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[3,31] Ὁ μὲν τοσαῦτα εἰπὼν οὐκ ἔπειθε τὸν Ἀλκίδαν. ἄλλοι δέ τινες τῶν
ἀπ᾿ Ἰωνίας φυγάδων καὶ οἱ Λέσβιοι <οἱ> ξυμπλέοντες παρῄνουν, ἐπειδὴ
τοῦτον τὸν κίνδυνον φοβεῖται, τῶν ἐν Ἰωνίᾳ πόλεων καταλαβεῖν τινὰ ἢ
Κύμην τὴν Αἰολίδα, ὅπως ἐκ πόλεως ὁρμώμενοι τὴν Ἰωνίαν ἀποστήσωσιν
(ἐλπίδα δ᾿ εἶναι· οὐδενὶ γὰρ ἀκουσίως ἀφῖχθαι) καὶ τὴν πρόσοδον ταύτην
μεγίστην οὖσαν Ἀθηναίων {ἢν} ὑφέλωσι, καὶ ἅμα, ἢν ἐφορμῶσι σφίσιν,
αὐτοῖς δαπάνη γίγνηται· πείσειν τε οἴεσθαι καὶ Πισσούθνην ὥστε
ξυμπολεμεῖν. ὁ δὲ οὐδὲ ταῦτα ἐνεδέχετο, ἀλλὰ τὸ πλεῖστον τῆς γνώμης εἶχεν,
ἐπειδὴ τῆς Μυτιλήνης ὑστερήκει, ὅτι τάχιστα τῇ Πελοποννήσῳ πάλιν προσμεῖξαι.
| [3,31] XXXI. - Teutiaplos ne réussit pas à convaincre
Alkidas. Quelques exilés ioniens et les Lesbiens qui
étaient à bord lui conseillèrent, puisqu'il n'osait
courir ce risque, de mettre la main sur une ville
d'Ionie ou sur Kymè en Éolie, afin d'avoir un point
d'appui pour soulever l'Ionie. Ce n'était pas
impossible, déclaraient-ils : tous avaient vu avec
joie leur arrivée. Si l'on privait les Athéniens de
cette source principale de revenus et si en même
temps on leur imposait les frais d'un blocus, ce
serait tout profit pour les Péloponnésiens. On
pouvait espérer, ajoutaient-ils, amener Pissouthnés
à joindre ses forces aux leurs. Cet avis n'agréa pas
non plus à Alkidas ; du moment qu'il avait été
surpris par la prise de Mytilène, il penchait pour
un retour aussi rapide que possible dans le Péloponnèse.
| [3,32] ἄρας δὲ ἐκ τοῦ Ἐμβάτου παρέπλει, καὶ προσσχὼν Μυοννήσῳ τῇ Τηίων
τοὺς αἰχμαλώτους οὓς κατὰ πλοῦν εἰλήφει ἀπέσφαξε τοὺς πολλούς.
καὶ ἐς τὴν Ἔφεσον καθορμισαμένου αὐτοῦ Σαμίων τῶν ἐξ
Ἀναίων ἀφικόμενοι πρέσβεις ἔλεγον οὐ καλῶς τὴν Ἑλλάδα ἐλευθεροῦν
αὐτόν, εἰ ἄνδρας διέφθειρεν οὔτε χεῖρας ἀνταιρομένους οὔτε πολεμίους,
Ἀθηναίων δὲ ὑπὸ ἀνάγκης ξυμμάχους· εἴ τε μὴ παύσεται, ὀλίγους μὲν αὐτὸν
τῶν ἐχθρῶν ἐς φιλίαν προσάξεσθαι, πολὺ δὲ πλείους τῶν φίλων πολεμίους
ἕξειν. καὶ ὁ μὲν ἐπείσθη τε καὶ Χίων ἄνδρας ὅσους εἶχεν ἔτι ἀφῆκε καὶ τῶν
ἄλλων τινάς· ὁρῶντες γὰρ τὰς ναῦς οἱ ἄνθρωποι οὐκ ἔφευγον, ἀλλὰ
προσεχώρουν μᾶλλον ὡς Ἀττικαῖς καὶ ἐλπίδα οὐδὲ τὴν ἐλαχίστην εἶχον μή
ποτε Ἀθηναίων τῆς θαλάσσης κρατούντων ναῦς Πελοποννησίων ἐς Ἰωνίαν
παραβαλεῖν.
| [3,32] XXXII. - Il leva donc l'ancre d'Embatos, longea la
côte d'Ionie et aborda à Myonésos qui dépend de
Téôs ; là il fit égorger la plupart des prisonniers
capturés au cours de sa navigation. Il
mouilla ensuite à Éphèse ; une députation des
Samiens d'Anaees y vint lui reprocher sa conduite :
c'était bien mal s'y prendre pour donner la liberté à
la Grèce que de mettre à mort des gens qui
n'avaient pas pris les armes contre lui et qui
n'étaient pas des ennemis, puisque la nécessité
seule en avait fait des alliés des Athéniens. Une
pareille conduite était de nature à lui concilier peu
d'ennemis, à lui aliéner au contraire beaucoup
d'amis. Il comprit le bien-fondé de ces reproches et
relâcha les prisonniers de Khios et d'ailleurs qu'il
avait encore entre les mains. C'est qu'à la vue de
ses vaisseaux nul n'avait cherché à fuir ; bien au
contraire tous s'en étaient approchés pensant avoir
affaire à des vaisseaux d'Athènes. Nul ne pouvait
penser que jamais, tant que les Athéniens seraient
maîtres de la mer, des navires péloponnésiens
aborderaient en Ionie.
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