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[4,107] Μετὰ δὲ τοῦτο ὁ μὲν τὰ ἐν τῇ Ἠιόνι καθίστατο, ὅπως
καὶ τὸ αὐτίκα, ἢν ἐπίῃ ὁ Βρασίδας, καὶ τὸ ἔπειτα ἀσφαλῶς
ἕξει, δεξάμενος τοὺς ἐθελήσαντας ἐπιχωρῆσαι ἄνωθεν κατὰ
(4.107.2) τὰς σπονδάς· ὁ δὲ πρὸς μὲν τὴν Ἠιόνα κατά τε τὸν ποταμὸν
πολλοῖς πλοίοις ἄφνω καταπλεύσας, εἴ πως τὴν προύχουσαν
ἄκραν ἀπὸ τοῦ τείχους λαβὼν κρατοίη τοῦ ἔσπλου, καὶ κατὰ
γῆν ἀποπειράσας ἅμα, ἀμφοτέρωθεν ἀπεκρούσθη, τὰ δὲ περὶ
(4.107.3) τὴν Ἀμφίπολιν ἐξηρτύετο. καὶ Μύρκινός τε αὐτῷ προσεχώρησεν
Ἠδωνικὴ πόλις, Πιττακοῦ τοῦ Ἠδώνων βασιλέως
ἀποθανόντος ὑπὸ τῶν Γοάξιος παίδων καὶ Βραυροῦς τῆς
γυναικὸς αὐτοῦ, καὶ Γαληψὸς οὐ πολλῷ ὕστερον καὶ Οἰσύμη·
εἰσὶ δὲ αὗται Θασίων ἀποικίαι. παρὼν δὲ καὶ Περδίκκας
εὐθὺς μετὰ τὴν ἅλωσιν ξυγκαθίστη ταῦτα.
| [4,107] Là-dessus, Thucydide prit ses
dispositions à Eiôn pour assurer sa sécurité du
moment contre une attaque de Brasidas et pour
parer aux dangers à venir. Il accueillit dans la
place tous les habitants de la ville haute, qui,
conformément aux conventions, voulurent se
ranger à ses côtés. Quant à Brasidas, il descendit
immédiatement le fleuve, dans la direction d'Eiôn,
avec un grand nombre d'embarcations ; il voulait,
en occupant une langue de terre qui se trouve au
delà des remparts, intercepter la navigation sur le
Strymôn. En même temps il fit une tentative par
terre ; mais sur les deux points il fut repoussé.
Après cet échec, il se contenta de prendre à
Amphipolis ses dispositions de défense. Myrcinos,
ville des Édôniens, se rendit à lui volontairement
après la mort de Pittacos, leur roi, qui avait été tué
par les enfants de Goaxios et par Braurô, sa femme.
Peu de temps après Galépsos et Oesymè suivirent
l'exemple de Myrcinos : ce sont deux colonies de
Thasos. Perdiccas, qui était venu rejoindre
Brasidas immédiatement après la prise
d'Amphipolis, lui apporta son concours dans ces
différentes circonstances.
| [4,108] Ἐχομένης δὲ τῆς Ἀμφιπόλεως οἱ Ἀθηναῖοι ἐς μέγα δέος
κατέστησαν, ἄλλως τε καὶ ὅτι ἡ πόλις αὐτοῖς ἦν ὠφέλιμος
ξύλων τε ναυπηγησίμων πομπῇ καὶ χρημάτων προσόδῳ, καὶ
ὅτι μέχρι μὲν τοῦ Στρυμόνος ἦν πάροδος Θεσσαλῶν διαγόντων
(4.108.1.5) ἐπὶ τοὺς ξυμμάχους σφῶν τοῖς Λακεδαιμονίοις, τῆς δὲ
γεφύρας μὴ κρατούντων, ἄνωθεν μὲν μεγάλης οὔσης ἐπὶ πολὺ
λίμνης τοῦ ποταμοῦ, τὰ δὲ πρὸς Ἠιόνα τριήρεσι τηρουμένων,
οὐκ ἂν δύνασθαι προελθεῖν· τότε δὲ ῥᾴδια ἤδη (ἐνόμιζεν)
γεγενῆσθαι. καὶ τοὺς ξυμμάχους ἐφοβοῦντο μὴ ἀποστῶσιν.
(4.108.2) ὁ γὰρ Βρασίδας ἔν τε τοῖς ἄλλοις μέτριον ἑαυτὸν παρεῖχε,
καὶ ἐν τοῖς λόγοις πανταχοῦ ἐδήλου ὡς ἐλευθερώσων τὴν
(4.108.3) Ἑλλάδα ἐκπεμφθείη. καὶ αἱ πόλεις πυνθανόμεναι αἱ τῶν
Ἀθηναίων ὑπήκοοι τῆς τε Ἀμφιπόλεως τὴν ἅλωσιν καὶ ἃ
παρέχεται, τήν τε ἐκείνου πραότητα, μάλιστα δὴ ἐπήρθησαν
ἐς τὸ νεωτερίζειν, καὶ ἐπεκηρυκεύοντο πρὸς αὐτὸν κρύφα,
ἐπιπαριέναι τε κελεύοντες καὶ βουλόμενοι αὐτοὶ ἕκαστοι
(4.108.4) πρῶτοι ἀποστῆναι. καὶ γὰρ καὶ ἄδεια ἐφαίνετο αὐτοῖς,
ἐψευσμένοις μὲν τῆς Ἀθηναίων δυνάμεως ἐπὶ τοσοῦτον ὅση
ὕστερον διεφάνη, τὸ δὲ πλέον βουλήσει κρίνοντες ἀσαφεῖ ἢ
προνοίᾳ ἀσφαλεῖ, εἰωθότες οἱ ἄνθρωποι οὗ μὲν ἐπιθυμοῦσιν
ἐλπίδι ἀπερισκέπτῳ διδόναι, ὃ δὲ μὴ προσίενται λογισμῷ
(4.108.5) αὐτοκράτορι διωθεῖσθαι. ἅμα δὲ τῶν Ἀθηναίων ἐν τοῖς
Βοιωτοῖς νεωστὶ πεπληγμένων καὶ τοῦ Βρασίδου ἐφολκὰ
καὶ οὐ τὰ ὄντα λέγοντος, ὡς αὐτῷ ἐπὶ Νίσαιαν τῇ ἑαυτοῦ
μόνῃ στρατιᾷ οὐκ ἠθέλησαν οἱ Ἀθηναῖοι ξυμβαλεῖν, ἐθάρσουν
(4.108.6) καὶ ἐπίστευον μηδένα ἂν ἐπὶ σφᾶς βοηθῆσαι. τὸ
δὲ μέγιστον, διὰ τὸ ἡδονὴν ἔχον ἐν τῷ αὐτίκα καὶ ὅτι
τὸ πρῶτον Λακεδαιμονίων ὀργώντων ἔμελλον πειράσεσθαι,
κινδυνεύειν παντὶ τρόπῳ ἑτοῖμοι ἦσαν. ὧν αἰσθανόμενοι
οἱ μὲν Ἀθηναῖοι φυλακάς, ὡς ἐξ ὀλίγου καὶ ἐν χειμῶνι,
διέπεμπον ἐς τὰς πόλεις, ὁ δὲ ἐς τὴν Λακεδαίμονα ἐφιέμενος
στρατιάν τε προσαποστέλλειν ἐκέλευε καὶ αὐτὸς ἐν
(4.108.7) τῷ Στρυμόνι ναυπηγίαν τριήρων παρεσκευάζετο. οἱ δὲ
Λακεδαιμόνιοι τὰ μὲν καὶ φθόνῳ ἀπὸ τῶν πρώτων ἀνδρῶν
οὐχ ὑπηρέτησαν αὐτῷ, τὰ δὲ καὶ βουλόμενοι μᾶλλον τούς
τε ἄνδρας τοὺς ἐκ τῆς νήσου κομίσασθαι καὶ τὸν πόλεμον καταλῦσαι.
| [4,108] A la suite de la reddition d'Amphipolis les
Athéniens éprouvèrent des craintes fort vives ; c'est
que cette ville leur était particulièrement utile : ils
en tiraient du bois de construction pour leurs
vaisseaux et des revenus importants. De plus sous
la conduite des Thessaliens, les Lacédémoniens
avaient bien pu trouver jusqu'au Strymôn une voie
de pénétration chez les alliés d'Athènes ; mais tant
que les Athéniens étaient restés maîtres du pont,
comme en amont le fleuve formait un vaste
marécage et qu'en aval du côté d'Eiôn les
Athéniens les surveillaient avec leurs vaisseaux, ils
ne pouvaient avancer au delà. La chose
maintenant leur était devenue possible. Enfin
Athènes redoutait la défection de ses alliés. Or
Brasidas, en toute circonstance, avait fait preuve
de modération, il déclarait partout que sa venue
avait pour but d'assurer l'indépendance de la
Grèce. Aussi les villes sujettes d'Athènes, informées
de la prise d'Amphipolis, des dispositions de
Brasidas et particulièrement de sa modération, se
trouvèrent-elles toutes prêtes à se révolter. En
secret on lui envoyait des messages, on sollicitait
sa venue ; chacun voulait être le premier à faire
défection. On croyait ainsi assurer sa sécurité.
Autant la puissance d'Athènes apparut grande par
la suite, autant on la sous-estimait alors. C'est
qu'on s'inspirait pour la juger, moins d'une sage
précaution que d'un aveugle désir. Les hommes
sont ainsi pour ce qu'ils désirent, ils s'en remettent
à des espérances inconsidérées ; pour ce qui les
rebute, ils le repoussent arbitrairement. Ajoutez la
défaite récente des Athéniens en Béotie, les paroles
de Brasidas plus séduisantes que véridiques,
quand il prétendait qu'à Nisaea les Athéniens
s'étaient refusés à combattre ses seules troupes.
Toutes ces circonstances encourageaient les alliés
et leur faisaient croire que personne ne viendrait
les attaquer. Mais surtout ils se laissaient séduire
par le charme de la nouveauté ; ils voulaient mettre
à l'épreuve le zèle tout nouveau des Lacédémoniens ;
bref ils étaient prêts à courir tous les risques.
Instruits de leurs desseins, les Athéniens
envoyèrent dans les villes des garnisons, dans la
mesure où le leur permirent le peu de temps dont
ils disposaient et la mauvaise saison. Brasidas
manda à Lacédémone qu'on lui envoyât une armée
et il se faisait installer un chantier de construction
pour des trières. Mais les Lacédémoniens ne lui
accordèrent pas ce qu'il demandait ; ils obéissaient
ainsi à la jalousie des premiers d'entre eux à
l'égard de Brasidas et, plus que tout, ils désiraient
obtenir la restitution de leurs prisonniers de l'île et
mettre fin à la guerre.
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