[34] Τῶν δὲ πολιτειῶν φησι τὰς μὲν ἀνυποθέτους
εἶναι, ἃς ἐν τῇ Πολιτείᾳ διεξῆλθεν· ἐν γὰρ ταύτῃ προτέραν
μὲν ὑπέγραψε τὴν ἀπόλεμον, δευτέραν δὲ τὴν φλεγμαίνουσαν
καὶ πολεμικήν, ζητῶν τίνες ἂν εἶεν αἱ βέλτισται τούτων καὶ πῶς
ἂν συσταῖεν. Ἔστι δέ που παραπλησίως τῇ διαιρέσει τῆς ψυχῆς
καὶ ἡ πολιτεία διῃρημένη τριχῇ, εἴς τε τοὺς φρουροὺς καὶ εἰς
τοὺς ἐπικούρους καὶ εἰς τοὺς δημιουργούς, ὧν τοῖς μὲν τὸ
βουλεύεσθαι καὶ ἄρχειν ἀποδίδωσι, τοῖς δὲ τὸ προπολεμεῖν εἰ
δέοι, οὓς κατὰ τὸ θυμικὸν τακτέον ὥσπερ συμμαχοῦντας τῷ
λογιστικῷ· τοῖς δὲ τὰς τέχνας καὶ τὰς ἄλλας ἐργασίας· τοὺς
δὲ ἄρχοντας ἀξιοῖ φιλοσόφους εἶναι καὶ θεωρητικοὺς τοῦ
πρώτου ἀγαθοῦ.
Μόνως γὰρ οὕτως κατὰ τρόπον διοικήσειν αὐτοὺς πάντα·
οὐ γάρ ποτε κακῶν λήξειν τὰ πράγματα τὰ ἀνθρώπινα, εἰ μὴ
οἱ φιλόσοφοι βασιλεύσειαν ἢ οἱ λεγόμενοι βασιλεῖς ἀπό τινος
θείας μοίρας ὄντως φιλοσοφήσειαν. Ἄριστα γὰρ καὶ μετὰ
δικαιοσύνης ἐπανάξειν τὰς πόλεις τὸ τηνικάδε, ὅταν ἕκαστον
μέρος αὐτονομῇ, ὥστε προβουλεύειν μὲν τοὺς ἄρχοντας τοῦ
λαοῦ, τοὺς δὲ συμμάχους τούτοις ὑπηρετεῖν καὶ τούτων προμάχεσθαι,
τούτοις δὲ εὐπειθῶς συνέπεσθαι τοὺς λοιπούς.
Πέντε δέ φησιν εἶναι πολιτείας, τήν τε ἀριστοκρατικήν,
ὁπόταν οἱ ἄριστοι ἄρχωσι. καὶ δευτέραν τὴν τιμοκρατικήν,
φιλοτίμων ὄντων τῶν ἀρχόντων, καὶ τρίτην τὴν δημοκρατικὴν
καὶ μετὰ ταύτην τὴν ὀλιγαρχικήν, τελευταίαν δὲ τὴν τυραννίδα,
χειρίστην ὑπάρχουσαν.
Ὑπογράφει δὲ καὶ ἄλλας πολιτείας ἐξ ὑποθέσεως, ὧν
ἐστὶν ἥ τε ἐν Νόμοις καὶ ἡ ἐκ διορθώσεως ἐν Ἐπιστολαῖς, ᾗ
χρῆται πρὸς τὰς νενοσηκυίας πόλεις τὰς ἐν τοῖς Νόμοις, ἤδη
καὶ τόπον ἀφωρισμένον ἐχούσας καὶ ἀνθρώπους λογάδας ἀπὸ
πάσης ἡλικίας, ὥστε κατὰ τὰς διαφορὰς τῆς φύσεως αὐτῶν καὶ
τῶν τόπων παιδείας τε οἰκείας δεῖσθαι καὶ ἀγωγῆς καὶ ὁπλίσεως.
Οἱ μὲν γὰρ παραθαλάττιοι καὶ ναυτίλλοιντο ἂν καὶ ναυμαχοῖεν,
οἱ δὲ ἐν μεσογαίᾳ οἰκοῦντες πρὸς πεζομαχίαν ἁρμόττοιντο ἂν
καὶ ὅπλισιν ἢ κουφοτέραν, ὡς οἱ ὄρειοι, ἢ βαρυτέραν, ὡς ἐν
γεωλόφοις οἰκοῦντες πεδίοις· ἔνιοι δ´ αὐτῶν καὶ ἱππασίαν ἂν
ἐπασκοῖεν. Ἐν ταύτῃ δὲ τῇ πόλει οὐδὲ κοινὰς εἶναι τὰς γυναῖκας
νομοθετεῖ.
Ἔστιν οὖν ἡ πολιτικὴ ἀρετὴ θεωρητική τε καὶ πρακτικὴ
καὶ προαιρετικὴ τοῦ ἀγαθὴν ποιεῖν πόλιν καὶ εὐδαίμονα καὶ
ὁμονοοῦσάν τε καὶ συμφωνοῦσαν, ἐπιτακτική τις οὖσα καὶ ἔχουσα
ὑποβεβλημένας πολεμικήν τε καὶ στρατηγικὴν καὶ δικαστικήν·
σκέπτεται γὰρ ἡ πολιτικὴ ἄλλα τε μυρία καὶ δὴ καὶ αὐτὸ τοῦτο,
εἴτε πολεμητέον, εἴτε μή.
| [34] CHAPITRE XXXIII.
PLATON fait plusieurs classes de polities: selon lui les unes sont hypothétiques ; telle est celle qu'il a décrite dans son livre de la République. Dans ce traité il les considère sous un rapport de paix, et ensuite sous un rapport d'effervescence et de guerre, en cherchant quelle est la meilleure d'entre elles et quelle est la manière de les ordonner. La division qu'il fait en trois parties de ce qui doit composer le corps politique ressemble à la division des facultés de l’âme.
Selon lui les trois membres du corps politique sont les gardiens, les auxiliaires,
et les artisans. Il donne aux premiers les fonctions du gouvernement ou de l'administration ; aux
autres celle de la guerre dans le besoin (ce qui paraît se rapporter à la faculté irascible, comme la
première attribution à la faculté rationnelle) ; et aux derniers l'exercice de tous les arts et les autres
choses de cette nature. Il pense que les Archontes, c'est-à-dire les magistrats, doivent s'être
consacrés à la philosophie et à la contemplation du souverain bien, comme à la seule étude qui ait
pu leur apprendre à bien gouverner ; et que les maux de l'humanité n'auront un terme que lorsque
les vrais philosophes gouverneront, ou que ceux que les destins appelleront au gouvernement
seront vraiment philosophes. Il pense aussi que la justice ne régnera dans le corps politique que
lorsque chaque membre aura ses lois et ses fonctions particulières ; que les chefs présideront au
conseil du peuple; que ceux qui seront chargés de porter les armes leur obéiront ; que les
premiers seront à la tête des troupes, et que les autres marcheront à leur suite et exécuteront leurs
ordres. Platon distribuait les gouvernements en cinq classes; la première,
l'aristocratie, qui est celle où les personnes les plus recommandables sous les rapports moraux
commandent ; la seconde, la timocratie, qui est celle où le pouvoir est entre les mains des
ambitieux ; la troisième, la démocratie, qui est celle où le peuple a toute l'autorité ; la quatrième,
l'oligarchie, qui est celle où l'état n'a qu'un petit nombre de chefs et la cinquième, la tyrannie,
qui est la dernière et la pire. Il composait par hypothèse d'autres espèces de polities : telle est
celle dont il parle dans son livre des Lois, et qu'il a corrigée dans ses Epîtres. Il applique les
principes qu'il y développe aux cités, qu'il a regardées dans son livre des Lois comme des corps
malades, lesquelles, possédant un territoire isolé et des hommes d'élite de tout âge, ont besoin
d'approprier une éducation, une institution, et une armure différente à leurs citoyens selon la
diversité des lieux et des caractères : ceux qui habitent les bords de la mer doivent être destinés à
la navigation et à la marine ; ceux qui habitent le sein des terres doivent être armés pour
composer de l'infanterie; les habitants des montagnes doivent former des troupes légères; ceux
qui habitent les plaines doivent s'armer plus pesamment; quelques uns de ces derniers doivent
entrer dans la cavalerie. Au reste dans une cité pareille il n'entend pas établir la communauté des
femmes. La politique est donc une science à la fois théorique et pratique, ayant pour objet de
faire régner dans un corps politique la vertu, le bonheur, la concorde et l’harmonie : le droit de
commander est de son essence ; elle embrasse la justice et l'art militaire ; elle s'occupe d'une
infinité de détails, et surtout des circonstances qui exigent la paix ou la guerre.
|