[4,8,30] Ἐκ δὲ τούτου τὰς μὲν προσηγάγετο τῶν πόλεων, ἐκ δὲ τῶν οὐ
προσχωρουσῶν λεηλατῶν χρήματα τοῖς στρατιώταις, ἔσπευσεν εἰς τὴν Ῥόδον
ἀφικέσθαι. Ὅπως <δ᾽> ἂν καὶ ἐκεῖ ὡς ἐρρωμενέστατον τὸ στράτευμα ποιήσαιτο,
ἐξ ἄλλων τε πόλεων ἠργυρολόγει καὶ εἰς Ἄσπενδον ἀφικόμενος ὡρμίσατο εἰς
τὸν Εὐρυμέδοντα ποταμόν. ἤδη δ᾽ ἔχοντος αὐτοῦ χρήματα παρὰ τῶν
Ἀσπενδίων, ἀδικησάντων τι ἐκ τῶν ἀγρῶν τῶν στρατιωτῶν, ὀργισθέντες οἱ
Ἀσπένδιοι τῆς νυκτὸς ἐπιπεσόντες κατακόπτουσιν ἐν τῇ σκηνῇ αὐτόν.
(31) Καὶ Θρασύβουλος μὲν δὴ μάλα δοκῶν ἀνὴρ ἀγαθὸς εἶναι οὕτως
ἐτελεύτησεν. Οἱ μέντοι Ἀθηναῖοι ἑλόμενοι ἀντ᾽ αὐτοῦ Ἀγύρριον ἐπὶ τὰς ναῦς
ἐξέπεμψαν. Αἰσθόμενοι δ᾽ οἱ Λακεδαιμόνιοι ὅτι ἡ δεκάτη τε τῶν ἐκ τοῦ Πόντου
πεπραμένη εἴη ἐν Βυζαντίῳ ὑπ᾽ Ἀθηναίων καὶ Καλχηδόνα ἔχουσι καὶ αἱ ἄλλαι
Ἑλλησπόντιαι πόλεις φίλου ὄντος αὐτοῖς Φαρναβάζου εὖ ἔχοιεν, ἔγνωσαν
ἐπιμελητέον εἶναι.
(32) Τῷ μὲν οὖν Δερκυλίδᾳ οὐδὲν ἐμέμφοντο· Ἀναξίβιος μέντοι φίλων αὐτῷ
γενομένων τῶν ἐφόρων διεπράξατο ὥστε αὐτὸς ἐκπλεῦσαι ἁρμοστὴς εἰς
Ἄβυδον. Εἰ δὲ λάβοι ἀφορμὴν καὶ ναῦς, καὶ πολεμήσειν ὑπισχνεῖτο τοῖς
Ἀθηναίοις, ὥστε μὴ ἔχειν ἐκείνοις καλῶς τὰ ἐν Ἑλλησπόντῳ.
(33) Οἱ μὲν δὴ δόντες καὶ τρεῖς τριήρεις καὶ ἀφορμὴν εἰς ξένους χιλίους
ἐξέπεμψαν τὸν Ἀναξίβιον. Ὁ δὲ ἐπειδὴ ἀφίκετο, κατὰ γῆν μὲν ἁθροίσας ξενικὸν
τῶν τ᾽ Αἰολίδων πόλεων παρεσπᾶτό τινας τοῦ Φαρναβάζου καὶ
ἐπιστρατευσάσαις ταῖς πόλεσιν ἐπὶ τὴν Ἄβυδον ἀντεπεστράτευε καὶ
ἐπεπορεύετο καὶ ἐδῄου τὴν χώραν αὐτῶν· καὶ ναῦς δὲ πρὸς αἷς εἶχε
συμπληρώσας ἐξ Ἀβύδου τρεῖς ἄλλας κατῆγεν, εἴ τί που λαμβάνοι Ἀθηναίων
πλοῖον ἢ τῶν ἐκείνων συμμάχων.
(34) Αἰσθόμενοι δὲ ταῦτα οἱ Ἀθηναῖοι καὶ δεδιότες μὴ φθαρείη σφίσιν ἃ
κατεσκεύασεν ἐν τῷ Ἑλλησπόντῳ Θρασύβουλος, ἀντεκπέμπουσιν Ἰφικράτην
ναῦς ὀκτὼ ἔχοντα καὶ πελταστὰς εἰς διακοσίους καὶ χιλίους. Οἱ πλεῖστοι δὲ
αὐτῶν ἦσαν ὧν ἐν Κορίνθῳ ἦρξεν. Ἐπεὶ γὰρ οἱ Ἀργεῖοι τὴν Κόρινθον Ἄργος
ἐπεποίηντο, οὐδὲν ἔφασαν αὐτῶν δεῖσθαι· καὶ γὰρ ἀπεκτόνει τινὰς τῶν
ἀργολιζόντων· καὶ οὕτως ἀπελθὼν Ἀθήναζε οἴκοι ἔτυχεν ὤν.
(35) Ἐπεὶ δὲ ἀφίκετο εἰς Χερρόνησον, τὸ μὲν πρῶτον Ἀναξίβιος καὶ Ἰφικράτης
λῃστὰς διαπέμποντες ἐπολέμουν ἀλλήλοις· προϊόντος δὲ τοῦ χρόνου ὁ
Ἰφικράτης αἰσθόμενος καὶ Ἀναξίβιον οἰχόμενον εἰς Ἄντανδρον σύν τε τοῖς
μισθοφόροις καὶ τοῖς περὶ αὐτὸν Λακωνικοῖς καὶ σὺν Ἀβυδηνοῖς διακοσίοις
ὁπλίταις, καὶ ἀκούσας ὅτι τὴν Ἄντανδρον φιλίαν προσειληφὼς εἴη, ὑπονοῶν ὅτι
καταστήσας αὖ τὴν ἐκεῖ φρουρὰν ἀποπορεύσοιτο πάλιν καὶ ἀπάξοι τοὺς
Ἀβυδηνοὺς οἴκαδε, διαβὰς τῆς νυκτὸς ᾗ ἐρημότατον ἦν τῆς Ἀβυδηνῆς καὶ
ἐπανελθὼν εἰς τὰ ὄρη ἐνέδραν ἐποιήσατο. Τὰς δὲ τριήρεις αἳ διήγαγον αὐτὸν
ἐκέλευε παραπλεῖν ἅμα τῇ ἡμέρᾳ παρὰ τὴν Χερρόνησον τῆς ἄνω, ὅπως δοκοίη,
ὥσπερ εἰώθει, ἐπ᾽ ἀργυρολογίαν ἐπαναπεπλευκέναι.
(36) Ταῦτα δὲ ποιήσας οὐκ ἐψεύσθη, ἀλλ᾽ ὁ Ἀναξίβιος ἀπεπορεύετο, ὡς μὲν
ἐλέγετο, οὐδὲ τῶν ἱερῶν γεγενημένων αὐτῷ ἐκείνῃ τῇ ἡμέρᾳ, ἀλλὰ
καταφρονήσας, ὅτι διὰ φιλίας τε ἐπορεύετο καὶ εἰς πόλιν φιλίαν καὶ ὅτι ἤκουε τῶν
ἀπαντώντων τὸν Ἰφικράτην ἀναπεπλευκέναι τῆς ἐπὶ Προκοννήσου, ἀμελέστερον
ἐπορεύετο.
(37) Ὅμως δὲ ὁ Ἰφικράτης, ἕως μὲν ἐν τῷ ἰσοπέδῳ τὸ στράτευμα τοῦ Ἀναξιβίου
ἦν, οὐκ ἐξανίστατο· ἐπειδὴ δὲ οἱ μὲν Ἀβυδηνοὶ ἀφηγούμενοι ἤδη ἐν τῷ παρὰ
Κρεμαστὴν ἦσαν πεδίῳ, ἔνθα ἐστὶ τὰ χρύσεια αὐτοῖς, τὸ δ᾽ ἄλλο στράτευμα
ἑπόμενον ἐν τῷ κατάντει ἦν, ὁ δὲ Ἀναξίβιος ἄρτι κατέβαινε σὺν τοῖς Λακωνικοῖς,
ἐν τούτῳ ὁ Ἰφικράτης ἐξανίστησι τὴν ἐνέδραν καὶ δρόμῳ ἐφέρετο πρὸς αὐτόν.
(38) Καὶ ὁ Ἀναξίβιος γνοὺς μὴ εἶναι ἐλπίδα σωτηρίας, ὁρῶν ἐπὶ πολύ τε καὶ
στενὸν ἐκτεταμένον τὸ ἑαυτοῦ στράτευμα, καὶ νομίζων πρὸς τὸ ἄναντες οὐκ ἂν
δύνασθαι σαφῶς βοηθῆσαι ἑαυτῷ τοὺς προεληλυθότας, ὁρῶν δὲ καὶ
ἐκπεπληγμένους ἅπαντας, ὡς εἶδον τὴν ἐνέδραν, εἶπε πρὸς τοὺς παρόντας·«
Ἄνδρες, ἐμοὶ μὲν ἐνθάδε καλὸν ἀποθανεῖν· ὑμεῖς δὲ πρὶν συμμεῖξαι τοῖς
πολεμίοις σπεύδετε εἰς τὴν σωτηρίαν. »
(39) Καὶ ταῦτ᾽ ἔλεγε καὶ παρὰ τοῦ ὑπασπιστοῦ λαβὼν τὴν ἀσπίδα ἐν χώρᾳ
αὐτοῦ μαχόμενος ἀποθνῄσκει. Καὶ τὰ παιδικὰ μέντοι αὐτῷ παρέμεινε, καὶ τῶν
Λακεδαιμονίων δὲ τῶν συνεληλυθότων ἐκ τῶν πόλεων ἁρμοστήρων ὡς δώδεκα
μαχόμενοι συναπέθανον· οἱ δ᾽ ἄλλοι φεύγοντες ἔπιπτον. Οἱ δ᾽ ἐδίωκον μέχρι τοῦ
ἄστεως. Καὶ τῶν τε ἄλλων ὡς διακόσιοι ἀπέθανον καὶ τῶν Ἀβυδηνῶν ὁπλιτῶν
περὶ πεντήκοντα. ταῦτα δὲ πράξας ὁ Ἰφικράτης ἀνεχώρησε πάλιν εἰς
Χερρόνησον.
| [4,8,30] À la suite de cette victoire. Thrasybule reçut la soumission de quelques villes et ravagea
celles qui refusèrent son alliance et fournit ainsi de l'argent à ses troupes; puis il se hâta de
gagner Rhodes. Mais, pour avoir là aussi une armée aussi solide que possible, il rançonna
différentes villes, et se rendit en particulier à Aspendos, où il mouilla dans le fleuve Eurymédon.
Il avait déjà reçu l'argent des Aspendiens, lorsque ses soldats, ayant causé du dommage dans
la campagne, soulevèrent contre lui la colère des habitants, qui l'attaquèrent pendant la nuit, et
le massacrèrent dans sa tente.
31. Ainsi mourut Thrasybule qui avait la réputation d'être un excellent homme. Les Athéniens
choisirent à sa place Agyrrios et l'envoyèrent prendre le commandement de la flotte.
Cependant les Lacédémoniens, apprenant que les Athéniens avaient affermé à Byzance la
dîme prélevée sur les vaisseaux venant du Pont, qu'ils étaient en possession de Chalcédoine
et que les autres villes de l'Hellespont leur étaient favorables, parce que Pharnabaze était leur
ami, en conclurent qu'il fallait donner leur attention à la situation.
32. Ils n'avaient rien à reprocher à Dercylidas; mais Anaxibios, ayant gagné la faveur des
éphores, réussit à se faire envoyer comme harmoste à Abydos. Il promettait, si on lui accordait
des subsides et des vaisseaux, de faire la guerre aux Athéniens et de brouiller leurs affaires
dans l'Hellespont.
33. On lui donna trois trières et de quoi entretenir mille mercenaires et on l'envoya à Abydos.
Arrivé là, ses opérations sur terre furent les suivantes : il rassembla des mercenaires, il détacha
de Pharnabaze quelques villes de l'Éolide, il s'avança contre celles qui avaient marché contre
Abydos, envahit et ravagea leur territoire. Sur mer, il compléta sa flottille avec trois autres
vaisseaux qu'il équipa à Abydos et, s'il trouvait quelque part un bateau marchand des
Athéniens ou de leurs alliés, il le ramenaient au port.
34. Informé de ces faits, les Athéniens, craignant de perdre la situation que Thrasybule leur
avait faite dans l'Hellespont, envoyèrent contre Anaxibios Iphicrate avec huit vaisseaux et
environ douze cents peltastes, dont la plupart avaient servi sous ses ordres à Corinthe.
Lorsque les Argiens eurent incorporé Corinthe dans Argos, ils avaient déclaré qu'ils n'avaient
plus besoin d'eux. Iphicrate avait en effet mis à mort quelques-uns de leurs partisans. En
conséquence il était revenu à Athènes et il y habitait à ce moment.
35. Quand il fut arrivé dans la Chersonèse, Anaxibios et lui se firent d'abord la guerre en
envoyant partout des corsaires. Mais, au cours des opérations, Iphicrate fut informé
qu'Anaxibios était parti pour Antandros avec ses mercenaires, les Laconiens qui
l'accompagnaient et deux cents hoplites d'Abydos. Ayant appris aussi qu'il avait gagné
Antandros à son alliance, il soupçonna qu'après y avoir réorganisé la garde de cette place, il
reviendrait sur ses pas et ramènerait les Abydéniens chez eux. En conséquence, il s'engagea
de nuit dans la partie la plus déserte du territoire d'Abydos, gravit les montagnes et y dressa
une embuscade. Il ordonna en même temps aux trières qui l'avaient amené, de longer au point
du jour la Chersonèse, en remontant le détroit, afin de faire croire que, suivant son habitude, il
avait mis à la voile pour aller recueillir de l'argent.
36. En agissant ainsi, il ne fut pas déçu. Anaxibios en effet revint sur ses pas, bien qu'il n'eût
pas, dit-on, obtenu ce jour-là des auspices favorables. Il n'en tint aucun compte, parce qu'il
cheminait en pays ami vers une ville amie et parce qu'il avait appris de ceux qu'il rencontrait
qu'Iphicrate remontait avec ses vaisseaux vers Proconnèse, et il s'avançait avec peu de précaution.
37. Cependant Iphicrate ne bougea pas, tant que l'armée d'Anaxibios fut en terrain plat; mais
lorsque les Abydéniens qui ouvraient la marche furent arrivés dans la plaine de Crémastès, où
ils ont leurs mines d'or, que le reste de l'armée qui les suivait se trouva sur la pente de la
montagne, et qu'Anaxibios commençait à descendre avec les Laconiens, alors Iphicrate
s'élança de son embuscade et fondit sur lui au pas de course.
38. Anaxibios jugea aussitôt qu'il n'y avait pas d'espoir de salut, car il voyait son année
échelonnée longuement dans un défilé, et pensait que ceux qui étaient passés ne pourraient
certainement pas remonter la pente pour le secourir, et d'ailleurs il avait remarqué l'effroi qui
avait saisi tout son monde à la vue de l'embuscade. Alors il dit à ceux qui étaient près de lui :
« Soldats, je trouve beau de mourir ici. Pour vous, avant d'en venir aux mains avec l'ennemi,
hâtez-vous de nous sauver. »
39. À ces mots, il prit son bouclier des mains de son écuyer et tomba sur place en combattant.
Son mignon resta à ses côtés, ainsi qu'une douzaine d'harmostes lacédémoniens, qui étaient
venus le rejoindre de différentes villes. Les autres Lacédémoniens périrent en fuyant, car on les
poursuivit jusqu'aux portes de la ville. Il périt environ deux cents hommes des autres troupes et
une cinquantaine d'hoplites abydéniens. Après cet exploit, Iphicrate se retira de nouveau dans
la Chersonèse.
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