HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Romulus

Chapitre 16

  Chapitre 16

[16] (1) Οἱ δὲ Σαβῖνοι πολλοὶ μὲν ἦσαν καὶ πολεμικοί, κώμας δ´ ᾤκουν ἀτειχίστους, ὡς προσῆκον αὐτοῖς μέγα φρονεῖν καὶ μὴ φοβεῖσθαι, Λακεδαιμονίων ἀποίκοις οὖσιν. οὐ μὴν ἀλλ´ ὁρῶντες αὑτοὺς ἐνδεδεμένους μεγάλοις ὁμηρεύμασι, καὶ δεδιότες περὶ τῶν θυγατέρων, πρέσβεις ἀπέστειλαν ἐπιεικῆ καὶ μέτρια προκαλούμενοι, τὸν Ῥωμύλον ἀποδόντα τὰς κόρας αὐτοῖς καὶ λύσαντα τὸ τῆς βίας ἔργον, εἶτα πειθοῖ καὶ νόμῳ πράττειν τοῖς γένεσι φιλίαν καὶ οἰκειότητα. (2) τοῦ δὲ Ῥωμύλου τὰς μὲν κόρας μὴ προιεμένου, παρακαλοῦντος δὲ τὴν κοινωνίαν δέχεσθαι τοὺς Σαβίνους, οἱ μὲν ἄλλοι βουλευόμενοι καὶ παρασκευαζόμενοι διέτριβον, Ἄκρων δ´ βασιλεὺς Καινινητῶν, ἀνὴρ θυμοειδὴς καὶ δεινὸς ἐν τοῖς πολεμικοῖς, τά τε πρῶτα τολμήματα τοῦ Ῥωμύλου δι´ ὑποψίας εἶχε, καὶ τῷ πραχθέντι περὶ τὰς γυναῖκας ἤδη φοβερὸν ἡγούμενος πᾶσιν εἶναι καὶ οὐκ ἀνεκτὸν εἰ μὴ κολασθείη, προεξανέστη τῷ πολέμῳ καὶ μετὰ πολλῆς ἐχώρει δυνάμεως ἐπ´ αὐτόν, καὶ Ῥωμύλος ἐπ´ ἐκεῖνον. (3) γενόμενοι δ´ ἐν ὄψει καὶ κατιδόντες ἀλλήλους προὐκαλοῦντο μάχεσθαι, τῶν στρατευμάτων ἐν τοῖς ὅπλοις ἀτρεμούντων. εὐξάμενος οὖν Ῥωμύλος, εἰ κρατήσειε καὶ καταβάλοι, τῷ Διὶ φέρων ἀναθήσειν αὐτὸς τὰ ὅπλα τοῦ ἀνδρός, αὐτόν τε καταβάλλει κρατήσας, καὶ τρέπεται τὸ στράτευμα μάχης γενομένης, αἱρεῖ δὲ καὶ τὴν πόλιν. οὐ μὴν ἠδίκησε τοὺς ἐγκαταληφθέντας, ἀλλ´ τὰς οἰκίας ἐκέλευσε καθελόντας ἀκολουθεῖν εἰς Ῥώμην, ὡς πολίτας ἐπὶ τοῖς ἴσοις ἐσομένους. τούτου μὲν οὖν οὐκ ἔστιν τι μᾶλλον ηὔξησε τὴν Ῥώμην, ἀεὶ προσποιοῦσαν ἑαυτῇ καὶ συννέμουσαν ὧν κρατήσειεν. (4) δὲ Ῥωμύλος, ὡς ἂν μάλιστα τὴν εὐχὴν τῷ τε Διὶ κεχαρισμένην καὶ τοῖς πολίταις ἰδεῖν ἐπιτερπῆ παράσχοι σκεψάμενος, ἐπὶ στρατοπέδου δρῦν ἔτεμεν ὑπερμεγέθη καὶ διεμόρφωσεν ὥσπερ τρόπαιον, καὶ τῶν ὅπλων τοῦ Ἄκρωνος ἕκαστον ἐν τάξει περιήρμοσε καὶ κατήρτησεν, αὐτὸς δὲ τὴν μὲν ἐσθῆτα περιεζώσατο, δάφνῃ δ´ ἐστέψατο τὴν κεφαλὴν κομῶσαν. (5) ὑπολαβὼν δὲ τῷ δεξιῷ τὸ τρόπαιον ὤμῳ προσερειδόμενον ὀρθόν, ἐβάδιζεν ἐξάρχων ἐπινικίου παιᾶνος ἐν ὅπλοις ἑπομένῃ τῇ στρατιᾷ, δεχομένων τῶν πολιτῶν μετὰ χαρᾶς καὶ θαύματος. μὲν οὖν πομπὴ τῶν αὖθις θριάμβων ἀρχὴν καὶ ζῆλον παρέσχε, τὸ δὲ τρόπαιον ἀνάθημα Φερετρίου Διὸς ἐπωνομάσθη· (6) τὸ γὰρ πλῆξαι φερῖρε Ῥωμαῖοι καλοῦσιν· εὔξατο δὲ πλῆξαι τὸν ἄνδρα καὶ καταβαλεῖν· ὀπίμια δὲ τὰ σκῦλα, φησὶ Βάρρων, καθότι καὶ τὴν περιουσίαν ὄπεμ λέγουσι. πιθανώτερον δ´ ἄν τις εἴποι διὰ τὴν πρᾶξιν· ὄπους γὰρ ὀνομάζεται τὸ ἔργον, αὐτουργῷ δ´ ἀριστείας στρατηγῷ, στρατηγὸν ἀνελόντι, δέδοται καθιέρωσις ὀπιμίων. (7) καὶ τρισὶ μόνοις τούτου τυχεῖν ὑπῆρξε Ῥωμαίοις ἡγεμόσι, πρώτῳ Ῥωμύλῳ κτείναντι τὸν Καινινήτην Ἄκρωνα, δευτέρῳ Κορνηλίῳ Κόσσῳ Τυρρηνὸν ἀνελόντι Τολούμνιον, ἐπὶ πᾶσι δὲ Κλαυδίῳ Μαρκέλλῳ Βριτομάρτου κρατήσαντι Γαλατῶν βασιλέως. Κόσσος μὲν οὖν καὶ Μάρκελλος ἤδη τεθρίπποις εἰσήλαυνον, αὐτοὶ τὰ τρόπαια φέροντες· Ῥωμύλον δ´ οὐκ ὀρθῶς φησιν ἅρματι χρήσασθαι Διονύσιος. (8) Ταρκύνιον γὰρ ἱστοροῦσι τὸν Δημαράτου τῶν βασιλέων πρῶτον εἰς τοῦτο τὸ σχῆμα καὶ τὸν ὄγκον ἐξᾶραι τοὺς θριάμβους· ἕτεροι δὲ πρῶτον ἐφ´ ἅρματος θριαμβεῦσαι Ποπλικόλαν. τοῦ δὲ Ῥωμύλου τὰς εἰκόνας ὁρᾶν ἔστιν ἐν Ῥώμῃ τὰς τροπαιοφόρους πεζὰς ἁπάσας. [16] (1) Les Sabins étaient un peuple nombreux et guerrier; ils habitaient des bourgs sans murailles, parce que, descendus d'une colonie de Spartiates, ils croyaient ne devoir mettre leur confiance qu'en eux-mêmes, et n'avoir aucune crainte mais alors se voyant liés par les otages précieux que leurs ennemis avaient entre les mains, et craignant pour leurs filles, ils envoyèrent à Romulus des ambassadeurs chargés de lui faire les propositions les plus justes et les plus modérées; c'était de leur rendre leurs filles, de réparer l'acte de violence qui avait été commis, et de n'employer à l'avenir que les voies légitimes de la persuasion, pour unir les deux peuples par un traité de paix et par des alliances. (2) Romulus ayant refusé de rendre les filles et exhorté les Sabins à ratifier les mariages, la plupart de ces peuples passèrent beaucoup de temps à délibérer, et ne firent leurs préparatifs qu'avec lenteur. Mais Acron, roi des Céniniens, homme d'un grand courage et très expérimenté dans la guerre, qui depuis longtemps avait regardé avec méfiance les premières entreprises de Romulus, jugea, par l'enlèvement des Sabines, que c'était un voisin redoutable, et qu'on ne pourrait plus réduire si on ne se hâtait de le réprimer. Il leva le premier l'étendard de la guerre, et, se mettant à la tête d'une nombreuse armée, il marcha contre Romulus, qui, de son côté, sortit à sa rencontre. (3) Quand les deux rois furent en présence, ils se mesurèrent des yeux, et se défièrent à un combat singulier pendant lequel les deux armées resteraient immobiles. Romulus fit voeu, s'il remportait la victoire, de consacrer à Jupiter les armes d'Acron. Il le vainquit, le tua de sa main, mit son armée en déroute, et se rendit maître de sa capitale. Il ne fit d'autre mal aux habitants qu'il y trouva, que de les obliger de démolir leurs murailles, et de le suivre à Rome, où ils jouiraient des mêmes droits que ses citoyens. Rien ne contribua davantage à l'agrandissement de Rome que cette incorporation des peuples vaincus. (4) Quant à Romulus, voulant s'acquitter de son voeu d'une manière qui fût agréable à Jupiter et qui donnât à son peuple un spectacle intéressant, il fit couper un grand chêne qui se trouvait dans son camp, le tailla en forme de trophée, et y ajusta les armes d'Acron, chacune à sa place. Lui-même, vêtu de pourpre et portant sur ses longs cheveux une couronne de laurier, (5) il chargea le trophée sur son épaule droite, et marcha à la tête de son armée, qui chantait des airs de victoire. Il fut reçu à Rome avec les plus vifs témoignages d'admiration et de joie. Cette procession fut l'origine et le modèle de tous les triomphes qui suivirent on appela ce trophée l'offrande de Jupiter Férétrien, (6) du mot "ferire", qui, chez les Romains, veut dire frapper, parce que Romulus avait demandé à Jupiter de frapper Acron et de le tuer. Varron dit que ces dépouilles sont appelées opimes, du mot "ops", qui signifie richesse mais il est plus vraisemblable que c'est du mot "opus", action, car ces dépouilles opimes ne peuvent être consacrées que par un général d'armée qui a tué de sa propre main le général ennemi. (7) Cette chance n'est encore arrivé qu'à trois généraux romains d'abord à Romulus, qui avait tué Acron, roi des Céniniens; ensuite à Cornélius Cossus, qui avait mis à mort l'Étrusque Tolumnius; enfin à Claudius Marcellus, qui triompha de Viridomare, roi des Gaulois. Cossus et Marcellus entrèrent dans Rome sur un char attelé de quatre chevaux, portant leurs trophées sur leurs épaules. Denys d'Halicarnasse a tort de dire que Romulus était aussi monté sur un char; (8) car on assure que Tarquin, fils de Démarate, fut le premier des rois de Rome qui éleva les triomphes à cette pompe et à cette magnificence. Selon d'autres, Publicola fut le premier triomphateur qui entra dans Rome sur un char. Quant à Romulus, on voit encore à Rome ses statues avec ce trophée, et elles sont toutes pédestres.


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Dernière mise à jour : 18/04/2005