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[7,17] ὁ δὲ Δημοσθένης ὑπομένων
παρεσκευάζετο τὸν ἔκπλουν ὡς ἅμα τῷ ἦρι ποιησόμενος, στρατιάν
τε ἐπαγγέλλων ἐς τοὺς ξυμμάχους καὶ χρήματα αὐτόθεν καὶ
(7.17.2) ναῦς καὶ ὁπλίτας ἑτοιμάζων. πέμπουσι δὲ καὶ περὶ τὴν
Πελοπόννησον οἱ Ἀθηναῖοι εἴκοσι ναῦς, ὅπως φυλάσσοιεν
μηδένα ἀπὸ Κορίνθου καὶ τῆς Πελοποννήσου ἐς τὴν Σικελίαν
(7.17.3) περαιοῦσθαι. οἱ γὰρ Κορίνθιοι, ὡς αὐτοῖς οἱ πρέσβεις ἧκον
καὶ τὰ ἐν τῇ Σικελίᾳ βελτίω ἤγγελλον, νομίσαντες οὐκ
ἄκαιρον καὶ τὴν προτέραν πέμψιν τῶν νεῶν ποιήσασθαι,
πολλῷ μᾶλλον ἐπέρρωντο, καὶ ἐν ὁλκάσι παρεσκευάζοντο
αὐτοί τε ἀποστελοῦντες ὁπλίτας ἐς τὴν Σικελίαν καὶ ἐκ
τῆς ἄλλης Πελοποννήσου οἱ Λακεδαιμόνιοι τῷ αὐτῷ τρόπῳ
(7.17.4) πέμψοντες· ναῦς τε οἱ Κορίνθιοι πέντε καὶ εἴκοσιν ἐπλήρουν,
ὅπως ναυμαχίας τε ἀποπειράσωσι πρὸς τὴν ἐν τῇ Ναυπάκτῳ
φυλακήν, καὶ τὰς ὁλκάδας αὐτῶν ἧσσον οἱ ἐν τῇ Ναυπάκτῳ
Ἀθηναῖοι κωλύοιεν ἀπαίρειν, πρὸς τὴν σφετέραν ἀντίταξιν
τῶν τριήρων τὴν φυλακὴν ποιούμενοι.
| [7,17] XVII. - Démosthénès resta encore pour préparer son départ qui était fixé au
printemps, pour demander des troupes aux alliés et pour se procurer chez eux de
l'argent, des vaisseaux et des hoplites. Les Athéniens envoyèrent vingt
vaisseaux croiser autour du Péloponnèse, pour interdire tout passage de Corinthe
et du Péloponnèse en Sicile. Les Corinthiens en effet à l'arrivée des députés
syracusains et à la nouvelle que les affaires de Sicile prenaient meilleure
tournure, s'étaient félicités d'y avoir déjà envoyé des vaisseaux et leur ardeur
s'en trouvait accrue ; ils se préparaient à expédier en Sicile, sur des
bâtiments de charge, une troupe d'hoplites, tandis que les Lacédémoniens se
disposaient à envoyer de la même manière des troupes tirées du reste du
Péloponnèse. Les Corinthiens équipèrent vingt cinq vaisseaux, à la fois pour
provoquer au combat l'escadre athénienne de Naupakte et pour faciliter le
passage des deux convois, en détournant l'attention des Athéniens sur les
trières qu'ils leur opposeraient.
| [7,18] Παρεσκευάζοντο δὲ καὶ τὴν ἐς τὴν Ἀττικὴν ἐσβολὴν οἱ
Λακεδαιμόνιοι, ὥσπερ τε προυδέδοκτο αὐτοῖς καὶ τῶν Συρακοσίων καὶ
Κορινθίων ἐναγόντων, ἐπειδὴ ἐπυνθάνοντο τὴν
ἀπὸ τῶν Ἀθηναίων βοήθειαν ἐς τὴν Σικελίαν, ὅπως δὴ
ἐσβολῆς γενομένης διακωλυθῇ. καὶ ὁ Ἀλκιβιάδης προσκείμενος ἐδίδασκε τὴν
Δεκέλειαν τειχίζειν καὶ μὴ ἀνιέναι τὸν
(7.18.2) πόλεμον. μάλιστα δὲ τοῖς Λακεδαιμονίοις ἐγεγένητό τις
ῥώμη, διότι τοὺς Ἀθηναίους ἐνόμιζον διπλοῦν τὸν πόλεμον
ἔχοντας, πρός τε σφᾶς καὶ Σικελιώτας, εὐκαθαιρετωτέρους
ἔσεσθαι, καὶ ὅτι τὰς σπονδὰς προτέρους λελυκέναι ἡγοῦντο
αὐτούς· ἐν γὰρ τῷ προτέρῳ πολέμῳ σφέτερον τὸ παρανόμημα
μᾶλλον γενέσθαι, ὅτι τε ἐς Πλάταιαν ἦλθον Θηβαῖοι
ἐν σπονδαῖς, καὶ εἰρημένον ἐν ταῖς πρότερον ξυνθήκαις
ὅπλα μὴ ἐπιφέρειν, ἢν δίκας ἐθέλωσι διδόναι, αὐτοὶ οὐχ
ὑπήκουον ἐς δίκας προκαλουμένων τῶν Ἀθηναίων. καὶ διὰ
τοῦτο εἰκότως δυστυχεῖν τε ἐνόμιζον, καὶ ἐνεθυμοῦντο τήν
τε περὶ Πύλον ξυμφορὰν καὶ εἴ τις ἄλλη αὐτοῖς ἐγένετο.
(7.18.3) ἐπειδὴ δὲ οἱ Ἀθηναῖοι ταῖς τριάκοντα ναυσὶν ἐξ Ἄργους
ὁρμώμενοι Ἐπιδαύρου τέ τι καὶ Πρασιῶν καὶ ἄλλα ἐδῄωσαν
καὶ ἐκ Πύλου ἅμα ἐλῃστεύοντο, καὶ ὁσάκις περί του διαφοραὶ γένοιντο τῶν κατὰ
τὰς σπονδὰς ἀμφισβητουμένων,
ἐς δίκας προκαλουμένων τῶν Λακεδαιμονίων οὐκ ἤθελον
ἐπιτρέπειν, τότε δὴ οἱ Λακεδαιμόνιοι νομίσαντες τὸ παρανόμημα, ὅπερ καὶ σφίσι
πρότερον ἡμάρτητο, αὖθις ἐς τοὺς
Ἀθηναίους τὸ αὐτὸ περιεστάναι, πρόθυμοι ἦσαν ἐς τὸν
(7.18.4) πόλεμον. καὶ ἐν τῷ χειμῶνι τούτῳ σίδηρόν τε περιήγγελλον κατὰ τοὺς
ξυμμάχους καὶ τἆλλα ἐργαλεῖα ἡτοίμαζον
ἐς τὸν ἐπιτειχισμόν, καὶ τοῖς ἐν τῇ Σικελίᾳ ἅμα ὡς ἀποπέμψοντες ἐν ταῖς
ὁλκάσιν ἐπικουρίαν αὐτοί τε ἐπόριζον καὶ
τοὺς ἄλλους Πελοποννησίους προσηνάγκαζον. καὶ ὁ χειμὼν
ἐτελεύτα, καὶ ὄγδοον καὶ δέκατον ἔτος τῷ πολέμῳ ἐτελεύτα
τῷδε ὃν Θουκυδίδης ξυνέγραψεν.
| [7,18] XVIII. - On préparait également à Lacédémone une invasion de l'Attique. C'était
un plan arrêté déjà depuis quelque temps ; les Syracusains et les Corinthiens en
pressaient l'exécution, car ils avaient connaissance de l'envoi de renforts
athéniens en Sicile et ils pensaient qu'en envahissant l'Attique on y mettrait
obstacle. Alcibiade pressait vivement Sparte de fortifier Dékéleia et de
pousser la guerre avec vigueur.
Mais ce qui surtout encourageait les Lacédémoniens, c'était la pensée que les
Athéniens ayant à mener la guerre sur deux fronts, contre eux-mêmes et contre
les Siciliens, seraient plus faciles à réduire à merci. En outre ils leur
attribuaient la responsabilité d'avoir les premiers rompu la paix ; dans la
guerre précédente, c'était surtout Lacédémone qui avait violé les conventions ;
car c'était en pleine paix que les Thébains avaient pénétré dans Platée ; or,
dans les conventions alors en vigueur, il était spécifié que nul n'aurait
recours aux armes, quand l'une des partes contractantes consentirait à se
soumettre à un jugement ; Lacédémone avait refusé de prêter l'oreille aux
Athéniens qui l'invitaient à avoir recours à un arbitrage. Aussi, les
Lacédémoniens estimaient-ils avoir mérité leurs malheurs et s'imputaient-ils à
eux-mêmes le désastre de Pylos et leurs autres défaites. Mais depuis, les
Athéniens, partis d'Argos avec les équipages de trente navires, avaient ravagé
une partie du territoire d'Epidaure et de Prasies et quelques autres campagnes ;
de Pylos ils avaient exercé le brigandage ; chaque fois que des différends
s'étaient élevés sur des points contestés du traité, les Athéniens avaient
refusé de recourir à l'arbitrage, malgré l'invitation des Lacédémoniens. A la
suite de ces incidents, les Lacédémoniens estimèrent que la violation du traité,
dont ils s'étaient rendus eux-mêmes coupables, était retombée désormais sur les
Athéniens et dès lors ils préparèrent la guerre avec ardeur.
Ce même hiver, ils mandèrent à leurs alliés d'avoir à leur fournir du fer
et ils préparèrent tous les outils destinés à élever des fortifications. En même
temps, ils prirent leurs dispositions pour envoyer du secours en Sicile sur des
bâtiments de charge et contraignirent les autres Péloponnésiens à en faire
autant. L'hiver prit fin et avec lui la dix-huitième année de la guerre racontée
par Thucydide.
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