[9] Κεφάλαιον θʹ
(1) Ἀλλὰ μὴν ἐρῶ γε ὡς καὶ τὸν τρόπον ὑπεστήσατο τῆι τοῦ
Πέρσου ἀλαζονείαι. πρῶτον <μὲν> γὰρ ὁ μὲν τῶι σπανίως ὁρᾶσθαι
ἐσεμνύετο, Ἀγησίλαος δὲ τῶι ἀεὶ ἐμφανὴς εἶναι ἠγάλλετο, νομίζων
αἰσχρουρίαι μὲν τὸ ἀφανίζεσθαι πρέπειν, τῶι δὲ εἰς κάλλος βίωι τὸ
φῶς μᾶλλον κόσμον παρέχειν. (2) ἔπειτα δὲ ὁ μὲν τῶι δυσπρόσοδος
εἶναι ἐσεμνύνετο, ὁ δὲ τῶι πᾶσιν εὐπρόσοδος εἶναι ἔχαιρε· καὶ ὁ μὲν
ἡβρύνετο τῶι βραδέως διαπράττειν, ὁ δὲ τότε μάλιστα ἔχαιρεν ὁπότε
τάχιστα τυχόντας ὧν δέοιντο ἀποπέμποι. (3) ἀλλὰ μὴν καὶ τὴν
εὐπάθειαν ὅσωι ῥάιονα καὶ εὐπορωτέραν Ἀγησίλαος ἐπετήδευσεν
ἄξιον κατανοῆσαι. τῶι μὲν γὰρ Πέρσηι πᾶσαν γῆν περιέρχονται
μαστεύοντες τί ἂν ἡδέως πίοι, μυρίοι δὲ τεχνῶνται τί ἂν ἡδέως
φάγοι· ὅπως γε μὲν καταδάρθοι οὐδ᾽ ἂν εἴποι τις ὅσα
πραγματεύονται. Ἀγησίλαος δὲ διὰ τὸ φιλόπονος εἶναι πᾶν μὲν τὸ
παρὸν ἡδέως ἔπινε, πᾶν δὲ τὸ συντυχὸν ἡδέως ἤσθιεν· εἰς δὲ τὸ
ἁσμένως κοιμηθῆναι πᾶς τόπος ἱκανὸς ἦν αὐτῶι. (4) καὶ ταῦτα οὐ
μόνον πράττων ἔχαιρεν, ἀλλὰ καὶ ἐνθυμούμενος ἠγάλλετο ὅτι αὐτὸς
μὲν ἐν μέσαις ταῖς εὐφροσύναις ἀναστρέφοιτο, τὸν δὲ βάρβαρον
ἑώρα, εἰ μέλλοι ἀλύπως βιώσεσθαι, συνελκυστέον αὐτῶι (ταῖς) ἀπὸ
περάτων τῆς γῆς τὰ τέρψοντα. (5) ηὔφραινε δὲ αὐτὸν καὶ τάδε, ὅτι
αὐτὸς μὲν ἤιδει τῆι τῶν θεῶν κατασκευῆι δυνάμενος ἀλύπως
χρῆσθαι, τὸν δὲ ἑώρα φεύγοντα μὲν θάλπη, φεύγοντα δὲ ψύχη, δι᾽
ἀσθένειαν ψυχῆς, οὐκ ἀνδρῶν ἀγαθῶν ἀλλὰ θηρίων τῶν
ἀσθενεστάτων βίον μιμούμενον. (6) ἐκεῖνό γε μὴν πῶς οὐ καλὸν καὶ
μεγαλογνῶμον, τὸ αὐτὸν μὲν ἀνδρὸς ἔργοις καὶ κτήμασι κοσμεῖν τὸν
ἑαυτοῦ οἶκον, κύνας τε πολλοὺς θηρευτὰς καὶ ἵππους
πολεμιστηρίους τρέφοντα, Κυνίσκαν δὲ ἀδελφὴν οὖσαν πεῖσαι
ἁρματοτροφεῖν καὶ ἐπιδεῖξαι νικώσης αὐτῆς ὅτι τὸ θρέμμα τοῦτο οὐκ
ἀνδραγαθίας ἀλλὰ πλούτου ἐπίδειγμά ἐστι; (7) τόδε γε μὴν πῶς οὐ
σαφῶς πρὸς τὸ γενναῖον ἔγνω, ὅτι ἅρματι μὲν νικήσας τοὺς ἰδιώτας
οὐδὲν ὀνομαστότερος ἂν (εἴη) γένοιτο, εἰ δὲ φίλην μὲν πάντων
μάλιστα τὴν πόλιν ἔχοι, πλείστους δὲ φίλους καὶ ἀρίστους ἀνὰ
πᾶσαν τὴν γῆν κεκτῆιτο, νικώιη δὲ τὴν μὲν πατρίδα καὶ τοὺς
ἑταίρους εὐεργετῶν, τοὺς δὲ ἀντιπάλους τιμωρούμενος, ὅτι οὕτως ἂν
εἴη νικηφόρος τῶν καλλίστων καὶ μεγαλοπρεπεστάτων
ἀγωνισμάτων καὶ ὀνομαστότατος καὶ ζῶν καὶ τελευτήσας γένοιτ᾽
ἄν;
| [9] CHAPITRE IX
Je vais dire à présent comment il se fit un régime de
vie tout opposé au faste du Perse. D'abord, l'un croyait
qu'il était de sa dignité de se laisser voir rarement;
Agésilas, au contraire, aimait à se produire en tout temps,
persuadé que, s'il convient à l'infamie de se cacher, le
grand jour prête un nouveau lustre à une belle vie.
Ensuite l'un se faisait gloire d'être difficilement accessible,
l'autre prenait plaisir à se rendre accessible à tout le
monde. L'un se targuait de sa lenteur en affaires, l'autre
n'avait jamais plus de plaisir que d'accorder aussitôt la
demande qu'on lui faisait. En ce qui regarde le confort,
combien les goûts d'Agésilas étaient plus simples et plus
faciles à satisfaire, cela vaut la peine d'être marqué.
Pour le Perse, des gens courent la terre entière à la
recherche de ce qu'il pourrait boire avec plaisir, des
milliers d'autres s'efforcent d'inventer de quoi piquer
son appétit, et, pour le faire dormir, on ne saurait dire
toute la peine qu'on se donne. Agésilas, grâce à son amour
du travail, buvait avec plaisir tout ce qu'il avait sous la
main, mangeait avec plaisir le premier aliment venu, et,
pour dormir agréablement, toute place lui était bonne.
Et non seulement il trouvait là son bonheur, mais encore
il était fier de penser qu'il vivait lui-même au milieu des
plaisirs, tandis qu'il voyait que le Barbare, pour mener
une vie sans chagrin, devait se faire chercher aux extrémités
de la terre de quoi le réjouir. Ce dont il se félicitait
encore, c'est qu'il se sentait capable de s'accommoder
sans peine de l'ordre divin du monde, tandis qu'il voyait
le roi fuir la chaleur, fuir le froid et vivre, par faiblesse
d'âme, non comme un homme de coeur, mais comme le
plus chétif des animaux.
N'est-ce pas aussi une belle et noble chose que son goût
pour des occupations qui conviennent à un héros et pour
les animaux dont il peupla sa maison, où il élevait quantité
de chiens de chasse et de chevaux de guerre? C'en
est une aussi d'avoir persuadé à Kynisca, sa soeur, d'élever
des chevaux et de lui avoir montré, quand elle eut
remporté la victoire, que l'entretien d'une écurie annon-
çait, non pas le courage, mais l'opulence. Ce qui prouve
encore avec évidence la grandeur de ses sentiments, c'est
la conviction où il était qu'une victoire remportée sur
des particuliers dans une course de chars n'ajouterait
rien à sa renommée, que si, au contraire, il tenait le premier
rang dans l'affection de son peuple, s'il gagnait par
toute la terre les amis les plus nombreux et les meilleurs,
s'il dépassait tous les autres en faisant du bien à sa patrie
et à ses compagnons et en tirant vengeance de ses ennemis,
c'est vraiment alors qu'il remporterait le prix dans les
luttes les plus glorieuses et les plus magnifiques et jouirait
de la plus haute renommée de son vivant et après sa mort.
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