[3,3,50] (50) Καὶ ὁ Κῦρος εἶπεν·
- « Ὦ Χρυσάντα, μηδέν σε λυπούντων αἱ τοῦ
᾿Ασσυρίου παρακελεύσεις· οὐδεμία γάρ ἐστιν
οὕτω καλὴ παραίνεσις ἥτις τοὺς μὴ ὄντας
ἀγαθοὺς αὐθημερὸν ἀκούσαντας ἀγαθοὺς
ποιήσει· οὐκ ἂν οὖν τοξότας γε, εἰ μὴ ἔμπροσθεν
τοῦτο μεμελετηκότες εἶεν, οὐδὲ μὴν ἀκοντιστάς,
οὐδὲ μὴν ἱππέας, ἀλλ' οὐδὲ μὴν τά γε σώματα
ἱκανοὺς πονεῖν, ἢν μὴ πρόσθεν ἠσκηκότες ὦσι. »
(51) Καὶ ὁ Χρυσάντας εἶπεν·
- « Ἀλλ' ἀρκεῖ τοι, ὦ Κῦρε, ἢν τὰς ψυχὰς αὐτῶν
ἀμείνονας παρακελευσάμενος ποιήσῃς. »
- « Ἦ καὶ δύναιτ' ἄν, « ἔφη ὁ Κῦρος, « εἷς λόγος
ῥηθεὶς αὐθημερὸν αἰδοῦς μὲν ἐμπλῆσαι τὰς
ψυχὰς τῶν ἀκουόντων, ἢ ἀπὸ τῶν αἰσχρῶν
κωλῦσαι, προτρέψαι δὲ ὡς χρὴ ἐπαίνου μὲν
ἕνεκα πάντα μὲν πόνον, πάντα δὲ κίνδυνον
ὑποδύεσθαι, λαβεῖν δ' ἐν ταῖς γνώμαις βεβαίως
τοῦτο ὡς αἱρετώτερόν ἐστι μαχομένους
ἀποθνῄσκειν μᾶλλον ἢ φεύγοντας σῴζεσθαι;
(52) Ἆρ' οὐκ, ἔφη, εἰ μέλλουσι τοιαῦται διάνοιαι
ἐγγραφήσεσθαι ἀνθρώποις καὶ ἔμμονοι
ἔσεσθαι, πρῶτον μὲν νόμους ὑπάρξαι δεῖ
τοιούτους δι' ὧν τοῖς μὲν ἀγαθοῖς ἔντιμος καὶ
ἐλευθέριος ὁ βίος παρασκευασθήσεται, τοῖς δὲ
κακοῖς ταπεινός τε καὶ ἀλγεινὸς καὶ ἀβίωτος ὁ
αἰὼν ἐπανακείσεται; (53) Ἔπειτα διδασκάλους
οἶμαι δεῖ καὶ ἄρχοντας ἐπὶ τούτοις γενέσθαι οἵ
τινες δείξουσί τε ὀρθῶς καὶ διδάξουσι καὶ
ἐθιοῦσι ταῦτα δρᾶν, ἔστ' ἂν ἐγγένηται αὐτοῖς
τοὺς μὲν ἀγαθοὺς καὶ εὐκλεεῖς
εὐδαιμονεστάτους τῷ ὄντι νομίζειν, τοὺς δὲ
κακοὺς καὶ δυσκλεεῖς ἀθλιωτάτους ἁπάντων
ἡγεῖσθαι. οὕτω γὰρ δεῖ διατεθῆναι τοὺς
μέλλοντας τοῦ ἀπὸ τῶν πολεμίων φόβου τὴν
μάθησιν κρείττονα παρέξεσθαι. (54) Εἰ δέ τοι
ἰόντων εἰς μάχην σὺν ὅπλοις, ἐν ᾧ πολλοὶ καὶ
τῶν παλαιῶν μαθημάτων ἐξίστανται, ἐν τούτῳ
δυνήσεταί τις ἀπορραψῳδήσας παραχρῆμα
ἄνδρας πολεμικοὺς ποιῆσαι, πάντων ἂν ῥᾷστον
εἴη καὶ μαθεῖν καὶ διδάξαι τὴν μεγίστην τῶν ἐν
ἀνθρώποις ἀρετήν. (55) Ἐπεὶ ἔγωγ', ἔφη, οὐδ' ἂν
τούτοις ἐπίστευον ἐμμόνοις ἔσεσθαι οὓς νῦν
ἔχοντες παρ' ἡμῖν αὐτοῖς ἠσκοῦμεν, εἰ μὴ καὶ
ὑμᾶς ἑώρων παρόντας, οἳ καὶ παράδειγμα
αὐτοῖς ἔσεσθε οἵους χρὴ εἶναι καὶ ὑποβαλεῖν
δυνήσεσθε, ἤν τι ἐπιλανθάνωνται. τοὺς δ'
ἀπαιδεύτους παντάπασιν ἀρετῆς θαυμάζοιμ'
ἄν, ἔφη, ὦ Χρυσάντα, εἴ τι πλέον ἂν ὠφελήσειε
λόγος καλῶς ῥηθεὶς εἰς ἀνδραγαθίαν ἢ τοὺς
ἀπαιδεύτους μουσικῆς ᾆσμα καλῶς ᾀσθὲν εἰς μουσικήν. »
(56) Οἱ μὲν ταῦτα διελέγοντο. Ὁ δὲ Κυαξάρης
πάλιν πέμπων ἔλεγεν ὅτι ἐξαμαρτάνοι
διατρίβων καὶ οὐκ ἄγων ὡς τάχιστα ἐπὶ τοὺς
πολεμίους. Καὶ ὁ Κῦρος ἀπεκρίνατο δὴ τότε τοῖς ἀγγέλοις·
- « Ἀλλ' εὖ μὲν ἴστω, » ἔφη, « ὅτι οὔπω εἰσὶν ἔξω
ὅσους δεῖ· καὶ ταῦτα ἀπαγγέλλετε αὐτῷ ἐν
ἅπασιν· ὅμως δέ, ἐπεὶ ἐκείνῳ δοκεῖ, ἄξω ἤδη. »
(57) Ταῦτ' εἰπὼν καὶ προσευξάμενος τοῖς θεοῖς
ἐξῆγε τὸ στράτευμα. Ὡς δ' ἤρξατο ἄγειν, ἤδη
θᾶττον ἡγεῖτο, οἱ δ' εἵποντο εὐτάκτως μὲν διὰ
τὸ ἐπίστασθαί τε καὶ μεμελετηκέναι ἐν τάξει
πορεύεσθαι, ἐρρωμένως δὲ διὰ τὸ φιλονίκως
ἔχειν πρὸς ἀλλήλους καὶ διὰ τὸ τὰ σώματα
ἐκπεπονῆσθαι καὶ διὰ τὸ πάντας ἄρχοντας τοὺς
πρωτοστάτας εἶναι, ἡδέως δὲ διὰ τὸ φρονίμως
ἔχειν· ἠπίσταντο γὰρ καὶ ἐκ πολλοῦ οὕτως
ἐμεμαθήκεσαν ἀσφαλέστατον εἶναι καὶ ῥᾷστον
τὸ ὁμόσε ἰέναι τοῖς πολεμίοις, ἄλλως τε καὶ
τοξόταις καὶ ἀκοντισταῖς καὶ ἱππεῦσιν.
(58) Ἕως δ' ἔτι ἔξω βελῶν ἦσαν, παρηγγύα ὁ Κῦρος
σύνθημα Ζεὺς σύμμαχος καὶ ἡγεμών. Ἐπεὶ δὲ
πάλιν ἧκε τὸ σύνθημα ἀνταποδιδόμενον,
ἐξῆρχεν αὐτὸς ὁ Κῦρος παιᾶνα τὸν
νομιζόμενον· οἱ δὲ θεοσεβῶς πάντες
συνεπήχησαν μεγάλῃ τῇ φωνῇ· ἐν τῷ τοιούτῳ
γὰρ δὴ οἱ δεισιδαίμονες ἧττον τοὺς ἀνθρώπους
φοβοῦνται. (59) Ἐπεὶ δ' ὁ παιὰν ἐγένετο, ἅμα
πορευόμενοι οἱ ὁμότιμοι φαιδροὶ
(πεπαιδευμένοι) καὶ παρορῶντες εἰς ἀλλήλους,
ὀνομάζοντες παραστάτας, ἐπιστάτας, λέγοντες πολὺ τὸ
- « Ἄγετ' ἄνδρες φίλοι, ἄγετ' ἄνδρες ἀγαθοί, »
παρεκάλουν ἀλλήλους ἕπεσθαι. Οἱ δ' ὄπισθεν
αὐτῶν ἀκούσαντες ἀντιπαρεκελεύοντο τοῖς
πρώτοις ἡγεῖσθαι ἐρρωμένως. Ἦν δὲ μεστὸν τὸ
στράτευμα τῷ Κύρῳ προθυμίας, φιλοτιμίας,
ῥώμης, θάρρους, παρακελευσμοῦ, σωφροσύνης,
πειθοῦς, ὅπερ οἶμαι δεινότατον τοῖς ὑπεναντίοις.
| [3,3,50] (50) Cyrus répondit : «Chrysantas, que les exhortations de l’Assyrien
ne te mettent pas en souci ; car il n’y a pas d’exhortation assez belle pour
transformer le jour même en braves soldats les poltrons qui les ont
entendues, pour faire des archers de ceux qui ne se sont point exercés au
préalable, non plus que des lanceurs de javelots, ni des cavaliers, ni
même pour rendre endurants des hommes robustes, si on ne les a pas
entraînés auparavant. (51) — Mais il suffit, Cyrus, reprit Chrysantas, que
tes exhortations augmentent leur courage. — Suffirait-il, répondit Cyrus,
de prononcer un discours pour remplir aussitôt d’honneur les âmes de
ceux qui l’entendent, les détourner de la honte, leur persuader qu’il
faut, pour la gloire, affronter toutes sortes de travaux, toutes sortes de
dangers, leur inculquer la ferme conviction qu’il vaut mieux mourir en
combattant que de sauver ses jours en fuyant ? (52) Ne faut-il pas, ajouta-t-il,
si l’on veut graver de telles pensées dans l’esprit des hommes
d’une manière durable, ne faut-il pas qu’il y ait d’abord des lois qui
assurent aux braves une existence honorée et digne d’un homme libre,
qui condamnent les lâches à traîner une vie abjecte, pénible, indigne
d’être vécue ? (53) Il faut ensuite, je pense, leur donner des maîtres et
des chefs qui leur montrent comme il faut, leur apprennent et les
accoutument à observer ces maximes jusqu’à ce qu’ils aient enraciné
en eux l’opinion que les hommes courageux et renommés sont
réellement les plus heureux et que les lâches et les gens déshonorés sont
les plus malheureux de tous. Voilà de quels sentiments il faut être animé
pour montrer qu’on a une instruction plus forte que la crainte de
l’ennemi. (54) Si, au moment où l’on marche au combat, les armes à la
main, moment où beaucoup oublient ce qu’on leur a enseigné jadis, si,
dis-je, à ce moment-là on pouvait, par une déclamation, rendre
immédiatement les hommes belliqueux, ce serait la chose la plus facile au
monde d’apprendre et d’enseigner la plus grande vertu qui soit parmi
les hommes. (55) Pour moi, ajouta-t-il, je ne me fierais même pas à la
solidité de ceux que nous venons d’exercer nous-mêmes, si je ne vous
voyais là, vous aussi, pour leur donner l’exemple de ce qu’ils doivent
être, et si vous n’étiez capables de leur rappeler ce qu’ils peuvent
oublier. Quant à ceux qui n’ont pas du tout été dressés à la vertu, je
serais étonné, dit-il, Chrysantas, si un discours bien dit avait plus de
pouvoir pour les rendre braves qu’un air bien chanté pour rendre
musiciens des gens étrangers à la musique.»
(56) Tels étaient les propos qu’ils échangeaient. Mais Cyaxare envoya
de nouveau dire à Cyrus qu’il avait tort de différer et de ne point marcher
le plus vite possible sur l’ennemi. Cyrus répondit alors aux envoyés : «
Que Cyaxare sache bien que les ennemis ne sont pas encore sortis en
nombre suffisant. Allez lui dire cela en présence de tous. Néanmoins,
puisque c’est son avis, je vais avancer immédiatement.» (57) Ayant dit
cela et prié les dieux, il fit avancer son armée. Quand il eut commencé à
conduire, il conduisit de plus en plus rapidement, et ses soldats le suivirent
en bon ordre, parce qu’ils savaient, pour s’y être exercés, tenir leurs
rangs ; ils le suivaient avec assurance, parce qu’ils rivalisaient entre eux,
qu’ils s’étaient habitués à la fatigue et que leurs chefs étaient au
premier rang ; et ils le suivaient avec joie, parce qu’ils avaient l’esprit
éclairé : ils savaient, en effet, pour l’avoir appris depuis longtemps que le
plus sûr et le plus facile, c’était de charger l’ennemi, surtout les
archers, les lanceurs de javelots et les cavaliers.
(58) Pendant qu’ils étaient encore hors de portée des traits, Cyrus donna
pour mot de ralliement Zeus allié et guide ; et quand le mot d’ordre revint
à lui, Cyrus lui-même entonna le péan habituel et tous les soldats le
chantèrent avec lui religieusement et à pleine voix ; car, en pareil cas,
ceux qui craignent les dieux ont moins peur des hommes. (59) Le péan
fini, les homotimes s’avancent, le visage radieux, (bien instruits), se
regardant les uns les autres, appelant par leur nom ceux qui étaient à côté
d’eux et derrière eux, en répétant : «Allons, amis ; allons, mes braves,»
et s’exhortant les uns les autres à suivre. Ceux qui étaient derrière, les
entendant, exhortaient à leur tour les premiers à les mener
vigoureusement. L’armée de Cyrus était remplie d’ardeur, d’amour
de la gloire, de force, d’audace, de zèle à s’encourager, de prudence
et d’obéissance : ce sont là, je crois, les dispositions qui sont pour
l’ennemi le plus redoutable des dangers.
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