[3,3,60] (60) Τῶν δ' ᾿Ασσυρίων οἱ μὲν ἀπὸ τῶν ἁρμάτων
προμαχοῦντες, ὡς ἐγγὺς ἤδη προσεμίγνυε τὸ
Περσικὸν πλῆθος, ἀνέβαινόν τε ἐπὶ τὰ ἅρματα
καὶ ὑπεξῆγον πρὸς τὸ ἑαυτῶν πλῆθος· οἱ δὲ
τοξόται καὶ ἀκοντισταὶ καὶ σφενδονῆται αὐτῶν
ἀφίεσαν τὰ βέλη πολὺ πρὶν ἐξικνεῖσθαι.
(61) Ὡς δ' ἐπιόντες οἱ Πέρσαι ἐπέβησαν τῶν ἀφειμένων
βελῶν, ἐφθέγξατο δὴ ὁ Κῦρος·
- « Ἄνδρες ἄριστοι, ἤδη θᾶττόν τις ἰὼν
ἐπιδεικνύτω ἑαυτὸν καὶ παρεγγυάτω. »
Οἱ μὲν δὴ παρεδίδοσαν· ὑπὸ δὲ προθυμίας καὶ
μένους καὶ τοῦ σπεύδειν συμμεῖξαι δρόμου
τινὲς ἦρξαν, συνεφείπετο δὲ καὶ πᾶσα ἡ φάλαγξ
δρόμῳ. (62) Καὶ αὐτὸς δὲ ὁ Κῦρος ἐπιλαθόμενος
τοῦ βάδην δρόμῳ ἡγεῖτο, καὶ ἅμα ἐφθέγγετο
- « Τίς ἕψεται; τίς ἀγαθός; τίς ἄνδρα πρῶτος καταβαλεῖ; »
Οἱ δὲ ἀκούσαντες ταὐτὸ τοῦτο ἐφθέγγοντο, καὶ
διὰ πάντων δὲ ὥσπερ παρηγγύα οὕτως ἐχώρει
- « Τίς ἕψεται; τίς ἀγαθός; »
(63) Οἱ μὲν δὴ Πέρσαι οὕτως ἔχοντες ὁμόσε
ἐφέροντο. Οἵ γε μὴν πολέμιοι οὐκέτι ἐδύναντο
μένειν, ἀλλὰ στραφέντες ἔφευγον εἰς τὸ ἔρυμα.
(64) Οἱ δ' αὖ Πέρσαι κατά τε τὰς εἰσόδους
ἐφεπόμενοι ὠθουμένων αὐτῶν πολλοὺς
κατεστρώννυσαν, τοὺς δ' εἰς τὰς τάφρους
ἐμπίπτοντας ἐπεισπηδῶντες ἐφόνευον ἄνδρας
ὁμοῦ καὶ ἵππους· ἔνια γὰρ τῶν ἁρμάτων εἰς τὰς
τάφρους ἠναγκάσθη φεύγοντα ἐμπεσεῖν.
(65) Καὶ οἱ τῶν Μήδων δ' ἱππεῖς ὁρῶντες ταῦτα
ἤλαυνον εἰς τοὺς ἱππέας τοὺς τῶν πολεμίων· οἱ
δ' ἐνέκλιναν καὶ αὐτοί. Ἔνθα δὴ καὶ ἵππων
διωγμὸς ἦν καὶ ἀνδρῶν, καὶ φόνος δὲ
ἀμφοτέρων. (66) Οἱ δ' ἐντὸς τοῦ ἐρύματος τῶν
᾿Ασσυρίων ἑστηκότες ἐπὶ τῆς κεφαλῆς τῆς
τάφρου τοξεύειν μὲν ἢ ἀκοντίζειν εἰς τοὺς
κατακαίνοντας οὔτε ἐφρόνουν οὔτε ἐδύναντο
διὰ τὰ δεινὰ ὁράματα καὶ διὰ τὸν φόβον. Τάχα
δὲ καὶ καταμαθόντες τῶν Περσῶν τινας
διακεκοφότας πρὸς τὰς εἰσόδους τοῦ ἐρύματος
ἐτράποντο καὶ ἀπὸ τῶν κεφαλῶν τῶν ἔνδον.
(67) Ἰδοῦσαι δ' αἱ γυναῖκες τῶν ᾿Ασσυρίων καὶ
τῶν συμμάχων ἤδη φυγὴν καὶ ἐν τῷ
στρατοπέδῳ ἀνέκραγον καὶ ἔθεον
ἐκπεπληγμέναι, αἱ μὲν καὶ τέκνα ἔχουσαι, αἱ δὲ
καὶ νεώτεραι, καταρρηγνύμεναί τε πέπλους καὶ
δρυπτόμεναι, καὶ ἱκετεύουσαι πάντας ὅτῳ
ἐντυγχάνοιεν μὴ φεύγειν καταλιπόντας αὐτάς,
ἀλλ' ἀμῦναι καὶ αὐταῖς καὶ τέκνοις καὶ σφίσιν
αὐτοῖς. (68) Ἔνθα δὴ καὶ αὐτοὶ οἱ βασιλεῖς σὺν
τοῖς πιστοτάτοις στάντες ἐπὶ τὰς εἰσόδους καὶ
ἀναβάντες ἐπὶ τὰς κεφαλὰς καὶ αὐτοὶ ἐμάχοντο
καὶ τοῖς ἄλλοις παρεκελεύοντο. (69) Ὡς δ' ἔγνω
ὁ Κῦρος τὰ γιγνόμενα, δείσας μὴ καὶ εἰ
βιάσαιντο εἴσω, ὀλίγοι ὄντες ὑπὸ πολλῶν
σφαλεῖέν τι, παρηγγύησεν ἐπὶ πόδ' ἀνάγειν ἔξω
βελῶν (καὶ πείθεσθαι).
| [3,3,60] (60) Du côté des Assyriens, ceux qui combattaient au premier rang sur
des chars, voyant approcher le gros des Perses, montèrent sur leurs chars et
se retirèrent vers les leurs. Puis leurs archers, leurs lanceurs de javelots et
leurs frondeurs lancèrent leurs traits beaucoup trop tôt pour atteindre leurs
ennemis. (61) Cependant les Perses avançaient et foulaient aux pieds les
traits lancés contre eux. Alors Cyrus s’écrie : «Allons, mes braves ;
c’est le moment de vous montrer et d’encourager les autres à faire
comme vous.» Le mot fut transmis, et enflammés de zèle et de courage,
et impatients d’aborder l’ennemi, quelques-uns se mirent à courir, et
toute la phalange les suivit au pas de course. (62) Alors Cyrus, oubliant la
marche au pas, se mit à courir lui aussi à la tête de ses troupes, tout en
criant : «Qui me suivra ? Qui sera brave ? Qui, le premier, abattra un
ennemi ?» Les soldats qui l’avaient entendu répétaient ses paroles et à
travers tous les rangs, comme il l’avait commandé, on entendait courir
ce cri : «Qui suivra ? Qui sera brave ?» (63) Et les Perses, ainsi animés,
couraient sus aux ennemis ; mais ceux-ci n’eurent pas la force de les
attendre ; ils tournèrent le dos et s’enfuirent dans le retranchement.
(64) Les Perses, de leur côté, les poursuivirent à travers les portes où ils se
pressaient, en abattirent un grand nombre, et sautant dans les fossés, ils
tuèrent ceux qui s’y précipitaient, hommes et chevaux également, car
quelques-uns des chars furent contraints dans leur fuite de se jeter dans
les fossés. (65) Voyant cela, la cavalerie mède s’élança contre la
cavalerie ennemie, qui céda aussi. Alors ce fut la poursuite des chevaux et
des hommes, et le massacre des uns et des autres. (66) Ceux des
Assyriens qui se tenaient à l’intérieur du retranchement sur le rebord du
fossé, n’avaient ni la pensée ni la force de lancer leurs flèches ni leurs
javelots sur ceux qui égorgeaient leurs camarades, tant cette terrible
vision les glaçait d’effroi ! Et bientôt même voyant des Perses se frayer
un passage jusqu’aux entrées du retranchement, ils s’enfuirent aussi
des rebords intérieurs du fossé.
(67) Les femmes des Assyriens et de leurs alliés, voyant la déroute
commencer dans l’intérieur même du camp, se mirent à pousser des cris
et à courir épouvantées ; les unes tenant leurs enfants dans les bras, les
autres, plus jeunes, déchirant leurs habits et se meurtrissant, suppliaient
tous ceux qu’elles rencontraient de ne pas fuir en les abandonnant, mais
de les défendre ainsi que leurs enfants et eux-mêmes. (68) Dans ce
moment, les rois, en personne, avec leurs troupes les plus fidèles, se
portant aux entrées et montant sur le revers du fossé, combattaient eux-
mêmes et encourageaient les autres. (69) Cyrus, voyant ce qui se passait,
craignit que, si ses gens forçaient l’entrée leur petit nombre ne fût
accablé par la multitude des ennemis, et fit passer l’ordre de faire retraite
hors de la portée des traits et d’obéir.
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