[3,3,40] (40) Τέλος εἶπεν ἀπιόντας ἀριστᾶν
ἐστεφανωμένους καὶ σπονδὰς ποιησαμένους
ἥκειν εἰς τὰς τάξεις αὐτοῖς στεφάνοις. Ἐπεὶ δ'
ἀπῆλθον, αὖθις τοὺς οὐραγοὺς προσεκάλεσε,
καὶ τούτοις τοιάδε ἐνετέλλετο.
(41) - « Ἄνδρες Πέρσαι, ὑμεῖς καὶ τῶν ὁμοτίμων
γεγόνατε καὶ ἐπιλελεγμένοι ἐστέ, οἳ δοκεῖτε τὰ
μὲν ἄλλα τοῖς κρατίστοις ὅμοιοι εἶναι, τῇ δ'
ἡλικίᾳ καὶ φρονιμώτεροι. Καὶ τοίνυν χώραν
ἔχετε οὐδὲν ἧττον ἔντιμον τῶν πρωτοστατῶν·
ὑμεῖς γὰρ ὄπισθεν ὄντες τούς τ' ἀγαθοὺς ἂν
ἐφορῶντες καὶ ἐπικελεύοντες αὐτοῖς ἔτι
κρείττους ποιοῖτε, καὶ εἴ τις μαλακίζοιτο, καὶ
τοῦτον ὁρῶντες οὐκ ἂν ἐπιτρέποιτε αὐτῷ.
(42) Συμφέρει δ' ὑμῖν, εἴπερ τῳ καὶ ἄλλῳ, τὸ νικᾶν
καὶ διὰ τὴν ἡλικίαν καὶ διὰ τὸ βάρος τῆς
στολῆς. Ἢν δ' ἄρα ὑμᾶς καὶ οἱ ἔμπροσθεν
ἀνακαλοῦντες ἕπεσθαι παρεγγυῶσιν,
ὑπακούετε αὐτοῖς, καὶ ὅπως μηδ' ἐν τούτῳ
αὐτῶν ἡττηθήσεσθε, ἀντιπαρακελευόμενοι
αὐτοῖς θᾶττον ἡγεῖσθαι ἐπὶ τοὺς πολεμίους. Καὶ
ἀπιόντες, ἔφη, ἀριστήσαντες καὶ ὑμεῖς ἥκετε
σὺν τοῖς ἄλλοις ἐστεφανωμένοι ἐς τὰς τάξεις. »
(43) Οἱ μὲν δὴ ἀμφὶ Κῦρον ἐν τούτοις ἦσαν· οἱ δὲ
᾿Ασσύριοι καὶ δὴ ἠριστηκότες ἐξῇσάν τε
θρασέως καὶ παρετάττοντο ἐρρωμένως.
Παρέταττε δὲ αὐτοὺς αὐτὸς ὁ βασιλεὺς ἐφ'
ἅρματος παρελαύνων καὶ τοιάδε παρεκελεύετο.
(44) - « Ἄνδρες ᾿Ασσύριοι, νῦν δεῖ ἄνδρας
ἀγαθοὺς εἶναι· νῦν γὰρ ὑπὲρ ψυχῶν τῶν
ὑμετέρων ἁγὼν καὶ ὑπὲρ γῆς ἐν ᾗ ἔφυτε καὶ
(περὶ) οἴκων ἐν οἷς ἐτράφητε, καὶ ὑπὲρ
γυναικῶν τε καὶ τέκνων καὶ περὶ πάντων ὧν
πέπασθε ἀγαθῶν. νικήσαντες μὲν γὰρ ἁπάντων
τούτων ὑμεῖς ὥσπερ πρόσθεν κύριοι ἔσεσθε· εἰ
δ' ἡττηθήσεσθε, εὖ ἴστε ὅτι παραδώσετε ταῦτα
πάντα τοῖς πολεμίοις. (45) Ἅτε οὖν νίκης
ἐρῶντες μένοντες μάχεσθε. Μῶρον γὰρ τὸ
κρατεῖν βουλομένους τὰ τυφλὰ τοῦ σώματος
καὶ ἄοπλα καὶ ἄχειρα ταῦτα ἐναντία τάττειν
τοῖς πολεμίοις φεύγοντας· μῶρος δὲ καὶ εἴ τις
ζῆν βουλόμενος φεύγειν ἐπιχειροίη, εἰδὼς ὅτι οἱ
μὲν νικῶντες σῴζονται, οἱ δὲ φεύγοντες
ἀποθνῄσκουσι μᾶλλον τῶν μενόντων· μῶρος δὲ
καὶ εἴ τις χρημάτων ἐπιθυμῶν ἧτταν προσίεται.
Τίς γὰρ οὐκ οἶδεν ὅτι οἱ μὲν νικῶντες τά τε
ἑαυτῶν σῴζουσι καὶ τὰ τῶν ἡττωμένων
προσλαμβάνουσιν, οἱ δὲ ἡττώμενοι ἅμα
ἑαυτούς τε καὶ τὰ ἑαυτῶν πάντα ἀποβάλλουσιν; »
Ὁ μὲν δὴ ᾿Ασσύριος ἐν τούτοις ἦν.
(46) Ὁ δὲ Κυαξάρης πέμπων πρὸς τὸν Κῦρον
ἔλεγεν ὅτι ἤδη καιρὸς εἴη ἄγειν ἐπὶ τοὺς πολεμίους·
- « Εἰ γὰρ νῦν, » ἔφη, « ἔτι ὀλίγοι εἰσὶν οἱ ἔξω τοῦ
ἐρύματος, ἐν ᾧ ἂν προσίωμεν πολλοὶ ἔσονται·
μὴ οὖν ἀναμείνωμεν ἕως ἂν πλείους ἡμῶν
γένωνται. Ἀλλ' ἴωμεν ἕως ἔτι οἰόμεθα εὐπετῶς
ἂν αὐτῶν κρατῆσαι. »
(47) Ὁ δ' αὖ Κῦρος ἀπεκρίνατο·
- « Ὦ Κυαξάρη, εἰ μὴ ὑπὲρ ἥμισυ αὐτῶν ἔσονται
οἱ ἡττηθέντες, εὖ ἴσθι ὅτι ἡμᾶς μὲν ἐροῦσι
φοβουμένους τὸ πλῆθος τοῖς ὀλίγοις
ἐπιχειρῆσαι, αὐτοὶ δὲ οὐ νομιοῦσιν ἡττῆσθαι,
ἀλλ' ἄλλης σοι μάχης δεήσει, ἐν ᾗ ἄμεινον ἂν
ἴσως βουλεύσαιντο ἢ νῦν βεβούλευνται,
παραδόντες ἑαυτοὺς ἡμῖν ταμιεύεσθαι ὥσθ'
ὁπόσοις ἂν βουλώμεθα αὐτῶν μάχεσθαι. »
(48) Οἱ μὲν δὴ ἄγγελοι ταῦτ' ἀκούσαντες ᾤχοντο.
ἐν τούτῳ δὲ ἧκε Χρυσάντας ὁ Πέρσης καὶ ἄλλοι
τινὲς τῶν ὁμοτίμων αὐτομόλους ἄγοντες. Καὶ ὁ
Κῦρος ὥσπερ εἰκὸς ἠρώτα τοὺς αὐτομόλους τὰ
ἐκ τῶν πολεμίων. Οἱ δ' ἔλεγον ὅτι ἐξίοιέν τε ἤδη
σὺν τοῖς ὅπλοις καὶ παρατάττοι αὐτοὺς αὐτὸς ὁ
βασιλεὺς ἔξω ὢν καὶ παρακελεύοιτο μὲν δὴ τοῖς
αἰεὶ ἔξω οὖσι πολλά τε καὶ ἰσχυρά, ὡς ἔφασαν
λέγειν τοὺς ἀκούοντας.
(49) Ἔνθα δὴ ὁ Χρυσάντας εἶπε·
- « Τί δ', » ἔφη, « ὦ Κῦρε, εἰ καὶ σὺ συγκαλέσας
ἕως ἔτι ἔξεστι παρακελεύσαιο, εἰ ἄρα τι καὶ σὺ
ἀμείνους ποιήσαις τοὺς στρατιώτας; »
| [3,3,40] Il termina en leur disant d’aller déjeuner, leurs couronnes sur la tête, et,
les libations faites, de gagner leurs compagnies, toujours ceints de leurs couronnes.
Quand ils furent sortis, il convoqua encore les serrefiles et leur fit ces
recommandations : (41) «Vous, Perses, vous voilà au rang des
homotimes et l’on vous a choisis parce que vous ressemblez, à tous
égards, aux meilleurs, et qu’en outre, l’âge vous a rendus plus sages.
Vous occupez une place qui n’est pas moins honorable que celle des
soldats du premier rang ; placés au dernier rang, vous pouvez en ayant
l’oeil sur les braves, en les encourageant, les rendre plus braves encore
; s’il en est qui faiblissent, vous les verrez aussi, et vous les en
empêcherez. (42) Au reste, vous êtes plus que personne intéressés à la
victoire, tant à cause de votre âge qu’en raison de la pesanteur de votre
armure. Si donc ceux qui sont en avant, vous appellent et vous
commandent de les suivre, écoutez-les, et pour ne pas être en reste avec
eux, exhortez-les à votre tour à mener plus vite à l’ennemi. Retirez-vous
maintenant, déjeunez et rejoignez avec les autres, la couronne en tête,
vos bataillons.»
(43) Tandis que cela se passait dans le camp de Cyrus, les Assyriens qui
avaient déjà déjeuné, sortirent hardiment et se rangèrent bravement en
bataille, sous les ordres du roi lui-même, qui passant, sur son char, le long
des rangs, les haranguait ainsi : (44) «Assyriens, c’est à présent qu’il
faut montrer votre bravoure ; car, à présent, c’est pour votre vie que
vous combattez, c’est pour la terre où vous êtes nés, pour les maisons
où vous avez été élevés, c’est pour vos femmes et vos enfants et pour
tous les biens que vous possédez. Vainqueurs, vous restez maîtres,
comme auparavant, de tous ces biens ; vaincus, sachez que vous laissez
tout cela aux mains de l’ennemi. (45) Combattez donc de pied ferme, en
hommes qui veulent être vainqueurs ; car c’est une folie, quand on veut
la victoire, d’opposer, en fuyant, à l’ennemi les parties du corps qui
sont sans yeux, sans armes et sans mains. C’est une folie aussi, quand
on veut vivre, de se mettre à fuir ; car on sait que ce sont les vainqueurs
qui sauvent leur vie et qu’en fuyant on est plus exposé à la mort qu’en
tenant ferme. C’est une folie encore quand on désire la richesse, de se
laisser vaincre ; car qui ne sait que les vainqueurs non seulement sauvent
leurs biens, mais encore prennent ceux des vaincus, et que les vaincus
perdent à la fois leur personne et leurs biens ?» Voilà ce que faisait l’Assyrien.
(46) Dans ce moment, Cyaxare envoya dire à Cyrus qu’il était temps de
marcher à l’ennemi. «Les Assyriens, disait-il, n’ont encore à présent
qu’une poignée d’hommes hors des retranchements ; mais leur
nombre s’accroîtra pendant que nous irons à leur rencontre ; aussi
n’attendons pas qu’ils soient plus nombreux que nous ; chargeons-les,
au contraire, tandis que nous croyons encore pouvoir les écraser
facilement.» (47) Cyrus lui répondit «Sache bien, Cyaxare, que, si le
nombre des vaincus ne dépasse pas la moitié de leur armée, ils diront
qu’effrayés de leur multitude, nous n’avons osé attaquer qu’un petit
nombre ; ils ne se croiront point vaincus ; tu devras livrer encore une autre
bataille, où peut-être ils prendront de meilleurs dispositions qu’à présent,
où ils nous laissent limiter le nombre d’entre eux que nous voulons
combattre.» (48) Les envoyés s’en retournèrent avec cette réponse.
A ce moment, le Perse Chrysantas et un certain nombre d’autres
homotimes amenaient des déserteurs. Cyrus, naturellement, les
interrogea sur ce qui se passait chez les ennemis ; ils répondirent qu’ils
sortaient à présent en armes et que le roi lui-même était dehors, les
rangeait en bataille et leur adressait au fur et à mesure qu’ils sortaient
beaucoup de fortes exhortations, s’il fallait en croire ceux qui les avaient
entendues. (49) Alors Chrysantas prit la parole : «Mais quoi ? Cyrus, si tu
assemblais les tiens pour les haranguer, tandis qu’il en est encore
temps, peut-être pourrais-tu, toi aussi, les rendre plus braves.»
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