[2] (1) Ἄλλοι δὲ Ῥώμην, Ἰταλοῦ
θυγατέρα καὶ Λευκαρίας, οἱ δὲ Τηλέφου τοῦ Ἡρακλέους, Αἰνείᾳ γαμηθεῖσαν, οἱ δ´
Ἀσκανίῳ τῷ Αἰνείου, λέγουσι τοὔνομα θέσθαι τῇ πόλει· οἱ δὲ Ῥωμανόν, Ὀδυσσέως
παῖδα καὶ Κίρκης, οἰκίσαι τὴν πόλιν· οἱ δὲ Ῥῶμον ἐκ Τροίας ὑπὸ Διομήδους
ἀποσταλέντα τὸν Ἠμαθίωνος, οἱ δὲ Ῥῶμιν Λατίνων τύραννον, ἐκβαλόντα Τυρρηνοὺς
τοὺς εἰς Λυδίαν μὲν ἐκ Θετταλίας, ἐκ δὲ Λυδίας εἰς Ἰταλίαν παραγενομένους. (2) οὐ
μὴν οὐδ´ οἱ Ῥωμύλον τῷ δικαιοτάτῳ τῶν λόγων ἀποφαίνοντες ἐπώνυμον τῆς πόλεως
ὁμολογοῦσι περὶ τοῦ γένους αὐτοῦ. οἱ μὲν γὰρ Αἰνείου καὶ Δεξιθέας τῆς
Φόρβαντος υἱὸν ὄντα νήπιον εἰς Ἰταλίαν κομισθῆναι καὶ τὸν ἀδελφὸν αὐτοῦ Ῥῶμον·
ἐν δὲ τῷ ποταμῷ πλημμύραντι τῶν ἄλλων σκαφῶν διαφθαρέντων, ἐν ᾧ δ´ ἦσαν οἱ
παῖδες εἰς μαλακὴν ἀποκλινθέντος ὄχθην ἀτρέμα, σωθέντας ἀπροσδοκήτως ὄνομα
θεῖναι Ῥώμην. (3) οἱ δὲ Ῥώμην, θυγατέρα τῆς Τρωάδος ἐκείνης, Λατίνῳ τῷ Τηλεμάχου
γαμηθεῖσαν τεκεῖν τὸν Ῥωμύλον· οἱ δ´ Αἰμυλίαν τὴν Αἰνείου καὶ Λαβινίας, Ἄρει
συγγενομένην. Οἱ δὲ μυθώδη παντάπασι περὶ τῆς γενέσεως διεξίασι. (4) Ταρχετίῳ γάρ,
Ἀλβανῶν βασιλεῖ παρανομωτάτῳ καὶ ὠμοτάτῳ, φάσμα δαιμόνιον οἴκοι γενέσθαι· φαλλὸν
γὰρ ἐκ τῆς ἑστίας ἀνασχεῖν καὶ διαμένειν ἐπὶ πολλὰς ἡμέρας. εἶναι δὲ Τηθύος ἐν
Τυρρηνίᾳ χρηστήριον, ἀφ´ οὗ κομισθῆναι τῷ Ταρχετίῳ χρησμόν, ὥστε συμμεῖξαι τῷ
φάσματι παρθένον· ἔσεσθαι γὰρ ἐξ αὐτῆς παῖδα κλεινότατον, ἀρετῇ καὶ τύχη καὶ
ῥώμῃ διαφέροντα. (5) φράσαντος οὖν τὸ μάντευμα τοῦ Ταρχετίου μιᾷ τῶν θυγατέρων καὶ
συγγενέσθαι τῷ φαλλῷ προστάξαντος, αὐτὴν μὲν ἀπαξιῶσαι, θεράπαιναν δ´ εἰσπέμψαι.
τὸν δὲ Ταρχέτιον ὡς ἔγνω χαλεπῶς φέροντα συλλαβεῖν μὲν ἀμφοτέρας ἐπὶ θανάτῳ, τὴν
δ´ Ἑστίαν ἰδόντα κατὰ τοὺς ὕπνους ἀπαγορεύουσαν αὐτῷ τὸν φόνον, ἱστόν τινα
παρεγγυῆσαι ταῖς κόραις ὑφαίνειν δεδεμέναις, ὡς ὅταν ἐξυφήνωσι, τότε δοθησομένας
πρὸς γάμον. (6) ἐκείνας μὲν οὖν δι´ ἡμέρας ὑφαίνειν, ἑτέρας δὲ νύκτωρ τοῦ Ταρχετίου
κελεύοντος ἀναλύειν τὸν ἱστόν. ἐκ δὲ τοῦ φαλλοῦ τῆς θεραπαινίδος τεκούσης
δίδυμα, δοῦναί τινι Τερατίῳ τὸν Ταρχέτιον, ἀνελεῖν κελεύσαντα. (7) τὸν δὲ θεῖναι
φέροντα τοῦ ποταμοῦ πλησίον, εἶτα λύκαιναν μὲν ἐπιφοιτᾶν μαστὸν ἐνδιδοῦσαν,
ὄρνιθας δὲ παντοδαποὺς ψωμίσματα κομίζοντας ἐντιθέναι τοῖς βρέφεσιν, ἄχρι οὗ
βουκόλον ἰδόντα καὶ θαυμάσαντα τολμῆσαι προσελθεῖν καὶ ἀνελέσθαι τὰ παιδία.
(8) τοιαύτης δὲ τῆς σωτηρίας αὐτοῖς γενομένης, ἐκτραφέντας ἐπιθέσθαι τῷ Ταρχετίῳ καὶ
κρατῆσαι. ταῦτα μὲν οὖν Προμαθίων τις, ἱστορίαν Ἰταλικὴν συντεταγμένος, εἴρηκε.
| [2] (1) D'autres prétendent que la ville doit son nom à Romè, fille d'Italus et de Leucaria.
Suivant d'autres, cette Romè était fille de Télèphe, fils d'Hercule, et femme d'Énée, ou bien,
selon une autre tradition, fille d'Ascagne, le fils d'Énée. D'autres encore prétendent que Rome
eut pour fondateur Romanus, fils d'Ulysse et de Circé; ou bien Romus, fils d'Émathion, que
Diomède avait envoyé de Troie; ou encore Romis, roi des Latins, qui l'aurait bâtie après avoir
chassé du pays les Tyrrhéniens, qui avaient passé de Thessalie en Lydie, puis de Lydie en
Italie. (2) Même ceux qui croient, avec bien plus de raison, que c'est Romulus qui donna son
nom à la ville, même ceux-là ne s'accordent pas davantage sur l'origine de ce prince. Les uns
le font fils d'Énée et de Dexithéa, fille de Phorbas. Ils disent que dans son enfance il fut
apporté en Italie avec son frère Rémus; que le débordement du Tibre ayant englouti tous les
autres bateaux, celui où se trouvaient les enfants, poussé doucement par les flots sur un
endroit accueillant du rivage, fut sauvé contre toute espérance; ce qui fit donner à ce lieu le
nom de Rome. (3) D'autres ont dit que Romè, fille de cette même Troyenne Dexithéa, épousa
Latinus, fils de Télémaque, dont elle eut Romulus. Mais quelques auteurs font naître celui-ci
du commerce secret d'Aimilia, fille d'Énée et de Lavinie, avec le dieu Mars. D'autres enfin
donnent à Romulus une origine entièrement fabuleuse. (4) Tarchétius, disent-ils, roi des
Albains, le plus injuste et le plus cruel des hommes, eut dans son palais une apparition divine
il vit s'élever de son foyer une figure qui y resta plusieurs jours. Il y avait alors en Tyrrhénie
un oracle de Téthys, que Tarchétius envoya consulter, et qui ordonna qu'on fît approcher de
cette figure une jeune fille, qu'il en naîtrait un fils qui deviendrait très célèbre, et qui par son
courage, sa fortune et sa force (romè), surpasserait tous les hommes de son temps. (5)
Tarchétius fit part à une de ses filles de la réponse de l'oracle, et lui ordonna de l'accomplir.
Elle le refusa, et envoya à sa place une de ses suivantes. Tarchétius, l'ayant su, en fut si irrité
qu'il commanda qu'on les prît toutes deux et qu'on les fît mourir. Mais Vesta lui apparut en
songe, et lui défendit de leur ôter la vie. Il leur donna donc une toile à faire dans la prison, et
leur promit de les marier quand elle serait achevée. (6) Elles y travaillaient toute la journée, et
pendant la nuit d'autres femmes venaient, par ordre de Tarchétius, défaire leur ouvrage.
Cependant la suivante accoucha de deux jumeaux, que le roi remit à un certain Tératius, pour
qu'il les fît périr. (7) Cet homme les exposa sur le bord du fleuve, où une louve vint les
allaiter, et où des oiseaux de toute sorte leur apportaient de la nourriture, et la leur donnaient
par petites bouchées. Un bouvier qui s'en aperçut, frappé d'abord d'étonnement, osa cependant
s'approcher, et emporta les enfants. (8) Ainsi sauvés, dès qu'ils furent assez grands, ils allèrent
attaquer Tarchétius, et le défirent. Tel est le récit d'un certain Promathion, dans son Histoire
d'Italie.
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