[4,2,1] CHAPITRE II.
(1) Ἀγησίλαος μὲν δὴ ἐν τούτοις ἦν. Οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι ἐπεὶ σαφῶς ᾔσθοντο τά
τε χρήματα ἐληλυθότα εἰς τὴν Ἑλλάδα καὶ τὰς μεγίστας πόλεις συνεστηκυίας ἐπὶ
πολέμῳ πρὸς ἑαυτούς, ἐν κινδύνῳ τε τὴν πόλιν ἐνόμισαν καὶ στρατεύειν
ἀναγκαῖον ἡγήσαντο εἶναι.
(2) Καὶ αὐτοὶ μὲν ταῦτα παρεσκευάζοντο, εὐθὺς δὲ καὶ ἐπὶ τὸν Ἀγησίλαον
πέμπουσιν Ἐπικυδίδαν. Ὁ δ᾽ ἐπεὶ ἀφίκετο, τά τε ἄλλα διηγεῖτο ὡς ἔχοι καὶ ὅτι ἡ
πόλις ἐπιστέλλοι αὐτῷ βοηθεῖν ὡς τάχιστα τῇ πατρίδι.
(3) Ὁ δὲ Ἀγησίλαος ἐπεὶ ἤκουσε, χαλεπῶς μὲν ἤνεγκεν, ἐνθυμούμενος καὶ οἵων
τιμῶν καὶ οἵων ἐλπίδων ἀπεστερεῖτο, ὅμως δὲ συγκαλέσας τοὺς συμμάχους
ἐδήλωσε τὰ ὑπὸ τῆς πόλεως παραγγελλόμενα, καὶ εἶπεν ὅτι ἀναγκαῖον εἴη
βοηθεῖν τῇ πατρίδι· « Ἐὰν μέντοι ἐκεῖνα καλῶς γένηται, εὖ ἐπίστασθε, » ἔφη, « ὦ
ἄνδρες σύμμαχοι, ὅτι οὐ μὴ ἐπιλάθωμαι ὑμῶν, ἀλλὰ πάλιν παρέσομαι πράξων
ὧν ὑμεῖς δεῖσθε. »
(4) Ἀκούσαντες ταῦτα πολλοὶ μὲν ἐδάκρυσαν, πάντες δ᾽ ἐψηφίσαντο βοηθεῖν
μετ᾽ Ἀγησιλάου τῇ Λακεδαίμονι· εἰ δὲ καλῶς τἀκεῖ γένοιτο, λαβόντες αὐτὸν πάλιν
ἥκειν εἰς τὴν Ἀσίαν.
(5) Καὶ οἱ μὲν δὴ συνεσκευάζοντο ὡς ἀκολουθήσοντες. Ὁ δ᾽ Ἀγησίλαος ἐν μὲν τῇ
Ἀσίᾳ κατέλιπεν Εὔξενον ἁρμοστὴν καὶ φρουροὺς παρ᾽ αὐτῷ οὐκ ἔλαττον
τετρακισχιλίων, ἵνα δύναιτο διασῴζειν τὰς πόλεις· αὐτὸς δὲ ὁρῶν ὅτι οἱ πολλοὶ
τῶν στρατιωτῶν μένειν ἐπεθύμουν μᾶλλον ἢ ἐφ᾽ Ἕλληνας στρατεύεσθαι,
βουλόμενος ὡς βελτίστους καὶ πλείστους ἄγειν μεθ᾽ ἑαυτοῦ, ἆθλα προύθηκε ταῖς
πόλεσιν, ἥτις ἄριστον στράτευμα πέμποι, καὶ τῶν μισθοφόρων τοῖς λοχαγοῖς,
ὅστις εὐοπλότατον λόχον ἔχων συστρατεύοιτο καὶ ὁπλιτῶν καὶ τοξοτῶν καὶ
πελταστῶν. Προεῖπε δὲ καὶ τοῖς ἱππάρχοις, ὅστις εὐιπποτάτην καὶ εὐοπλοτάτην
τάξιν παρέχοιτο, ὡς καὶ τούτοις νικητήριον δώσων.
(6) Τὴν δὲ κρίσιν ἔφη ποιήσειν, ἐπεὶ διαβαίησαν ἐκ τῆς Ἀσίας εἰς τὴν Εὐρώπην,
ἐν Χερρονήσῳ, ὅπως εὖ εἰδείησαν ὅτι τοὺς στρατευομένους δεῖ εὐκρινεῖν.
(7) Ἦν δὲ τὰ ἆθλα τὰ μὲν πλεῖστα ὅπλα ἐκπεπονημένα εἰς κόσμον καὶ ὁπλιτικὰ
καὶ ἱππικά· ἦσαν δὲ καὶ στέφανοι χρυσοῖ· τὰ δὲ πάντα ἆθλα οὐκ ἔλαττον
ἐγένοντο ἢ ἀπὸ τεττάρων ταλάντων. Τοσούτων μέντοι ἀναλωθέντων,
παμπόλλων χρημάτων ὅπλα εἰς τὴν στρατιὰν κατεσκευάσθη.
(8) Ἐπεὶ δὲ διέβη τὸν Ἑλλήσποντον, κριταὶ κατέστησαν Λακεδαιμονίων μὲν
Μένασκος καὶ Ἡριππίδας καὶ Ὄρσιππος, τῶν δὲ συμμάχων εἷς ἀπὸ πόλεως. Καὶ
Ἀγησίλαος μέν, ἐπεὶ τὴν κρίσιν ἐποίησεν, ἔχων τὸ στράτευμα ἐπορεύετο τὴν
αὐτὴν ὁδὸν ἥνπερ βασιλεὺς ὅτε ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα ἐστράτευεν.
(9) Ἐν δὲ τούτῳ οἱ μὲν ἔφοροι φρουρὰν ἔφηναν· ἡ δὲ πόλις, ἐπεὶ Ἀγησίπολις
παῖς ἔτι ἦν, Ἀριστόδημον τοῦ γένους ὄντα καὶ πρόδικον τοῦ παιδός, ἡγεῖσθαι τῇ
στρατιᾷ ἐκέλευον.
| [4,2,1] CHAPITRE II.
1. Tandis qu'Agésilas était occupé à ces préparatifs, les Lacédémoniens, ayant appris d'une
manière certaine que l'argent était arrivé en Grèce et que les villes les plus considérables
s'étaient liguées pour leur faire le guerre, jugèrent que l'État était en danger et crurent qu'il était
nécessaire d'entreprendre une campagne.
2. En même temps qu'ils s'y préparaient, ils envoyèrent à Agésilas Epicydidas. Dés son arrivée,
celui-ci lui exposa l'état général des affaires et lui transmit l'ordre de la ville de marcher en toute
hâte au secours de sa patrie.
3. En entendant cela, Agésilas fut vivement contrarié, en songeant de quels honneurs et de
quelles espérances il était frustré. Il n'en convoqua pas moins les alliés; il leur montra les
ordres qu'il avait reçus de la ville et leur dit qu'il était obligé d'aller au secours de sa patrie.
« Cependant, ajouta-t-il, si les choses tournent bien, soyez assurés, mes alliés, que je ne vous
oublierai pas et que je reviendrai pour achever ce que vous désirez. »
4. En entendant ces paroles, beaucoup se mirent à pleurer, mais ils votèrent tous d'aller avec
Agésilas au secours de Lacédémone, et, si les choses se passaient bien là-bas, de le ramener
avec eux en Asie.
5. Ils se préparèrent donc à l'accompagner. Quant à lui, il laissa en Asie Euxénos comme
harmoste, avec au moins quatre mille hommes de garnison pour qu'il pût garder les villes. Mais
s'apercevant lui-même que la plupart des soldats désiraient rester plutôt que de marcher contre
des Grecs, comme il voulait néanmoins emmener avec lui les meilleurs et le plus grand nombre
d'entre eux, il proposa des prix aux villes qui lui enverraient les meilleures troupes, ainsi qu'aux
lochages des mercenaires qui le suivraient dans son expédition avec le loche d'hoplites,
d'archers et de peltastes qui serait le mieux armé. Il fit aussi dire aux hipparques que celui qui
lui procurerait l'escadron le mieux monté et le mieux armé recevrait aussi un prix de sa main.
6. Il ajouta que le choix des gagnants se ferait en Chersonèse, quand ils auraient passé d'Asie
en Europe, pour leur faire bien entendre qu'ils devaient choisir avec soin les soldats qui
devaient faire partie de l'expédition.
7. Les prix étaient, pour la plupart, des armes de luxe pour hoplites et cavaliers; il y avait aussi
des couronnes d'or. Tous ces prix ne coûtaient pas moins de quatre talents. Cette grosse
dépense eut pour effet de provoquer la fabrication d'armes de grand prix pour l'armée.
8. L'Hellespont franchi, il établit pour juges les Lacédémoniens Ménascos, Hèrippidas et
Orsippos et un homme de chacune des villes alliées. Quand les prix eurent été distribués,
Agésilas s'avança avec son armée par la même route que le roi, quand il marcha contre la
Grèce.
9. Vers le même temps, les éphores levèrent une armée. Comme Agésipolis était encore
enfant, l'État en confia le commandement à Aristodémos, parent et tuteur du jeune prince.
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