[8] Κεφάλαιον ηʹ
(1) Ἀλλὰ μὴν ἄξιόν γε αὐτοῦ καὶ τὸ εὔχαρι μὴ σιωπᾶσθαι· ὧι γε
ὑπαρχούσης μὲν τιμῆς, παρούσης δὲ δυνάμεως, πρὸς δὲ τούτοις
βασιλείας, καὶ ταύτης οὐκ ἐπιβουλευομένης ἀλλ᾽ ἀγαπωμένης, τὸ
μὲν μεγάλαυχον οὐκ εἶδέ τις, τὸ δὲ φιλόστοργον καὶ θεραπευτικὸν
τῶν φίλων καὶ μὴ ζητῶν κατενόησεν ἄν. (2) καὶ μὴν μετεῖχε μὲν
ἥδιστα παιδικῶν λόγων, συνεσπούδαζε δὲ πᾶν ὅ τι δέοι φίλοις. διὰ δὲ
τὸ εὔελπις καὶ εὔθυμος καὶ ἀεὶ ἱλαρὸς εἶναι πολλοὺς ἐποίει μὴ τοῦ
διαπράξασθαί τι μόνον ἕνεκα πλησιάζειν, ἀλλὰ καὶ τοῦ ἥδιον
διημερεύειν. ἥκιστα δ᾽ ὢν οἷος μεγαληγορεῖν ὅμως τῶν ἐπαινούντων
αὑτοὺς οὐ βαρέως ἤκουεν, ἡγούμενος βλάπτειν οὐδὲν αὐτούς,
ὑπισχνεῖσθαι δὲ ἄνδρας ἀγαθοὺς ἔσεσθαι. (3) ἀλλὰ μὴν καὶ τῆι
μεγαλογνωμοσύνηι γε ὡς εὐκαίρως ἐχρῆτο οὐ παραλειπτέον.
ἐκεῖνος γὰρ ὅτ᾽ ἦλθεν αὐτῶι ἐπιστολὴ παρὰ βασιλέως, ἣν ὁ μετὰ
Καλλία τοῦ Λακεδαιμονίου Πέρσης ἤνεγκε, περὶ ξενίας τε καὶ φιλίας
(αὐτῶι), ταύτην μὲν οὐκ ἐδέξατο, τῶι δὲ φέροντι εἶπεν ἀπαγγεῖλαι
βασιλεῖ ὡς ἰδίαι μὲν πρὸς αὐτὸν οὐδὲν δέοι ἐπιστολὰς πέμπειν, ἢν δὲ
φίλος τῆι Λακεδαίμονι καὶ τῆι Ἑλλάδι εὔνους ὢν φαίνηται, ὅτι καὶ
αὐτὸς φίλος ἀνὰ κράτος αὐτῶι ἔσοιτο· ἢν μέντοι, ἔφη, ἐπιβουλεύων
ἁλίσκηται, μηδ᾽ ἂν πάνυ πολλὰς ἐπιστολὰς δέχωμαι, φίλον ἕξειν με
οἰέσθω. (4) ἐγὼ οὖν καὶ τοῦτο ἐπαινῶ Ἀγησιλάου τὸ πρὸς τὸ
ἀρέσκειν τοῖς Ἕλλησιν ὑπεριδεῖν τῆν βασιλέως ξενίαν. ἄγαμαι δὲ
κἀκεῖνο, ὅτι οὐχ ὁπότερος πλείω τε χρήματα ἔχοι καὶ πλειόνων
ἄρχοι, τούτωι ἡγήσατο μεῖζον φρονητέον εἶναι, ἀλλ᾽ ὁπότερος αὐτός
τε ἀμείνων εἴη καὶ ἀμεινόνων ἡγοῖτο. (5) ἐπαινῶ δὲ κἀκεῖνο τῆς
προνοίας αὐτο3, ὅτι νομίζων ἀγαθὸν (τοὺς) τῆι Ἑλλάδι ἀφίστασθαι
τοῦ βασιλέως ὡς πλείστους σατράπας, οὐκ ἐκρατήθη οὔθ᾽ ὑπὸ
δώρων οὔθ᾽ ὑπὸ τῆς βασιλέως ῥώμης ἐθελήσας ξενωθῆναι αὐτῶι,
ἀλλ᾽ ἐφυλάξατο μὴ ἄπιστος γενέσθαι τοῖς ἀφίστασθαι βουλομένοις.
(6) ἐκεῖνό γε μὴν αὐτοῦ τίς οὐκ ἂν ἀγασθείη; ὁ μὲν γὰρ Πέρσης,
νομίζων, ἢν χρήματα πλεῖστα ἔχηι, πάνθ᾽ ὑφ᾽ ἑαυτῶι ποιήσεσθαι,
διὰ τοῦτο πᾶν μὲν τὸ ἐν ἀνθρώποις χρυσίον, πᾶν δὲ τὸ ἀργύριον,
πάντα δὲ τὰ πολυτελέστατα ἐπειρᾶτο πρὸς ἑαυτὸν ἁθροίζειν. ὁ δὲ
οὕτως ἀντεσκευάσατο τὸν οἶκον ὥστε τούτων μηδενὸς προσδεῖσθαι.
(7) εἰ δέ τις ταῦτα ἀπιστεῖ, ἰδέτω μὲν οἵα οἰκία ἤρκει αὐτῶι,
θεασάσθω δὲ τὰς θύρας αὐτοῦ· εἰκάσειε γὰρ ἄν τις ἔτι ταύτας
ἐκείνας εἶναι ἅσπερ Ἀριστόδημος ὁ Ἡρακλέους ὅτε κατῆλθε λαβὼν
ἐπεστήσατο· πειράσθω δὲ θεάσασθαι τὴν ἔνδον κατασκευήν,
ἐννοησάτω δὲ ὡς ἐθοίναζεν ἐν ταῖς θυσίαις, ἀκουσάτω δὲ ὡς ἐπὶ
πολιτικοῦ καννάθρου κατήιει εἰς Ἀμύκλας <ἡ θυγάτηρ αὐτοῦ>. (8)
τοιγαροῦν οὕτως ἐφαρμόσας τὰς δαπάνας ταῖς προσόδοις οὐδὲν
ἠναγκάζετο χρημάτων ἕνεκα ἄδικον πράττειν. καίτοι καλὸν μὲν
δοκεῖ εἶναι τείχη ἀνάλωτα κτᾶσθαι ὑπὸ πολεμίων· πολὺ μέντοι
ἔγωγε κάλλιον κρίνω τὸ τὴν αὑτοῦ ψυχὴν ἀνάλωτον κατασκευάσαι
καὶ ὑπὸ χρημάτων καὶ ὑπὸ ἡδονῶν καὶ ὑπὸ φόβου.
| [8] CHAPITRE VIII
Il est juste aussi de ne point passer sous silence son
urbanité. Il avait les honneurs, il avait la puissance; il
joignait à ces avantages la royauté, une royauté qu'on
n'attaquait point, mais qu'on aimait, et, malgré cela, on
ne lui vit jamais d'orgueil; en revanche son urbanité et son
zèle pour ses amis se laissaient voir aux yeux des plus
inattentifs. Il prenait très volontiers part à leurs devis
amoureux et, quand il le fallait, il s'occupait sérieusement
de leurs affaires. Son optimisme, sa belle humeur, sa
constante gaieté attiraient beaucoup de gens près de
lui, moins par des vues d'intérêt que pour l'agrément
de son commerce. Il était le moins vantard des hommes,
et pourtant il écoutait sans déplaisir ceux qui se louaient
eux-mêmes; il pensait qu'ils ne faisaient de mal à personne
et qu'ils s'engageaient à être hommes de bien.
Il ne faut pas oublier non plus la noble fierté qu'il sut
montrer à propos. Un Perse, accompagné du Lacédémonien
Calléas, lui apportait une lettre du grand Roi qui
demandait à être son hôte et son ami. Il n'accepta point
la lettre et dit à celui qui l'apportait de répondre au Roi
qu'il n'avait pas à lui envoyer de lettres en particulier,
mais que, s'il se montrait ami de Lacédémone et bien
intentionné pour la Grèce, il aurait en lui un ami qui le
servirait de toutes ses forces. "Si au contraire, ajouta-t-il,
on le surprend à former de mauvais desseins contre la
Grèce, il peut m'envoyer autant de lettres qu'il voudra,
qu'il sache bien qu'il ne gagnera pas pour cela mon
amitié." Ce que je loue dans la conduite d'Agésilas, c'est
d'avoir dédaigné l'hospitalité du Roi pour plaire aux
Grecs. Je l'admire encore d'avoir pensé qu'entre lui et
le grand Roi, ce n'était pas celui qui possédait le plus de
richesses et commandait au plus grand nombre de sujets
qui avait le droit d'être le plus fier, mais celui qui était
le meilleur et commandait au meilleur peuple.
Voici un trait de sa prévoyance qui me paraît également
louable. Convaincu qu'il importait à la Grèce de soulever
contre le Roi le plus grand nombre possible de satrapes,
il ne se laissa persuader ni par les présents ni par la puissance
du Roi d'accepter son hospitalité, mais il se tint
sur ses gardes pour ne point devenir suspect à ceux qui
voulaient se révolter.
Voici un autre trait de son caractère que chacun doit
admirer. Le Perse, s'imaginant que, s'il accumulait les
trésors, il mettrait toute la terre sous sa domination,
s'efforçait dans cette vue d'accaparer tout ce qu'il y avait
au monde d'or, d'argent et d'objets précieux. Agésilas,
au contraire, avait organisé sa maison de manière à
n'avoir besoin de rien de tout cela. Si l'on en doute, on
n'a qu'à voir la maison dont il se contentait, à en regarder
les portes; on croira voir encore celles-là même qu'Aristodème, descendant d'Hercule, y plaça de ses mains,
quand il revint dans son pays. Qu'on essaye d'en voir
l'ameublement, qu'on songe à ses repas dans les sacrifices,
qu'on se fasse dire comment sa fille descendait à Amyclée
dans un chariot public à capote de joncs. En proportionnant
ainsi sa dépense à son revenu, il n'était pas obligé
de commettre des injustices pour se procurer de l'argent.
On trouve qu'il est beau d'avoir des forteresses imprenables ;
pour moi j'estime qu'il est bien plus beau de rendre
son âme imprenable aux richesses, aux plaisirs et à la
crainte.
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