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[6,67] Τῇ δ' ὑστεραίᾳ οἱ Ἀθηναῖοι καὶ οἱ ξύμμαχοι παρεσκευάζοντο
ὡς ἐς μάχην, καὶ ξυνετάξαντο ὧδε. δεξιὸν μὲν κέρας
Ἀργεῖοι εἶχον καὶ Μαντινῆς, Ἀθηναῖοι δὲ τὸ μέσον, τὸ δὲ
ἄλλο οἱ ξύμμαχοι οἱ ἄλλοι. καὶ τὸ μὲν ἥμισυ αὐτοῖς τοῦ
στρατεύματος ἐν τῷ πρόσθεν ἦν τεταγμένον ἐπὶ ὀκτώ, τὸ δὲ
ἥμισυ ἐπὶ ταῖς εὐναῖς ἐν πλαισίῳ, ἐπὶ ὀκτὼ καὶ τοῦτο τεταγμένον·
οἷς εἴρητο, ᾗ ἂν τοῦ στρατεύματός τι πονῇ μάλιστα,
ἐφορῶντας παραγίγνεσθαι. καὶ τοὺς σκευοφόρους ἐντὸς
(6.67.2) τούτων τῶν ἐπιτάκτων ἐποιήσαντο. οἱ δὲ Συρακόσιοι ἔταξαν
τοὺς μὲν ὁπλίτας πάντας ἐφ' ἑκκαίδεκα, ὄντας πανδημεὶ
Συρακοσίους καὶ ὅσοι ξύμμαχοι παρῆσαν (ἐβοήθησαν δὲ αὐτοῖς
Σελινούντιοι μὲν μάλιστα, ἔπειτα δὲ καὶ Γελῴων ἱππῆς,
τὸ ξύμπαν ἐς διακοσίους, καὶ Καμαριναίων ἱππῆς ὅσον εἴκοσι
καὶ τοξόται ὡς πεντήκοντα), τοὺς δὲ ἱππέας ἐπετάξαντο ἐπὶ
τῷ δεξιῷ, οὐκ ἔλασσον ὄντας ἢ διακοσίους καὶ χιλίους, παρὰ
(6.67.3) δ' αὐτοὺς καὶ τοὺς ἀκοντιστάς. μέλλουσι δὲ τοῖς Ἀθηναίοις
προτέροις ἐπιχειρήσειν ὁ Νικίας κατά τε ἔθνη ἐπιπαριὼν
ἕκαστα καὶ ξύμπασι τοιάδε παρεκελεύετο.
| [6,67] LXVII. - Le lendemain, les Athéniens et leurs alliés se préparèrent au combat
et prirent la formation suivante : à l'aile droite les Argiens et les Mantinéens ; au
centre, les Athéniens ; à l'aile gauche les autres alliés. Ils avaient en
première ligne la moitié de leurs troupes sur huit rangs de profondeur, l'autre
moitié près des tentes formait un rectangle, disposé également sur huit rangs en
profondeur. Cette réserve avait ordre de surveiller le combat et de se porter
aux endroits de la ligne les plus menacés. Au centre de cette division on avait
mis les valets. Les Syracusains rangèrent leurs hoplites sur seize rangs en
profondeur ; toutes les forces de Syracuse étaient là et tous les alliés : les
Sélinontins qui particulièrement avaient répondu à l'appel des Syracusains ; des
cavaliers de Géla, au nombre de deux cents, en tout ; environ vingt cavaliers et
cinquante archers de Kamarina. La cavalerie avait été mise à l'aile droite et
n'était pas inférieure à douze cents hommes ; à ses côtés se trouvaient les gens
de trait. Comme c'étaient les Athéniens qui devaient engager le combat, Nicias
passa dans les rangs des différentes nations et adressa à tous l'exhortation ci-dessous :
| [6,68] ‘Πολλῇ μὲν παραινέσει, ὦ ἄνδρες, τί δεῖ χρῆσθαι, οἳ
πάρεσμεν ἐπὶ τὸν αὐτὸν ἀγῶνα; αὐτὴ γὰρ ἡ παρασκευὴ
ἱκανωτέρα μοι δοκεῖ εἶναι θάρσος παρασχεῖν ἢ καλῶς λεχθέντες
(6.68.2) λόγοι μετὰ ἀσθενοῦς στρατοπέδου. ὅπου γὰρ Ἀργεῖοι
καὶ Μαντινῆς καὶ Ἀθηναῖοι καὶ νησιωτῶν οἱ πρῶτοί ἐσμεν,
πῶς οὐ χρὴ μετὰ τοιῶνδε καὶ τοσῶνδε ξυμμάχων πάντα τινὰ
μεγάλην τὴν ἐλπίδα τῆς νίκης ἔχειν, ἄλλως τε καὶ πρὸς
ἄνδρας πανδημεί τε ἀμυνομένους καὶ οὐκ ἀπολέκτους ὥσπερ
καὶ ἡμᾶς, καὶ προσέτι Σικελιώτας, οἳ ὑπερφρονοῦσι μὲν ἡμᾶς,
ὑπομενοῦσι δ' οὔ, διὰ τὸ τὴν ἐπιστήμην τῆς τόλμης ἥσσω
(6.68.3) ἔχειν. παραστήτω δέ τινι καὶ τόδε, πολύ τε ἀπὸ τῆς ἡμετέρας
αὐτῶν εἶναι καὶ πρὸς γῇ οὐδεμιᾷ φιλίᾳ, ἥντινα μὴ αὐτοὶ μαχόμενοι κτήσεσθε.
καὶ τοὐναντίον ὑπομιμνῄσκω ὑμᾶς ἢ οἱ
πολέμιοι σφίσιν αὐτοῖς εὖ οἶδ' ὅτι παρακελεύονται· οἱ μὲν γὰρ
ὅτι περὶ πατρίδος ἔσται ὁ ἀγών, ἐγὼ δὲ ὅτι οὐκ ἐν πατρίδι, ἐξ
ἧς κρατεῖν δεῖ ἢ μὴ ῥᾳδίως ἀποχωρεῖν· οἱ γὰρ ἱππῆς πολλοὶ
(6.68.4) ἐπικείσονται. τῆς τε οὖν ὑμετέρας αὐτῶν ἀξίας μνησθέντες
ἐπέλθετε τοῖς ἐναντίοις προθύμως, καὶ τὴν παροῦσαν ἀνάγκην
καὶ ἀπορίαν φοβερωτέραν ἡγησάμενοι τῶν πολεμίων.’
| [6,68] LXVIII. – « Qu'ai -je besoin, soldats, de vous exhorter longuement, puisque
nous sommes réunis pour combattre ensemble ? Tant de moyens rassemblés sont,
me paraît-il, plus propres à inspirer la confiance que de belles paroles avec une
armée insuffisante. Nous voici côte à côte : Argiens, Mantinéens, Athéniens et
les plus valeureux des insulaires. Avec des alliés pareils et si nombreux,
comment ne pas espérer fermement la victoire ? Ajoutez qu'en face de vous, vous
n'avez qu'une multitude mal organisée, rien qui ressemble à des troupes d'élite,
comme les nôtres ; que dis-je des Siciliens qui nous méprisent, mais qui
lâcheront pied devant nous, parce que leur science militaire n'est pas à la
hauteur de leur audace. Dites-vous bien que nous sommes loin de notre patrie,
que nous ne disposons d'aucun territoire ami, à moins d'en acquérir par la force
des armes. Ce que j'ai à vous rappeler est juste à l'opposé - je le sais bien -
de ce que nos ennemis se disent entre eux pour s'exciter au combat. Ils disent
qu'ils vont combattre pour leur patrie ; je vous déclare que vous ne combattrez
pas dans votre patrie, mais dans un pays que vous devez vaincre, faute de quoi
vous n'en sortirez qu'avec difficulté. Vous serez accablés par une cavalerie
nombreuse. Souvenez-vous donc de votre gloire, marchez à l'ennemi avec courage
et dites-vous bien que les nécessités présentes et le manque possible de
ressources sont plus redoutables pour vous que l'ennemi même. »
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