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| [4,17]  ‘Ἔπεμψαν ἡμᾶς Λακεδαιμόνιοι, ὦ Ἀθηναῖοι, περὶ τῶν  
ἐν τῇ νήσῳ ἀνδρῶν πράξοντας ὅτι ἂν ὑμῖν τε ὠφέλιμον ὂν  
τὸ αὐτὸ πείθωμεν καὶ ἡμῖν ἐς τὴν ξυμφορὰν ὡς ἐκ τῶν  
(4.17.2) παρόντων κόσμον μάλιστα μέλλῃ οἴσειν. τοὺς δὲ λόγους 
μακροτέρους οὐ παρὰ τὸ εἰωθὸς μηκυνοῦμεν, ἀλλ' ἐπιχώριον  
ὂν ἡμῖν οὗ μὲν βραχεῖς ἀρκῶσι μὴ πολλοῖς χρῆσθαι, πλέοσι  
δὲ ἐν ᾧ ἂν καιρὸς ᾖ διδάσκοντάς τι τῶν προύργου λόγοις τὸ  
(4.17.3) δέον πράσσειν. λάβετε δὲ αὐτοὺς μὴ πολεμίως μηδ' ὡς  
ἀξύνετοι διδασκόμενοι, ὑπόμνησιν δὲ τοῦ καλῶς βουλεύσασθαι  
πρὸς εἰδότας ἡγησάμενοι.  
(4.17.4)  ’Ὑμῖν γὰρ εὐτυχίαν τὴν παροῦσαν ἔξεστι καλῶς θέσθαι,  
ἔχουσι μὲν ὧν κρατεῖτε, προσλαβοῦσι δὲ τιμὴν καὶ δόξαν,  
καὶ μὴ παθεῖν ὅπερ οἱ ἀήθως τι ἀγαθὸν λαμβάνοντες τῶν  
ἀνθρώπων· αἰεὶ γὰρ τοῦ πλέονος ἐλπίδι ὀρέγονται διὰ τὸ  
(4.17.5) καὶ τὰ παρόντα ἀδοκήτως εὐτυχῆσαι. οἷς δὲ πλεῖσται  
μεταβολαὶ ἐπ' ἀμφότερα ξυμβεβήκασι, δίκαιοί εἰσι καὶ  
ἀπιστότατοι εἶναι ταῖς εὐπραγίαις· ὃ τῇ τε ὑμετέρᾳ πόλει  
δι' ἐμπειρίαν καὶ ἡμῖν μάλιστ' ἂν ἐκ τοῦ εἰκότος προσείη.  
 | [4,17] "Athéniens, les Lacédémoniens nous ont 
envoyés pour traiter au sujet de nos soldats de l'île, 
en vous suggérant une solution à la fois utile pour 
vous et pour nous, aussi honorable que possible, 
étant donné notre triste situation. En prononçant 
un long discours nous ne nous écarterons pas de 
notre tradition ; car si nous avons accoutumé 
d'employer peu de mots, quand la brièveté suffit, 
nous nous étendons davantage, quand il s'agit de 
faire connaître le meilleur parti à suivre. Acceptez 
donc nos paroles sans hostilité, car nous n'avons 
pas la prétention de vous faire la leçon ; n'y voyez 
qu'un conseil, adressé à des gens informés, d'avoir 
à délibérer sagement. Pour vous, vous pouvez tirer 
profit de votre fortune actuelle, en gardant ce que 
vous possédez et en y ajoutant gloire et honneur ; 
n'imitez pas les gens qui obtiennent quelque 
avantage inattendu. L'espoir, que provoque en eux 
un succès inespéré, développe leurs ambitions. 
Mais ceux qui ont éprouvé souvent les revers et les 
faveurs de la fortune sont particulièrement 
disposés à se méfier de ses sourires. C’est ce dont 
l'expérience a dû particulièrement vous convaincre, 
tout aussi bien que nous. 
 |  | [4,18] γνῶτε δὲ καὶ ἐς τὰς ἡμετέρας νῦν ξυμφορὰς ἀπιδόντες,  
οἵτινες ἀξίωμα μέγιστον τῶν Ἑλλήνων ἔχοντες ἥκομεν παρ'  
ὑμᾶς, πρότερον αὐτοὶ κυριώτεροι νομίζοντες εἶναι δοῦναι ἐφ'  
(4.18.2) ἃ νῦν ἀφιγμένοι ὑμᾶς αἰτούμεθα. καίτοι οὔτε δυνάμεως  
ἐνδείᾳ ἐπάθομεν αὐτὸ οὔτε μείζονος προσγενομένης ὑβρίσαντες, 
ἀπὸ δὲ τῶν αἰεὶ ὑπαρχόντων γνώμῃ σφαλέντες, ἐν  
(4.18.3) ᾧ πᾶσι τὸ αὐτὸ ὁμοίως ὑπάρχει. ὥστε οὐκ εἰκὸς ὑμᾶς διὰ  
τὴν παροῦσαν νῦν ῥώμην πόλεώς τε καὶ τῶν προσγεγενημένων 
καὶ τὸ τῆς τύχης οἴεσθαι αἰεὶ μεθ' ὑμῶν ἔσεσθαι.  
(4.18.4) σωφρόνων δὲ ἀνδρῶν οἵτινες τἀγαθὰ ἐς ἀμφίβολον ἀσφαλῶς  
ἔθεντο (καὶ ταῖς ξυμφοραῖς οἱ αὐτοὶ εὐξυνετώτερον ἂν προσφέροιντο), 
τόν τε πόλεμον νομίσωσι μὴ καθ' ὅσον ἄν τις  
αὐτοῦ μέρος βούληται μεταχειρίζειν, τούτῳ ξυνεῖναι, ἀλλ'  
ὡς ἂν αἱ τύχαι αὐτῶν ἡγήσωνται· καὶ ἐλάχιστ' ἂν οἱ  
τοιοῦτοι πταίοντες διὰ τὸ μὴ τῷ ὀρθουμένῳ αὐτοῦ πιστεύοντες 
ἐπαίρεσθαι ἐν τῷ εὐτυχεῖν ἂν μάλιστα καταλύοιντο.  
(4.18.5) ὃ νῦν ὑμῖν, ὦ Ἀθηναῖοι, καλῶς ἔχει πρὸς ἡμᾶς πρᾶξαι, 
καὶ μή ποτε ὕστερον, ἢν ἄρα μὴ πειθόμενοι σφαλῆτε, ἃ  
πολλὰ ἐνδέχεται, νομισθῆναι τύχῃ καὶ τὰ νῦν προχωρήσαντα  
κρατῆσαι, ἐξὸν ἀκίνδυνον δόκησιν ἰσχύος καὶ ξυνέσεως ἐς τὸ  
ἔπειτα καταλιπεῖν.  
 | [4,18] "Soyez-en persuadés, en jetant un coup 
d'oeil sur nos malheurs actuels. Malgré le renom 
considérable dont nous jouissons chez les Grecs, 
nous sommes venus vous solliciter ; naguère 
pourtant nous estimions que c'était à nous 
d'accorder ce que nous implorons maintenant de 
vous. Et cependant notre infortune n'est 
imputable, ni à l'insuffisance de notre puissance, 
ni à l'orgueil inspiré par une prospérité nouvelle. 
Notre situation est identique à ce qu'elle a été de 
tout temps ; mais nos prévisions ont été déjouées, 
malheur auquel tous les hommes se trouvent 
également exposés. Aussi n'est-il pas juste que la 
puissance actuelle de votre Etat et vos succès 
récents vous incitent à croire que la fortune sera 
toujours à vos côtés. Ceux-là sont sages qui, pour 
leur sûreté, se défient du succès ; ce sont eux aussi 
qui se comportent le plus adroitement dans 
l'infortune ; ils ne s'imaginent pas que la guerre se 
laisse manier selon leurs désirs, mais bien plutôt 
qu'à la guerre les hommes sont les jouets du 
destin. Par là, ils sont les moins exposés aux 
revers, parce qu'ils ne se laissent pas griser par le 
succès et qu'ils choisissent pour mettre fin à la 
guerre le moment même où tout va à souhait. Voilà 
comment, Athéniens, il vous convient d'agir avec 
nous. Il est à craindre que par la suite, si vous 
refusez de nous entendre et si vos affaires 
périclitent - c'est ce qui arrive souvent - on 
n'attribue à la fortune vos avantages et vos succès 
présents ; tandis que vous pouvez laisser aux 
générations futures une renommée indiscutable de 
votre force et de votre sagesse politique. 
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