[3] Κεφάλαιον γʹ
(1) Καὶ ταῦτα μὲν δὴ εἴρηται ὅσα τῶν ἐκείνου ἔργων μετὰ
πλείστων μαρτύρων ἐπράχθη. τὰ γὰρ τοιαῦτα οὐ τεκμηρίων
προσδεῖται, ἀλλ᾽ ἀναμνῆσαι μόνον ἀρκεῖ καὶ εὐθὺς πιστεύεται. νῦν
δὲ τὴν ἐν τῆι ψυχῆι αὐτοῦ ἀρετὴν πειράσομαι δηλοῦν, δι᾽ ἣν ταῦτα
ἔπραττε καὶ πάντων τῶν καλῶν ἤρα καὶ πάντα <τὰ> αἰσχρὰ
ἐξεδίωκεν. (2) Ἀγησίλαος γὰρ τὰ μὲν θεῖα οὕτως ἐσέβετο ὡς καὶ οἱ
πολέμιοι τοὺς ἐκείνου ὅρκους καὶ τὰς ἐκείνου σπονδὰς πιστοτέρας
ἐνόμιζον ἢ τὴν ἑαυτῶν φιλίαν· --- μὲν ὤκνουν εἰς ταὐτὸν ἰέναι,
Ἀγησιλάωι δὲ αὑτοὺς ἐνεχείριζον. ὅπως δὲ μή τις ἀπιστῆι, καὶ
ὀνομάσαι βούλομαι τοὺς ἐπιφανεστάτους αὐτῶν. (3) Σπιθριδάτης
μέν γε ὁ Πέρσης εἰδὼς ὅτι Φαρνάβαζος γῆμαι μὲν τὴν βασιλέως
ἔπραττε θυγατέρα, τὴν δ᾽ αὐτοῦ ἄνευ γάμου λαβεῖν ἐβούλετο, ὕβριν
νομίσας τοῦτο Ἀγησιλάωι ἑαυτὸν καὶ τὴν γυναῖκα καὶ τὰ τέκνα καὶ
τὴν δύναμιν ἐνεχείρισε. (4) Κότυς δὲ ὁ τῶν Παφλαγόνων ἄρχων
βασιλεῖ μὲν οὐχ ὑπήκουσε δεξιὰν πέμποντι, φοβούμενος μὴ ληφθεὶς
ἢ χρήματα πολλὰ ἀποτείσειεν ἢ καὶ ἀποθάνοι, Ἀγησιλάου δὲ καὶ
οὗτος ταὶς σπονδαῖς πιστεύσας εἰς τὸ στρατόπεδόν τε ἦλθε καὶ
συμμαχίαν ποιησάμενος εἵλετο σὺν Ἀγησιλάωι στρατεύεσθαι,
χιλίους μὲν ἱππέας, δισχιλίους δὲ πελτοφόρους ἔχων. (5) ἀφίκετο δὲ
καὶ Φαρνάβαζος Ἀγησιλάωι εἰς λόγους καὶ διωμολόγησεν, εἰ μὴ
αὐτὸς πάσης τῆς στρατιᾶς στρατηγὸς κατασταθείη, ἀποστήσεσθαι
βασιλέως· ἢν μέντοι ἐγὼ γένωμαι στρατηγός, ἔφη, πολεμήσω σοι, ὦ
Ἀγησίλαε, ὡς ἂν ἐγὼ δύνωμαι κράτιστα. καὶ ταῦτα λέγων ἐπίστευε
μηδὲν ἂν παράσπονδον παθεῖν. οὕτω μέγα καὶ καλὸν κτῆμα τοῖς τε
ἄλλοις ἅπασι καὶ ἀνδρὶ δὴ στρατηγῶι τὸ ὅσιόν τε καὶ πιστὸν εἶναί τε
καὶ ὄντα ἐγνῶσθαι. καὶ περὶ μὲν εὐσεβείας ταῦτα.
| [3] CHAPITRE III
Les actions dont je viens de parler furent faites devant
une foule de témoins. Les actions de ce genre n'ont pas
besoin de preuves : il suffit de les rappeler pour qu'on
les croie sur-le-champ. A présent, c'est la vertu de son
âme que je vais essayer de montrer, vertu qui inspirait
ces actions, qui lui faisait aimer tout ce qui est beau,
repousser tout ce qui est laid. Il avait un tel respect
pour les dieux que ses ennemis regardaient ses serments
et les traités conclus avec lui comme plus sûrs que leur
amitié mutuelle, et, tandis qu'ils hésitaient à venir au
rendez-vous qu'ils se donnaient, ils se mettaient entre
les mains d'Agésilas. Pour que l'on ne se méfie pas de
mon témoignage, je vais nommer les plus illustres
d'entre eux. Le perse Spithridate sachant que Pharnabaze
cherchait à épouser la fille du roi et voulait prendre
sa fille à lui pour concubine, tint cela pour un outrage
et se mit entre les mains d'Agésilas, lui, sa femme, ses
enfants et ses biens. Cotys, gouverneur des Paphlagoniens,
refusa d'écouter le roi qui lui engageait sa foi,
parce qu'il avait peur, s'il était pris, d'avoir à payer une
énorme rançon ou d'être mis à mort; mais, plein de
confiance, lui aussi, dans la parole d'Agésilas, il se
rendit à son camp, fit alliance avec lui et prit le parti de
faire la guerre à ses côtés, avec ses mille cavaliers et ses
deux mille peltastes. Pharnabaze aussi entra en pourparlers
avec Agésilas, et s'engagea, s'il n'était pas
nommé général de l'armée, à quitter le parti du roi;
"mais, si je suis nommé, ajouta-t-il, je te ferai la guerre,
Agésilas, aussi vigoureusement que je pourrai". En
disant cela, il avait confiance de n'avoir rien à craindre
de contraire au traité, tellement c'est une grande et belle
chose pour tout le monde et en particulier pour un
général d'être religieux et fidèle à sa parole et d'être
reconnu pour tel. Et voilà pour sa piété.
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