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[3,79] Ἡ μὲν οὖν ναυμαχία τοιαύτη γενομένη ἐτελεύτα ἐς ἡλίου δύσιν,
καὶ οἱ Κερκυραῖοι δείσαντες μὴ σφίσιν ἐπιπλεύσαντες ἐπὶ τὴν πόλιν ὡς
κρατοῦντες οἱ πολέμιοι ἢ τοὺς ἐκ τῆς νήσου ἀναλάβωσιν ἢ καὶ ἄλλο τι
νεωτερίσωσι, τούς τε ἐκ τῆς νήσου πάλιν ἐς τὸ Ἥραιον διεκόμισαν καὶ τὴν
πόλιν ἐφύλασσον. οἱ δ᾿ ἐπὶ μὲν τὴν πόλιν οὐκ ἐτόλμησαν πλεῦσαι
κρατοῦντες τῇ ναυμαχίᾳ, τρεῖς δὲ καὶ δέκα ναῦς ἔχοντες τῶν Κερκυραίων
ἀπέπλευσαν ἐς τὴν ἤπειρον, ὅθενπερ ἀνηγάγοντο. τῇ δ᾿ ὑστεραίᾳ ἐπὶ μὲν
τὴν πόλιν οὐδὲν μᾶλλον ἐπέπλεον, καίπερ ἐν πολλῇ ταραχῇ καὶ φόβῳ ὄντας
καὶ Βρασίδου παραινοῦντος, ὡς λέγεται, Ἀλκίδᾳ, ἰσοψήφου δὲ οὐκ ὄντος· ἐπὶ
δὲ τὴν Λευκίμμην τὸ ἀκρωτήριον ἀποβάντες ἐπόρθουν τοὺς ἀγρούς.
| [3,79] LXXIX. - Les Corcyréens craignaient que l'ennemi,
exploitant sa victoire à fond, ne vînt attaquer la
ville, ou qu'il ne s'emparât des aristocrates déposés
dans l'île ; bref qu'il ne provoquât une nouvelle
agitation. Ils transportèrent donc à nouveau dans
le temple d'Héra les citoyens détenus dans l'île et
mirent la ville en état de défense. L'ennemi, malgré
la victoire qu'il venait de remporter, n'osa pas
l'attaquer ; avec les treize vaisseaux Corcyréens
dont il s'était emparé il regagna le point de la côte
d'où il était parti. Le lendemain, aucune attaque ne
fut prononcée contre la ville, malgré le trouble et
l'effroi extrêmes qui y régnaient et malgré l'avis de
Brasidas qui, dit-on, conseillait cette tentative à
Alkidas. Mais Brasidas n'avait pas les mêmes
pouvoirs qu'Aikidas. Les Péloponnésiens firent une
descente au promontoire de Leukimnè et ravagèrent le pays.
| [3,80] ὁ δὲ δῆμος τῶν Κερκυραίων ἐν τούτῳ περιδεὴς γενόμενος μὴ ἐπιπλεύσωσιν αἱ
νῆες, τοῖς τε ἱκέταις ᾖσαν ἐς λόγους καὶ τοῖς ἄλλοις, ὅπως σωθήσεται ἡ πόλις,
καί τινας αὐτῶν ἔπεισαν ἐς τὰς ναῦς ἐσβῆναι· ἐπλήρωσαν γὰρ ὅμως
τριάκοντα προσδεχόμενοι τὸν ἐπίπλουν. οἱ δὲ Πελοποννήσιοι μέχρι μέσου
ἡμέρας δῃώσαντες τὴν γῆν ἀπέπλευσαν, καὶ ὑπὸ νύκτα αὐτοῖς
ἐφρυκτωρήθησαν ἑξήκοντα νῆες Ἀθηναίων προσπλέουσαι ἀπὸ Λευκάδος· ἃς
οἱ Ἀθηναῖοι πυνθανόμενοι τὴν στάσιν καὶ τὰς μετ᾿ Ἀλκίδου ναῦς ἐπὶ
Κέρκυραν μελλούσας πλεῖν ἀπέστειλαν καὶ Εὐρυμέδοντα τὸν Θουκλέους στρατηγόν.
| [3,80] LXXX. - Cependant le parti démocratique de
Corcyre, qui appréhendait vivement l'arrivée de la
flotte ennemie, traita avec les suppliants et les
autres aristocrates pour tâcher de sauver la ville. Il
décida quelques-uns d'entre eux à prendre du
service sur les vaisseaux ; malgré la défaite on en
équipa trente. Les Péloponnésiens ravagèrent la
campagne jusqu'à la mi-journée ; ensuite ils
reprirent la mer. Il faut dire que les signaux par
feux les avaient avertis, pendant la nuit, du départ
de Leukas de soixante vaisseaux athéniens. A la
nouvelle du soulèvement de Corcyre et de l'envoi de
la flotte péloponnésienne avec Alkidas, ils les
avaient expédiés sous le commandement
d'Eurymédôn fils de Thouklès.
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