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[6,89] ’Ἀναγκαῖον περὶ τῆς ἐμῆς διαβολῆς πρῶτον ἐς ὑμᾶς
εἰπεῖν, ἵνα μὴ χεῖρον τὰ κοινὰ τῷ ὑπόπτῳ μου ἀκροάσησθε.
(6.89.2) τῶν δ' ἐμῶν προγόνων τὴν προξενίαν ὑμῶν κατά τι ἔγκλημα
ἀπειπόντων αὐτὸς ἐγὼ πάλιν ἀναλαμβάνων ἐθεράπευον ὑμᾶς
ἄλλα τε καὶ περὶ τὴν ἐκ Πύλου ξυμφοράν. καὶ διατελοῦντός
μου προθύμου ὑμεῖς πρὸς Ἀθηναίους καταλλασσόμενοι τοῖς
μὲν ἐμοῖς ἐχθροῖς δύναμιν δι' ἐκείνων πράξαντες, ἐμοὶ δὲ
(6.89.3) ἀτιμίαν περιέθετε. καὶ διὰ ταῦτα δικαίως ὑπ' ἐμοῦ πρός
τε τὰ Μαντινέων καὶ Ἀργείων τραπομένου καὶ ὅσα ἄλλα
ἐνηντιούμην ὑμῖν ἐβλάπτεσθε· καὶ νῦν, εἴ τις καὶ τότε ἐν
τῷ πάσχειν οὐκ εἰκότως ὠργίζετό μοι, μετὰ τοῦ ἀληθοῦς
σκοπῶν ἀναπειθέσθω. ἢ εἴ τις, διότι καὶ τῷ δήμῳ προσεκείμην μᾶλλον,
χείρω με ἐνόμιζε, μηδ' οὕτως ἡγήσηται
(6.89.4) ὀρθῶς ἄχθεσθαι. τοῖς γὰρ τυράννοις αἰεί ποτε διάφοροί
ἐσμεν (πᾶν δὲ τὸ ἐναντιούμενον τῷ δυναστεύοντι δῆμος ὠνόμασται), καὶ ἀπ'
ἐκείνου ξυμπαρέμεινεν ἡ προστασία ἡμῖν
τοῦ πλήθους. ἅμα δὲ καὶ τῆς πόλεως δημοκρατουμένης τὰ
(6.89.5) πολλὰ ἀνάγκη ἦν τοῖς παροῦσιν ἕπεσθαι. τῆς δὲ ὑπαρχούσης
ἀκολασίας ἐπειρώμεθα μετριώτεροι ἐς τὰ πολιτικὰ εἶναι.
ἄλλοι δ' ἦσαν καὶ ἐπὶ τῶν πάλαι καὶ νῦν οἳ ἐπὶ τὰ πονηρότερα
(6.89.6) ἐξῆγον τὸν ὄχλον· οἵπερ καὶ ἐμὲ ἐξήλασαν. ἡμεῖς
δὲ τοῦ ξύμπαντος προέστημεν, δικαιοῦντες ἐν ᾧ σχήματι
μεγίστη ἡ πόλις ἐτύγχανε καὶ ἐλευθερωτάτη οὖσα καὶ ὅπερ
ἐδέξατό τις, τοῦτο ξυνδιασῴζειν, ἐπεὶ δημοκρατίαν γε καὶ
ἐγιγνώσκομεν οἱ φρονοῦντές τι, καὶ αὐτὸς οὐδενὸς ἂν χεῖρον,
ὅσῳ καὶ λοιδορήσαιμι. ἀλλὰ περὶ ὁμολογουμένης ἀνοίας
οὐδὲν ἂν καινὸν λέγοιτο· καὶ τὸ μεθιστάναι αὐτὴν οὐκ ἐδόκει
ἡμῖν ἀσφαλὲς εἶναι ὑμῶν πολεμίων προσκαθημένων.
| [6,89] LXXXIX. – « Il me faut d'abord répondre aux préventions dont je suis victime ;
ainsi votre défiance à mon endroit ne viendra pas contrarier votre attention aux
intérêts de l'État. Mes ancêtres avaient dénoncé, je ne sais pourquoi, les liens
d'hospitalité qui les unissassent à vous, c'est moi qui les ai rétablis et qui
vous ai rendu service, en maintes circonstances et surtout lors de votre malheur
de Pylos. Je n'ai cessé de vous montrer du dévouement ; pourtant une fois
réconciliés avec les Athéniens, ce sont mes ennemis qui vous avaient aidés dans
vos négociations qui ont récolté vos faveurs et moi vos affronts. Aussi
n'avez-vous rien à me reprocher, si je me suis tourné vers les Mantinéens et les
Argiens et si je vous ai fait, en cette circonstance et en bien d'autres, le mal
que j'ai pu. Si l'on me gardait rancune de vous avoir infligé un traitement
immérité, qu'on examine la question à la lueur de la vérité et qu'on revienne de
cette prévention. Si encore, sous le prétexte que j'ai favorisé le régime
populaire, l'on avait de moi une mauvaise opinion, qu'on réfléchisse combien
cette antipathie est peu fondée. Nous avons toujours été ennemis des tyrans et
tout ce qui fait opposition au gouvernement absolu est désigné par le terme de
peuple. Et c'est pour cette raison que nous avons toujours été à la tête de la
masse. D'ailleurs, dans une ville gouvernée démocratiquement, force est en
général de respecter le régime établi. Néanmoins, nous avons tâché dans la
conduite de l'État de montrer plus de modération que n'en comportait la licence
régnante. Mais aujourd'hui comme jadis, il y a des gens pour pousser la foule
aux pires excès ; ce sont ces gens-là qui m 'ont chassé. Tant que nous avons été
à la tête du gouvernement, nous avons encore pris comme ligne de conduite de
maintenir la ville en l'état qui avait favorisé sa grandeur et sa liberté et de
sauvegarder sa situation. Nous autres, gens raisonnables, nous connaissons trop
la démocratie, moi comme les autres et d'autant mieux que je peux lui reprocher
sa conduite à mon égard ! Mais sur la folie de ce gouvernement, dont tout le
monde convient, il est impossible de dire quelque chose de nouveau. Toutefois un
changement de régime ne présentait que des dangers, alors que vous vous trouviez
en armes sous nos murs.
| [6,90] ‘Καὶ τὰ μὲν ἐς τὰς ἐμὰς διαβολὰς τοιαῦτα ξυνέβη· περὶ
δὲ ὧν ὑμῖν τε βουλευτέον καὶ ἐμοί, εἴ τι πλέον οἶδα, ἐσηγητέον,
(6.90.2) μάθετε ἤδη. ἐπλεύσαμεν ἐς Σικελίαν πρῶτον μέν, εἰ
δυναίμεθα, Σικελιώτας καταστρεψόμενοι, μετὰ δ' ἐκείνους
αὖθις καὶ Ἰταλιώτας, ἔπειτα καὶ τῆς Καρχηδονίων ἀρχῆς καὶ
(6.90.3) αὐτῶν ἀποπειράσοντες. εἰ δὲ προχωρήσειε ταῦτα ἢ πάντα
ἢ καὶ τὰ πλείω, ἤδη τῇ Πελοποννήσῳ ἐμέλλομεν ἐπιχειρήσειν,
κομίσαντες ξύμπασαν μὲν τὴν ἐκεῖθεν προσγενομένην δύναμιν
τῶν Ἑλλήνων, πολλοὺς δὲ βαρβάρους μισθωσάμενοι καὶ
Ἴβηρας καὶ ἄλλους τῶν ἐκεῖ ὁμολογουμένως νῦν βαρβάρων
μαχιμωτάτους, τριήρεις τε πρὸς ταῖς ἡμετέραις πολλὰς
ναυπηγησάμενοι, ἐχούσης τῆς Ἰταλίας ξύλα ἄφθονα, αἷς
τὴν Πελοπόννησον πέριξ πολιορκοῦντες καὶ τῷ πεζῷ ἅμα
ἐκ γῆς ἐφορμαῖς τῶν πόλεων τὰς μὲν βίᾳ λαβόντες, τὰς δ'
ἐντειχισάμενοι, ῥᾳδίως ἠλπίζομεν καταπολεμήσειν καὶ μετὰ
(6.90.4) ταῦτα καὶ τοῦ ξύμπαντος Ἑλληνικοῦ ἄρξειν. χρήματα δὲ
καὶ σῖτον, ὥστε εὐπορώτερον γίγνεσθαί τι αὐτῶν, αὐτὰ τὰ
προσγενόμενα ἐκεῖθεν χωρία ἔμελλε διαρκῆ ἄνευ τῆς ἐνθένδε
προσόδου παρέξειν.
| [6,90] XC. – « Voilà ce qu'il en est des préventions soulevées à mon sujet. Abordons
maintenant la question dont il vous faut délibérer et sur laquelle mon
expérience directe me fait un devoir de vous conseiller. Nous avons entrepris
l'expédition de Sicile, pour essayer de soumettre d'abord les Siciliens et après
eux les Italiotes ; notre objectif était ensuite les sujets de Carthage et les
Carthaginois eux-mêmes. En cas de succès total ou partiel, nous devions ensuite
attaquer sans tarder le Péloponnèse, en y ramenant toutes les forces grecques
qu'en Sicile nous nous serions adjointes et en prenant à notre solde quantité de
Barbares comme les Ibères et tous ceux qui passent pour les plus belliqueux de
ces contrées. Pour renforcer notre flotte, nous aurions construit quantité de
trières, car l'Italie offre en abondance des bois de construction ; nous aurions
alors bloqué de toutes parts le Péloponnèse et, combinant ces opérations avec
des incursions sur le continent, pris de force un certain nombre de villes et
investi les autres ; nous espérions ainsi terminer facilement la guerre et
dominer ensuite la Grèce entière. Quant à l'argent et au ravitaillement propres
à faciliter l'exécution de ce plan, sans parler de nos revenus en Grèce, les
places conquises en Sicile nous en auraient fourni suffisamment.
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