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[4,59] ’Οὔτε πόλεως ὢν ἐλαχίστης, ὦ Σικελιῶται, τοὺς λόγους
ποιήσομαι οὔτε πονουμένης μάλιστα τῷ πολέμῳ, ἐς κοινὸν
δὲ τὴν δοκοῦσάν μοι βελτίστην γνώμην εἶναι ἀποφαινόμενος
(4.59.2) τῇ Σικελίᾳ πάσῃ. καὶ περὶ μὲν τοῦ πολεμεῖν ὡς χαλεπὸν
τί ἄν τις πᾶν τὸ ἐνὸν ἐκλέγων ἐν εἰδόσι μακρηγοροίη; οὐδεὶς
γὰρ οὔτε ἀμαθίᾳ ἀναγκάζεται αὐτὸ δρᾶν, οὔτε φόβῳ, ἢν
οἴηταί τι πλέον σχήσειν, ἀποτρέπεται. ξυμβαίνει δὲ τοῖς
μὲν τὰ κέρδη μείζω φαίνεσθαι τῶν δεινῶν, οἱ δὲ τοὺς
κινδύνους ἐθέλουσιν ὑφίστασθαι πρὸ τοῦ αὐτίκα τι ἐλασσοῦσθαι·
(4.59.3) αὐτὰ δὲ ταῦτα εἰ μὴ ἐν καιρῷ τύχοιεν ἑκάτεροι
πράσσοντες, αἱ παραινέσεις τῶν ξυναλλαγῶν ὠφέλιμοι.
(4.59.4) ὃ καὶ ἡμῖν ἐν τῷ παρόντι πειθομένοις πλείστου ἂν ἄξιον
γένοιτο· τὰ γὰρ ἴδια ἕκαστοι εὖ βουλευόμενοι δὴ θέσθαι
τό τε πρῶτον ἐπολεμήσαμεν καὶ νῦν πρὸς ἀλλήλους δι'
ἀντιλογιῶν πειρώμεθα καταλλαγῆναι καί, ἢν ἄρα μὴ προχωρήσῃ
ἴσον ἑκάστῳ ἔχοντι ἀπελθεῖν, πάλιν πολεμήσομεν.
| [4,59] "Ce n'est pas en qualité de citoyen d'une des
villes les moins importantes ou les plus éprouvées
par la guerre que je vais, Siciliens, prendre la
parole devant vous. Je voudrais m'efforcer de
montrer à la Sicile tout entière le parti qui me
paraît le plus conforme à l'intérêt général. A quoi
bon entrer dans de longs détails pour montrer à
des gens qui ne les ignorent pas les maux
qu'entraîne la guerre ? Du reste, ce n'est pas par
ignorance qu'on se voit poussé à l'entreprendre, ni
par crainte qu'on l'évite, si l'on pense y trouver du
profit. Mais les uns pensent que les gains qu'elle
procure compensent largement les dangers ; les
autres acceptent les risques et aiment mieux les
courir que subir une perte immédiate. Que les
adversaires n'aient ni les uns ni les autres ces
avantages, au moment opportun, c'est alors qu'il
est utile de les inviter à se réconcilier. Tel est notre
cas ; nous ne pourrions manquer de tirer le plus
grand profit d'une pareille conviction. C'est parce
que chacun de nous voulait servir ses intérêts
particuliers que nous avons pris les armes au
début ; tâchons maintenant que nos discussions
aboutissent à un accord. Si chacun n'obtient pas
ce qui lui revient de droit, nous recommencerons la guerre.
| [4,60] ‘Καίτοι γνῶναι χρὴ ὅτι οὐ περὶ τῶν ἰδίων μόνον, εἰ
σωφρονοῦμεν, ἡ ξύνοδος ἔσται, ἀλλ' εἰ ἐπιβουλευομένην τὴν
πᾶσαν Σικελίαν, ὡς ἐγὼ κρίνω, ὑπ' Ἀθηναίων δυνησόμεθα
ἔτι διασῶσαι· καὶ διαλλακτὰς πολὺ τῶν ἐμῶν λόγων ἀναγκαιοτέρους
περὶ τῶνδε Ἀθηναίους νομίσαι, οἳ δύναμιν
ἔχοντες μεγίστην τῶν Ἑλλήνων τάς τε ἁμαρτίας ἡμῶν
τηροῦσιν ὀλίγαις ναυσὶ παρόντες, καὶ ὀνόματι ἐννόμῳ
ξυμμαχίας τὸ φύσει πολέμιον εὐπρεπῶς ἐς τὸ ξυμφέρον
(4.60.2) καθίστανται. πόλεμον γὰρ αἰρομένων ἡμῶν καὶ ἐπαγομένων
αὐτούς, ἄνδρας οἳ καὶ τοῖς μὴ ἐπικαλουμένοις αὐτοὶ
ἐπιστρατεύουσι, κακῶς τε ἡμᾶς αὐτοὺς ποιούντων τέλεσι
τοῖς οἰκείοις, καὶ τῆς ἀρχῆς ἅμα προκοπτόντων ἐκείνοις,
εἰκός, ὅταν γνῶσιν ἡμᾶς τετρυχωμένους, καὶ πλέονί ποτε
στόλῳ ἐλθόντας αὐτοὺς τάδε πάντα πειράσασθαι ὑπὸ σφᾶς ποιεῖσθαι.
| [4,60] Pourtant, si nous sommes sages, il faut en
convenir, notre réunion n'a pas seulement pour
objet de régler nos intérêts particuliers ; c'est la
Sicile tout entière qui est à mon avis exposée aux
attaques des Athéniens ; il s'agit de tâcher de la
sauver. Plus que mes discours les Athéniens vous
contraindront à cette réconciliation : ce sont les
plus puissants des Grecs ; ils sont près de nous,
avec un petit nombre de vaisseaux, occupés à
guetter nos fautes et, se parant du titre d'alliés, ils
font servir à leur profit et sous de beaux prétextes
leur hostilité naturelle à notre égard. Poursuivons
la guerre ; faisons appel au concours de ces gens,
qui, sans qu'on les invite, interviennent d'eux-mêmes,
ruinons-nous par nos dépenses
particulières ; travaillons à étendre leur pouvoir !
Tout naturellement, quand ils verront notre
épuisement, ils viendront avec des forces plus
grandes et feront tout pour soumettre le pays
entier à leur domination.
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