| 
       
   | 
    
       
       
        
| [4,91]  Οἱ δὲ Βοιωτοὶ ἐν ταῖς ἡμέραις ταύταις ξυνελέγοντο ἐς  
τὴν Τάναγραν· καὶ ἐπειδὴ ἀπὸ πασῶν τῶν πόλεων παρῆσαν  
καὶ ᾐσθάνοντο τοὺς Ἀθηναίους προχωροῦντας ἐπ' οἴκου, τῶν  
ἄλλων βοιωταρχῶν, οἵ εἰσιν ἕνδεκα, οὐ ξυνεπαινούντων  
μάχεσθαι, ἐπειδὴ οὐκ ἐν τῇ Βοιωτίᾳ ἔτι εἰσί (μάλιστα γὰρ  
ἐν μεθορίοις τῆς Ὠρωπίας οἱ Ἀθηναῖοι ἦσαν, ὅτε ἔθεντο  
τὰ ὅπλα), Παγώνδας ὁ Αἰολάδου βοιωταρχῶν ἐκ Θηβῶν  
μετ' Ἀριανθίδου τοῦ Λυσιμαχίδου καὶ ἡγεμονίας οὔσης αὐτοῦ  
βουλόμενος τὴν μάχην ποιῆσαι καὶ νομίζων ἄμεινον εἶναι  
κινδυνεῦσαι, προσκαλῶν ἑκάστους κατὰ λόχους, ὅπως μὴ  
ἁθρόοι ἐκλίποιεν τὰ ὅπλα, ἔπειθε τοὺς Βοιωτοὺς ἰέναι ἐπὶ  
τοὺς Ἀθηναίους καὶ τὸν ἀγῶνα ποιεῖσθαι, λέγων τοιάδε.  
 | [4,91]  Entre-temps, les Béotiens se concentraient à 
Tanagra. Déjà les contingents de toutes les villes 
étaient arrivés, quand on apprit que les Athéniens 
regagnaient l'Attique. Tous les béotarques - ils sont 
au nombre de onze - furent d'avis de ne pas livrer 
bataille, puisque les Athéniens n'étaient plus en 
Béotie. Quand ils avaient formé les faisceaux, ils se 
trouvaient sur les frontières de l'Orôpie. Seul, 
Pagôndas, fils d'Oeoladès, béotarque de Thèbes, 
avec Arianthidès, fils de Lysimachidès, comme il 
avait le commandement, désirait la bataille et 
estimait avantageux d'en courir le risque. Il fit venir 
les hommes par compagnies, pour que toute sa 
troupe ne se trouvât pas sans armes en même 
temps. Il les décida à marcher contre les Athéniens 
et à les combattre, en les haranguant comme suit : 
 |  | [4,92]  ’Χρῆν μέν, ὦ ἄνδρες Βοιωτοί, μηδ' ἐς ἐπίνοιάν τινα 
ἡμῶν ἐλθεῖν τῶν ἀρχόντων ὡς οὐκ εἰκὸς Ἀθηναίοις, ἢν  
ἄρα μὴ ἐν τῇ Βοιωτίᾳ ἔτι καταλάβωμεν αὐτούς, διὰ μάχης  
ἐλθεῖν. τὴν γὰρ Βοιωτίαν ἐκ τῆς ὁμόρου ἐλθόντες τεῖχος  
ἐνοικοδομησάμενοι μέλλουσι φθείρειν, καὶ εἰσὶ δήπου πολέμιοι  
ἐν ᾧ τε ἂν χωρίῳ καταληφθῶσι καὶ ὅθεν ἐπελθόντες πολέμια  
(4.92.2) ἔδρασαν. νυνὶ δ' εἴ τῳ καὶ ἀσφαλέστερον ἔδοξεν εἶναι,  
μεταγνώτω. οὐ γὰρ τὸ προμηθές, οἷς ἂν ἄλλος ἐπίῃ, περὶ  
τῆς σφετέρας ὁμοίως ἐνδέχεται λογισμὸν καὶ ὅστις τὰ μὲν  
ἑαυτοῦ ἔχει, τοῦ πλέονος δὲ ὀρεγόμενος ἑκών τινι ἐπέρχεται.  
(4.92.3) πάτριόν τε ὑμῖν στρατὸν ἀλλόφυλον ἐπελθόντα καὶ ἐν τῇ  
οἰκείᾳ καὶ ἐν τῇ τῶν πέλας ὁμοίως ἀμύνεσθαι. Ἀθηναίους  
(4.92.4) δὲ καὶ προσέτι ὁμόρους ὄντας πολλῷ μάλιστα δεῖ. πρός  
τε γὰρ τοὺς ἀστυγείτονας πᾶσι τὸ ἀντίπαλον καὶ ἐλεύθερον  
καθίσταται, καὶ πρὸς τούτους γε δή, οἳ καὶ μὴ τοὺς ἐγγύς,  
ἀλλὰ καὶ τοὺς ἄπωθεν πειρῶνται δουλοῦσθαι, πῶς οὐ χρὴ  
καὶ ἐπὶ τὸ ἔσχατον ἀγῶνος ἐλθεῖν (παράδειγμα δὲ ἔχομεν  
τούς τε ἀντιπέρας Εὐβοέας καὶ τῆς ἄλλης Ἑλλάδος τὸ  
πολὺ ὡς αὐτοῖς διάκειται), καὶ γνῶναι ὅτι τοῖς μὲν ἄλλοις  
οἱ πλησιόχωροι περὶ γῆς ὅρων τὰς μάχας ποιοῦνται, ἡμῖν δὲ  
ἐς πᾶσαν, ἢν νικηθῶμεν, εἷς ὅρος οὐκ ἀντίλεκτος παγήσεται;  
(4.92.5) ἐσελθόντες γὰρ βίᾳ τὰ ἡμέτερα ἕξουσιν. τοσούτῳ ἐπικινδυνοτέραν 
ἑτέρων τὴν παροίκησιν τῶνδε ἔχομεν. εἰώθασί  
τε οἱ ἰσχύος που θράσει τοῖς πέλας, ὥσπερ Ἀθηναῖοι νῦν,  
ἐπιόντες τὸν μὲν ἡσυχάζοντα καὶ ἐν τῇ ἑαυτοῦ μόνον  
ἀμυνόμενον ἀδεέστερον ἐπιστρατεύειν, τὸν δὲ ἔξω ὅρων  
προαπαντῶντα καί, ἢν καιρὸς ᾖ, πολέμου ἄρχοντα ἧσσον  
(4.92.6) ἑτοίμως κατέχειν. πεῖραν δὲ ἔχομεν ἡμεῖς αὐτοῦ ἐς τούσδε·  
νικήσαντες γὰρ ἐν Κορωνείᾳ αὐτούς, ὅτε τὴν γῆν ἡμῶν  
στασιαζόντων κατέσχον, πολλὴν ἄδειαν τῇ Βοιωτίᾳ μέχρι  
(4.92.7) τοῦδε κατεστήσαμεν. ὧν χρὴ μνησθέντας ἡμᾶς τούς τε  
πρεσβυτέρους ὁμοιωθῆναι τοῖς πρὶν ἔργοις, τούς τε νεωτέρους 
πατέρων τῶν τότε ἀγαθῶν γενομένων παῖδας πειρᾶσθαι 
μὴ αἰσχῦναι τὰς προσηκούσας ἀρετάς, πιστεύσαντας δὲ τῷ  
θεῷ πρὸς ἡμῶν ἔσεσθαι, οὗ τὸ ἱερὸν ἀνόμως τειχίσαντες  
νέμονται, καὶ τοῖς ἱεροῖς ἃ ἡμῖν θυσαμένοις καλὰ φαίνεται,  
ὁμόσε χωρῆσαι τοῖσδε καὶ δεῖξαι ὅτι ὧν μὲν ἐφίενται πρὸς  
τοὺς μὴ ἀμυνομένους ἐπιόντες κτάσθων, οἷς δὲ γενναῖον τήν  
τε αὑτῶν αἰεὶ ἐλευθεροῦν μάχῃ καὶ τὴν ἄλλων μὴ δουλοῦσθαι  
ἀδίκως, ἀνανταγώνιστοι ἀπ' αὐτῶν οὐκ ἀπίασιν.‘  
 | [4,92] "Aucun des chefs, Béotiens, n'aurait dû 
concevoir la pensée qu'il ne convient pas d'attaquer 
les Athéniens, sous prétexte que nous ne les 
joignons pas sur le territoire de la Béotie. Or c'est 
la Béotie qu'ils se proposent d'anéantir ; ils y sont 
venus du pays voisin ; ils y ont établi un fortin. A 
coup sûr, ils sont nos ennemis, quel que soit le lieu 
où nous les rencontrons, quel que soit l'endroit 
d'où partent leurs coups. Que ceux qui croient plus 
sûr de ne pas combattre se détrompent ! La 
prudence n'a pas les mêmes règles, pour qui 
défend son territoire et repousse des attaques et 
pour celui qui, tranquille sur ce qu'il possède, 
ambitionne d'accroître ses possessions et prend 
l'initiative de l'agression. C'est une tradition pour 
vous de repousser les attaques d'une armée 
étrangère aussi bien en dehors de vos frontières 
que sur votre propre territoire. A plus forte raison, 
quand il s'agit des Athéniens, qui par-dessus le 
marché sont vos voisins. Entre nations voisines 
l'équilibre des forces est la condition de la liberté, 
mais des gens qui ne se contentent pas d'asservir 
leurs proches voisins et qui veulent infliger le 
même sort à des peuples éloignés, comment ne pas 
les combattre à outrance ? Leur conduite envers les 
Eubéens nos voisins et envers la plus grande partie 
de la Grèce peut nous édifier. Avouons-le. 
Généralement on se combat entre États voisins 
pour une délimitation de frontières. Mais nous, si 
nous sommes vaincus, aurons-nous sur tout notre 
territoire une seule frontière qui soit stable et 
incontestée ? Ils sont venus en armes pour 
s'emparer de nos biens. Nul voisinage n'est pour 
nous plus redoutable que le leur. Ceux qui 
attaquent leurs voisins, comme le font maintenant 
les Athéniens, avec l'audace de la force, ont moins 
à redouter d'ordinaire un adversaire qui se tient 
sur la défensive et qui se contente de protéger son 
territoire ; mais si ce peuple franchit ses frontières 
pour prendre l'offensive contre l'ennemi, s'il saisit 
la première occasion pour engager la bataille, on 
n'en a pas aussi facilement raison. De ce fait, ils 
nous ont donné eux-mêmes une preuve. Notre 
victoire à Corôneia, quand nos dissensions leur 
permirent d'occuper le pays, a valu à la Béotie une 
longue sécurité qui n'a pas été troublée jusqu'à ce 
jour. Voilà ce dont nous devons nous souvenir. 
Nous les vieillards, montrons-nous à la hauteur de 
nos grands faits d'autrefois et que les jeunes gens, 
ces fils de pères si valeureux, fassent effort pour ne 
pas déshonorer ces vertus héréditaires. Ayons 
confiance dans l'aide du dieu dont ils ont, d'une 
manière sacrilège, converti le temple en forteresse. 
Ayons confiance dans les sacrifices qui nous sont 
favorables. Marchons contre eux avec ensemble ; 
montrons-leur que, s'ils veulent assouvir leurs 
ambitions, c'est à des peuples qui ne se défendent 
pas qu'ils doivent s'adresser ; mais que nous, qui 
sommes un peuple de bonne race et habitués à 
défendre par les armes notre liberté et à ne rien 
tenter d'injuste contre celle d'autrui. Nous ne les 
laisserons pas se retirer sans leur avoir livré combat".  
 |    |     |