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[3,77] οἱ δὲ πολλῷ θορύβῳ καὶ πεφοβημένοι τά τ᾿ ἐν τῇ πόλει
καὶ τὸν ἐπίπλουν παρεσκευάζοντό τε ἅμα ἑξήκοντα ναῦς καὶ τὰς αἰεὶ
πληρουμένας ἐξέπεμπον πρὸς τοὺς ἐναντίους, παραινούντων Ἀθηναίων
σφᾶς τε ἐᾶσαι πρῶτον ἐκπλεῦσαι καὶ ὕστερον πάσαις ἅμα ἐκείνους
ἐπιγενέσθαι. ὡς δὲ αὐτοῖς πρὸς τοῖς πολεμίοις ἦσαν σποράδες αἱ νῆες, δύο
μὲν εὐθὺς ηὐτομόλησαν, ἐν ἑτέραις δὲ ἀλλήλοις οἱ ἐμπλέοντες ἐμάχοντο, ἦν
δὲ οὐδεὶς κόσμος τῶν ποιουμένων. ἰδόντες δὲ οἱ Πελοποννήσιοι τὴν ταραχὴν
εἴκοσι μὲν ναυσὶ πρὸς τοὺς Κερκυραίους ἐτάξαντο, ταῖς δὲ λοιπαῖς πρὸς τὰς
δώδεκα ναῦς τῶν Ἀθηναίων, ὧν ἦσαν αἱ δύο Σαλαμινία καὶ Πάραλος.
| [3,77] LXXVII. - A Corcyre, le trouble fut extrême. On
redoutait à la fois l'agitation intérieure et l'arrivée
de la flotte ennemie. On arma soixante vaisseaux
et, à mesure qu'ils étaient équipés, on les envoya
contre l'ennemi. Pourtant les Athéniens avaient
conseillé aux Corcyréens de les laisser sortir eux-mêmes
d'abord et de venir les soutenir avec la
flotte au complet. Comme les vaisseaux Corcyréens
abordaient l'ennemi isolément, deux d'entre eux en
profitèrent pour passer immédiatement dans les
rangs adverses. Sur d'autres les troupes
embarquées se battaient entre elles ; ce n'était
partout que confusion. A la vue de ce désordre, les
Péloponnésiens opposèrent vingt vaisseaux à ceux
des Corcyréens et avec le reste firent front contre
les douze vaisseaux d'Athènes, parmi lesquels se
trouvaient la Salaminienne et la Paralienne.
| [3,78] καὶ οἱ μὲν Κερκυραῖοι κακῶς τε καὶ κατ᾿ ὀλίγας προσπίπτοντες
ἐταλαιπώρουν τὸ καθ᾿ αὑτούς· οἱ δ᾿ Ἀθηναῖοι φοβούμενοι τὸ πλῆθος καὶ τὴν
περικύκλωσιν ἁθρόαις μὲν οὐ προσέπιπτον οὐδὲ κατὰ μέσον ταῖς ἐφ᾿
ἑαυτοὺς τεταγμέναις, προσβαλόντες δὲ κατὰ κέρας καταδύουσι μίαν ναῦν.
καὶ μετὰ ταῦτα κύκλον ταξαμένων αὐτῶν περιέπλεον καὶ ἐπειρῶντο
θορυβεῖν. γνόντες δὲ οἱ πρὸς τοῖς Κερκυραίοις καὶ δείσαντες μὴ ὅπερ ἐν
Ναυπάκτῳ γένοιτο, ἐπιβοηθοῦσι, καὶ γενόμεναι ἁθρόαι αἱ νῆες ἅμα τὸν
ἐπίπλουν τοῖς Ἀθηναίοις ἐποιοῦντο. οἱ δ᾿ ὑπεχώρουν ἤδη πρύμναν
κρουόμενοι καὶ ἅμα τὰς τῶν Κερκυραίων ἐβούλοντο προκαταφυγεῖν ὅτι
μάλιστα, ἑαυτῶν σχολῇ τε ὑποχωρούντων καὶ πρὸς σφᾶς τεταγμένων τῶν ἐναντίων.
| [3,78] LXXVIII. - Les Corcyréens, qui attaquaient
maladroitement et avec des forces trop faibles,
subissaient des pertes sévères. Les Athéniens de
leur côté effrayés par le nombre redoutaient
l'encerclement. Ils n'osèrent pas attaquer de front
l'adversaire qui restait groupé ni tenter d'enfoncer
le centre de la ligne ennemie qui leur faisait face.
Ils se dirigèrent donc sur une des ailes et coulèrent
un vaisseau. Là-dessus les Péloponnésiens ayant
pris une formation circulaire, ils tâchèrent de les
déborder par une des ailes et de jeter le désordre
dans leurs rangs. Les vaisseaux qui faisaient face
aux Corcyréens déjouèrent cette manoeuvre ;
craignant ce qui était arrivé à Naupakte, ils se
portèrent au secours des leurs. Une fois
rassemblés, les vaisseaux ennemis foncèrent sur
les Athéniens ; ceux-ci aussitôt se retirèrent,
faisant marche arrière la proue en avant. Ils
voulaient par cette manoeuvre faciliter le repli des
Corcyréens, tandis qu'eux-mêmes reculant avec
lenteur contiendraient l'ennemi. Tel fut le combat
naval qui prit fin au coucher du soleil.
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