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[4,3] Καὶ ὡς ἐγένοντο πλέοντες κατὰ τὴν Λακωνικὴν καὶ
ἐπυνθάνοντο ὅτι αἱ νῆες ἐν Κερκύρᾳ ἤδη εἰσὶ τῶν Πελοποννησίων,
ὁ μὲν Εὐρυμέδων καὶ Σοφοκλῆς ἠπείγοντο ἐς
τὴν Κέρκυραν, ὁ δὲ Δημοσθένης ἐς τὴν Πύλον πρῶτον
ἐκέλευε σχόντας αὐτοὺς καὶ πράξαντας ἃ δεῖ τὸν πλοῦν
ποιεῖσθαι· ἀντιλεγόντων δὲ κατὰ τύχην χειμὼν ἐπιγενόμενος
(4.3.2) κατήνεγκε τὰς ναῦς ἐς τὴν Πύλον. καὶ ὁ Δημοσθένης
εὐθὺς ἠξίου τειχίζεσθαι τὸ χωρίον (ἐπὶ τοῦτο γὰρ ξυνεκπλεῦσαι),
καὶ ἀπέφαινε πολλὴν εὐπορίαν ξύλων τε καὶ
λίθων, καὶ φύσει καρτερὸν ὂν καὶ ἐρῆμον αὐτό τε καὶ ἐπὶ
πολὺ τῆς χώρας· ἀπέχει γὰρ σταδίους μάλιστα ἡ Πύλος
τῆς Σπάρτης τετρακοσίους καὶ ἔστιν ἐν τῇ Μεσσηνίᾳ ποτὲ
οὔσῃ γῇ, καλοῦσι δὲ αὐτὴν οἱ Λακεδαιμόνιοι Κορυφάσιον.
(4.3.3) οἱ δὲ πολλὰς ἔφασαν εἶναι ἄκρας ἐρήμους τῆς Πελοποννήσου,
ἢν βούληται καταλαμβάνων τὴν πόλιν δαπανᾶν. τῷ δὲ
διάφορόν τι ἐδόκει εἶναι τοῦτο τὸ χωρίον ἑτέρου μᾶλλον,
λιμένος τε προσόντος καὶ τοὺς Μεσσηνίους οἰκείους ὄντας
αὐτῷ τὸ ἀρχαῖον καὶ ὁμοφώνους τοῖς Λακεδαιμονίοις πλεῖστ'
ἂν βλάπτειν ἐξ αὐτοῦ ὁρμωμένους, καὶ βεβαίους ἅμα τοῦ
χωρίου φύλακας ἔσεσθαι.
| [4,3] La flotte prit la mer ; arrivée devant les côtes
de la Laconie, elle apprit que les bâtiments
péloponnésiens avaient déjà rallié Corcyre.
Eurymédôn et Sophoclès voulaient s'y rendre en
toute hâte. Mais Démosthénès conseilla vivement
de faire escale d'abord à Pylos et de ne
reprendre la mer qu'après y avoir exécuté les
travaux nécessaires. Les autres firent de
l'opposition ; une tempête survint fort à propos qui
poussa la flotte à Pylos. Aussitôt Démosthénès
demanda qu'on fortifiât la position, disant que
c'était dans cette intention qu'il s'était joint à
l'expédition. Il fit valoir qu'on trouvait dans la
contrée du bois et de la pierre en quantité, que la
position naturellement forte était inhabitée, ainsi
que la plupart des campagnes environnantes.
Pylos, située à quatre cents stades environ de
Sparte, se trouve dans l'ancienne Messénie. Les
Péloponnésiens appellent Pylos Koryphasion. On
objecta à Démosthénès qu'il y avait dans le
Péloponnèse bien des sommets déserts, dont il
pouvait s'emparer s'il tenait à épuiser les caisses de
l'Etat. Il n'en continua pas moins à faire valoir les
avantages remarquables de cette position ; elle
disposait d'un port ; elle avait appartenu jadis aux
Messéniens, qui parlaient la même langue que les
Lacédémoniens ; en s'y installant et la prenant
comme base, ils pouvaient causer les plus grands
dommages aux Péloponnésiens et ils se montreraient
les inexpugnables défenseurs de la place.
| [4,4] ὡς δὲ οὐκ ἔπειθεν οὔτε τοὺς στρατηγοὺς οὔτε τοὺς στρατιώτας,
ὕστερον καὶ τοῖς ταξιάρχοις κοινώσας,
ἡσύχαζεν ὑπὸ ἀπλοίας, μέχρι αὐτοῖς τοῖς στρατιώταις
σχολάζουσιν ὁρμὴ ἐνέπεσε περιστᾶσιν ἐκτειχίσαι
(4.4.2) τὸ χωρίον. καὶ ἐγχειρήσαντες εἰργάζοντο, σιδήρια μὲν
λιθουργὰ οὐκ ἔχοντες, λογάδην δὲ φέροντες λίθους, καὶ
ξυνετίθεσαν ὡς ἕκαστόν τι ξυμβαίνοι· καὶ τὸν πηλόν, εἴ
που δέοι χρῆσθαι, ἀγγείων ἀπορίᾳ ἐπὶ τοῦ νώτου ἔφερον,
ἐγκεκυφότες τε, ὡς μάλιστα μέλλοι ἐπιμένειν, καὶ τὼ χεῖρε
(4.4.3) ἐς τοὐπίσω ξυμπλέκοντες, ὅπως μὴ ἀποπίπτοι. παντί τε
τρόπῳ ἠπείγοντο φθῆναι τοὺς Λακεδαιμονίους τὰ ἐπιμαχώτατα
ἐξεργασάμενοι πρὶν ἐπιβοηθῆσαι· τὸ γὰρ πλέον τοῦ
χωρίου αὐτὸ καρτερὸν ὑπῆρχε καὶ οὐδὲν ἔδει τείχους.
| [4,4] N'arrivant à convaincre ni les stratèges ni les
soldats, quand il eut fait part de son projet aux
taxiarques, il n'insista pas davantage.
Finalement d'eux-mêmes les soldats, immobilisés
par le mauvais temps et inactifs, furent pris du
désir de fortifier la position. Ils accoururent de
toutes parts et s'attelèrent au travail. Manquant
d'outils pour tailler les pierres, ils les apportaient
telles quelles et les assemblaient le mieux possible.
Ils n'avaient pas d'auges ; aussi quand il fallait du
mortier l'apportaient-ils sur leur dos, se courbant
pour éviter qu'il ne se répandît et le maintenant
avec leurs mains croisées peur l'empêcher de
couler. Ils s'ingéniaient tant qu'ils pouvaient pour
prévenir les Lacédémoniens et pour terminer les
préparatifs de défense avant d'être attaqués. Du
reste la plus grande partie de la position état
naturellement forte et n'avait pas besoin de muraille.
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