἁπάντων τὸ τῶν ἄλλων ζῴων τὸν ἄνθρωπον τοῦτο 
παρὰ τῆς φύσεως ἔχειν πλέον τὸ μὴ ὁμοίως ἐκείνοις 
ταῖς φαντασίαις ἕπεσθαι, ἀλλ' ἔχειν παρ' αὐτῆς 
κριτὴν τῶν προσπιπτουσῶν φαντασιῶν περί τινων ὡς 
αἱρετῶν τὸν λόγον, ᾧ χρώμενος, εἰ μὲν ἐξεταζόμενα 
τὰ φαντασθέντα, οἷα τὴν ἀρχὴν ἐφάνη, καὶ ἔστι, 
συγκατατίθεταί τε τῇ φαντασίᾳ καὶ οὕτως μέτεισιν 
αὐτά, εἰ δὲ ἀλλοῖα φαίνεται ἢ ἄλλο τι αὖ αἱρετώτερον, 
ἐκεῖνο αἱρεῖται καταλείπων τὸ τὴν ἀρχὴν ὡς αἱρετὸν 
αὐτῷ φανέν. Πολλὰ γοῦν ταῖς πρώταις φαντασίαις 
ἡμῖν ἀλλοῖα δόξαντα οὐκέτ' ἔμεινεν ἐπὶ τῆς 
προλήψεως ἐλέγξαντος αὐτὰ τοῦ λόγου. Διὸ 
πραχθέντα ἂν ὅσον ἐπὶ τῇ αὐτῶν γενομένῃ φαντασίᾳ 
{γενομένη}, διὰ τὸ βουλεύσασθαι περὶ αὐτῶν οὐκ 
ἐπράχθη, ἡμῶν τοῦ τε βουλεύσασθαι καὶ τῆς 
αἱρέσεως τῶν ἐκ τῆς βουλῆς ὄντων κυρίων. Διὰ τοῦτο 
γοῦν οὔτε περὶ τῶν ἀιδίων βουλευόμεθα οὔτε περὶ 
τῶν ὁμολογουμένως γινομένων ἐξ ἀνάγκης, ὅτι μηδὲν 
ἡμῖν ἐκ τοῦ περὶ αὐτῶν βουλεύεσθαι περιγίνεται 
πλέον. Ἀλλ' οὐδὲ περὶ τῶν ἐξ ἀνάγκης μὲν μὴ 
γινομένων, ἐπ' ἄλλοις δέ τισιν ὄντων βουλευόμεθα, 
ὅτι μηδὲ ἀπὸ τῆς περὶ ἐκείνων βουλῆς ὄφελός τι ἡμῖν· 
ἀλλ' οὐδὲ περὶ τῶν ἡμῖν μὲν πρακτῶν, 
παρεληλυθότων δὲ βουλευόμεθα, ὅτι μηδὲ τῇ περὶ 
τούτων βουλῇ πλέον τι ἡμῖν γίνεται. Βουλευόμεθα δὲ  
περὶ μόνων τῶν ὑφ' ἡμῶν τε πραττομένων καὶ 
μελλόντων, δῆλον ὡς ἕξοντές τι διὰ τούτου πλέον εἰς 
τὴν αἵρεσίν τε καὶ πρᾶξιν αὐτῶν. Εἰ γάρ, ἐν οἷς οὐδὲν 
ἡμῖν πλέον ἐκ τοῦ βουλεύεσθαι τοῦ βουλεύεσθαι 
αὐτοῦ μόνου περιγίνεται, οὐ βουλευόμεθα, δῆλον ὡς 
ἐν οἷς βουλευόμεθα πλέον τι ἕξοντες ἐκ τοῦ 
βουλεύεσθαι παρὰ τὸ βουλεύσασθαι βουλευόμεθα 
περὶ αὐτῶν  ἐπ' αὐτό τε τὸ βουλεύσασθαι περιγίνεται 
καὶ περὶ τῶν ἄλλων βουλευομένοις περὶ ὧν 
προειρήκαμεν. Τί ποτ' οὖν τὸ περιγινόμενον ἐκ τῆς 
βουλῆς; Τὸ ἔχοντας ἡμᾶς ἐξουσίαν τῆς αἱρέσεως τῶν 
πρακτέων, ὃ οὐκ ἂν ἐπράξαμεν μὴ βουλευσάμενοι τῷ 
ἄλλο πρᾶξαι ἂν διὰ τὸ εἶξαι τῇ προσπεσούσῃ 
φαντασίᾳ, τοῦτο αἱρετώτερον ὑπὸ λόγου φανὲν 
αἱρεῖσθαί τε καὶ πράττειν πρὸ ἐκείνου· ὃ γίνοιτ' ἄν, εἰ 
μὴ πάντα πράττομεν κατηναγκασμένως. Εἰ δὲ εἴημεν 
πάντα ἃ πράττομεν πράττοντες διά τινας αἰτίας 
προκαταβεβλημένας ὡς μηδεμίαν ἔχειν ἐξουσίαν τοῦ 
πρᾶξαι τόδε τι καὶ μή, ἀλλ' ἀφωρισμένως ἕκαστον 
πράττειν ὧν πράττομεν, παραπλησίως τῷ 
θερμαίνοντι πυρὶ καὶ τῷ λίθῳ τῷ κάτω φερομένῳ καὶ 
τῷ κατὰ τοῦ πρανοῦς κυλιομένῳ κυλίνδρῳ, τί πλέον 
ἡμῖν εἰς τὸ πράττειν ἐκ τοῦ βουλεύσασθαι περὶ τοῦ 
πραχθησομένου γίνεται; Ὃ γὰρ ἂν ἐπράξαμεν μὴ 
βουλευσάμενοι, τοῦτο καὶ μετὰ τὸ βουλεύσασθαι 
πράττειν ἀνάγκη, ὥστ' οὐδὲν ἡμῖν πλέον ἐκ τοῦ 
βουλεύσασθαι αὐτοῦ τοῦ βουλεύσασθαι περιγίνεται. 
Ἀλλὰ μὴν τοῦτο καὶ ἐπὶ τῶν οὐκ ἐφ' ἡμῖν δυνάμενοι 
ποιεῖν ὡς ἄχρηστον ὂν παρῃτούμεθα. Ἄχρηστον ἄρα 
τὸ βουλεύσασθαι, καὶ ἐφ' ὧν αὐτῷ ὥς τι χρήσιμον 
ἡμῖν παρεχομένῳ χρώμεθα. ᾯ εἵπετο τὸ μάτην ἡμῖν 
ὑπὸ τῆς φύσεως τὸ βουλευτικοῖς εἶναι δεδόσθαι. ᾯ 
προστεθέντος τοῦ αὐτοῖς γε τούτοις καὶ κοινῶς πᾶσιν 
σχεδὸν τοῖς φιλοσοφοῦσιν δοκοῦντος, τοῦ μηδὲν ὑπὸ 
τῆς φύσεως γίνεσθαι μάτην, ἀναιροῖτο ἄν, ᾧ εἵπετο τὸ 
μάτην ἡμᾶς εἶναι βουλευτικούς. Εἵπετο δὲ τοῦτο τῷ 
τῶν πραττομένων ὑφ' ἡμῶν μὴ ἔχειν ἡμᾶς τοιαύτην 
ἐξουσίαν, ὡς δύνασθαι τὰ ἀντικείμενα.
 
 | [11] CHAPITRE XI.  
Venons-en à des arguments plus décisifs. Si tout ce qui 
arrive doit être la suite de causes à l’avance certaines, 
définies, antérieurement subsistantes, il s’ensuit que les 
hommes délibèrent vainement sur les actes qu’ils ont à 
accomplir. Et si délibérer est vain, c’est vainement que 
l’homme a la faculté de délibérer. Cependant, si la 
nature ne fait rien en vain de ce qu’elle fait 
essentiellement, et que la nature ait fait essentiellement 
de l’homme un animal capable de délibérer, la faculté 
de délibérer n’étant pas chez lui un accessoire ni un 
accident de son essence, il en faut conclure que ce 
n’est pas en vain que les hommes sont capables de 
délibérer Or, qu’on délibérât en vain, si toutes choses 
arrivaient nécessairement, c’est ce que comprendront 
aisément ceux qui connaissent l’usage de la 
délibération. Tout le monde, en effet, tombe d’accord 
que l’homme a reçu de la nature, par un privilège qui le 
distingue des autres animaux, le pouvoir de ne pas 
céder aveuglément comme eux à ses perceptions, et tout 
le monde reconnaît qu’elle lui a départi la raison, qui lui 
permet de juger quelles sont les perceptions qu’il doit 
suivre. Grâce à l’emploi de la raison, s’il se convainc, 
après les avoir contrôlées, que ses perceptions sont bien 
telles qu’il les avait jugées au commencement, il y 
donne son assentiment et ainsi il les suit. Que s’il les 
estime différentes et qu’il croie préférable de s’arrêter à 
un autre parti, il s’y arrête, négligeant ce qui d’abord 
avait paru devoir le fixer. C’est de la sorte que 
beaucoup de choses, pour nous paraître différentes de 
ce qu’elles avaient d’abord semblé, perdent la place 
qu’elles avaient commencé par occuper dans notre 
esprit, rejetées qu’elles sont par la raison. De là vient 
également que les choses qui auraient été faites si on 
avait cédé à l’apparence qu’elles présentent, ne sont pas 
faites, parce qu’on s’est mis à en délibérer, la 
délibération et le choix qui procède de la délibération 
étant en notre pouvoir. Aussi ne délibérons-nous pas sur 
les choses éternelles, ni sur celles qui manifestement 
arrivent d’une manière nécessaire, parce qu’il ne 
servirait absolument à rien de délibérer sur de pareils 
sujets. Nous ne délibérons pas davantage sur les choses 
qui n’arrivent point nécessairement, mais qui dépendent 
d’autrui, parce qu’il n’y aurait pour nous aucune utilité 
à délibérer sur ces choses; nous ne délibérons pas enfin 
sur les choses que nous aurions pu faire, mais dont le 
temps est passé, parce que nous ne recueillerions non 
plus de cette délibération aucun fruit. Nous délibérons 
uniquement sur les choses qui doivent être faites par 
nous et qui dépendent de nous. Et cela même prouve 
que nous comptons retirer de cette délibération quelque 
profit et pour le choix et pour l’action. Car, si dans les 
choses où il ne nous revient rien du fait seul de 
délibérer, nous ne délibérons pas, il est évident que 
dans les choses où nous délibérons parce que nous 
espérons trouver dans la délibération plus que la 
délibération même, nous trouvons effectivement plus 
d’utilité à délibérer de ces choses que lorsqu’il s’agit de 
celles dont nous avons parlé. Que résulte-t-il donc de la 
délibération? Comme nous avons le pouvoir de choisir 
relativement à ce que nous devons faire; ce que nous 
n’aurions pas fait dans le cas où nous n’eussions pas 
délibéré (car nous aurions agi autrement en obéissant à 
la première perception), ce que nous n’aurions pas fait 
nous étant présenté comme préférable par la raison, 
nous nous y arrêtons et le faisons plutôt qu’autre chose. 
Voilà ce qui se passe, s’il est vrai que nous n’agissions 
point en tout sous l’empire de la nécessité. Si, au 
contraire, nous faisions tout ce que nous faisons en 
vertu de causes à l’avance déterminées, sans avoir 
aucun pouvoir de faire ou de ne pas faire, mais en 
faisant suivant d’inflexibles lois chaque chose que nous 
faisons, comme le feu qui échauffe, comme la pierre 
qui tourne dans les airs, comme le cylindre qui roule le 
long d’un plan incliné; que nous servirait-il, pour agir, 
de délibérer sur ce que nous avons à faire? Car ce que 
nous aurions fait sans avoir délibéré, il y aurait 
nécessité de le faire, même après avoir délibéré. A le 
prendre ainsi, la délibération ne nous apporterait rien de 
plus que la délibération. Or, alors même que nous 
pouvons délibérer sur les choses qui ne dépendent pas 
de nous, nous rejetons la délibération comme inutile. Il 
serait donc inutile de délibérer des choses mêmes où 
nous croyons pouvoir délibérer avec quelque utilité, il 
suivrait de là que c’est en vain que la nature nous aurait 
donné d’être capables de délibération. Mais, s’il en est 
ainsi, que devient ce principe que nos adversaires 
mêmes admettent, et qu’acceptent communément 
presque tous les philosophes, à savoir que la nature ne 
fait rien en vain? De toute évidence, ce principe 
succombe par cela même que c’est en vain que nous 
sommes capables de délibération. Et ce n’est pas là mal 
conclure, si dans nos actes nous n’avons pas un pouvoir 
tel que nous soyons à même de faire le contraire même 
de ce que nous faisons. 
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