[35] Ὁποῖος δέ ἐστιν ὁ φιλόσοφος προειρημένου,
τούτου διαφέρει ὁ σοφιστὴς τῷ μὲν τρόπῳ, ὅτι μισθαρνίᾳ τῶν
νέων καὶ τῷ μᾶλλον νομίζεσθαι βούλεσθαι ἢ εἶναι καλὸς καὶ
ἀγαθός· τῇ δὲ ὕλῃ, ὅτι ὁ μὲν φιλόσοφος περὶ τὰ ἀεὶ κατὰ τὰ
αὐτὰ καὶ ὡσαύτως ἔχοντα καταγίνεται, ὁ δὲ σοφιστὴς περὶ τὸ
μὴ ὂν πραγματεύεται, ἀναχωρῶν εἰς τόπον διὰ τὸ σκοτεινὸν
δυσδιόρατον. Τῷ γὰρ ὄντι οὐκ ἀντίκειται τὸ μὴ ὄν· τοῦτο γὰρ
ἀνύπαρκτον καὶ ἀνεννόητον καὶ μηδεμίαν ἔχον ὑπόστασιν, ὃ καὶ
εἴ τις εἰπεῖν ἢ νοῆσαι βιάζοιτο, περιτραπήσεται διὰ τὸ μάχην
αὐτὸ ἐν ἑαυτῷ περιέχειν.
Ἔστι δὲ τὸ μὴ ὄν, καθ´ ὃ ἐξακούεται, οὐ ψιλὴ ἀπόφασις
τοῦ ὄντος, ἄλλα μετὰ συνεμφάσεως τῆς πρὸς ἕτερον ὅπερ καί
τῳ τρόπῳ ὄντι παρέπεται· ὡς εἰ μὴ καὶ αὐτὰ μετελάμβανε τοῦ
μὴ ὄντος, οὐκ ἂν ἐχωρίζετο τῶν ἄλλων· νῦν δὲ ὅσαπερ ἐστὶ
τὰ ὄντα, τοσαυταχῶς καὶ τὸ μὴ ὄν· τὸ γὰρ μὴ τὶ ὂν οὐκ ἔστιν ὄν.
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D'APRES le tableau que nous avons fait du philosophe il paraît que le sophiste en diffère : dans ses mœurs, parce que le sophiste est aux gages de la jeunesse, et qu'il aime mieux passer pour sage et vertueux que l'être en effet ; dans l'objet de ses études, parce que le philosophe s'occupe de choses qui existent toujours et de la même manière, au lieu que le sophiste s'occupe de ce qui n'est pas, et qu'il marche toujours dans l'obscurité et dans les ténèbres.
Or ce qui n'est pas n'est pas le contraire de ce qui est; car le néant n'existe pas, il n'a pas
de substance, il est impossible d'en avoir l'idée ; et quand on le tenterait ce serait tomber dans un
cercle vicieux, parce que l'idée renfermerait en elle-même de quoi se détruire. Le néant, en tant
qu'on en prononce le mot, n'est pas une simple négation de l'être, mais il exprime une relation à
quelque autre chose qui a du rapport au premier être; de sorte que ce n'est qu'en rapprochant
l'être du néant qu'on peut distinguer l'un de l'autre. Définir l'être c'est définir le néant ; car ce qui
n'est pas quelque chose n'est rien.
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