[20] Εἰ δὲ κάρη ξανθὸς ἦν ὁ Μενέλαος, ἀλλ´ οὔτι καὶ
κομήτης γε ἦν, ὅσα γε ἀπὸ τοῦ λόγου. ἀλλ´ οὐδὲ ἔπαινος
τοῦτο τριχῶν, ἀλλ´, ὥσπερ εἶχεν, ἐδίδαξεν, οὐ γὰρ ὅ τι
ἂν Ὅμηρος ὀνομάσῃ τοῦτο τῆς φύσεώς ἐστι τῶν ἐπαινετῶν·
Δίωνι δὲ ὑπὲρ εὐπορίας ταὐτὸν ἔοικεν εἶναι μνήμη
τριχῶν καὶ ἐγκώμιον, ὅστις οὕτως ἀνδρείως ἐπέθετο, τὰ
μὲν οὐκ ἐνόντα τῇ ποιήσει προσνέμειν, τῶν δὲ ὄντων ἀποστερεῖν
αὐτήν, ὥσθ´, ἵνα πείσῃ λέγων, ὅτι πρέπει πολὺ
μᾶλλον ἀνδράσιν ἢ γυναιξὶν ἡ κόμη, καὶ τῶν θεῶν, φησί,
τὰς μὲν θηλείας Ὅμηρος ἄλλως ἐπαινεῖ, βοῶπιν Ἥραν καὶ
Θέτιν ἀργυρόπεζαν· τοῦ Διὸς δὲ μάλιστα ἐπαινεῖ τὰς τρίχας.
ἐξεκέκοπτο γὰρ ἴσως αὐτῷ τὸ βιβλίον ἐπῶν ἀγαθῶν
καὶ συχνῶν, ὁποῖα ταυτί·
Ἀπόλλωνι ἄνακτι, τὸν ἠύκομος τέκε Δητώ·
τὸν θὲς Ἀθηναίης ἐπὶ γούνασιν ἠυκόμοιο.
περὶ δὲ τῆς Ἥρας ἐπιβουλευούσης τὸν Δία κατακοιμίσαι,
τά τε ἄλλα κομμωτίσασθαί φησι τὴν θεόν, ἐν ᾧ γε
μέλλει καὶ δεήσεσθαι τοῦ κεστοῦ, ὃς ἄλλα τε πολλὰ δύναται,
καὶ μέγιστον, ὅτι κλέπτει τῶν ἐχόντων τὸν νοῦν. τότε
τοίνυν ἐν ταὐτῷ μυραλοιφῆσαί τε αὐτὴν λέγει, καὶ ὅτι
χαίτας
πεξαμένη, χερσὶ πλοκάμους ἔπλεξε φαεινούς,
καλούς, ἀμβροσίους,
ὃ καὶ τοῦ πλήθους τῶν ἐγκωμίων ἄξιον. ἄξιόν γε μήν,
εἴπερ ὁ λόχος ἐπὶ τὸν Δία, πολλῶν, ἄν τις εἴποι, τῷ Δίωνι
παρεωραμένων, μᾶλλον δὲ ἃ καλῶς ἐκεῖνος εἰδώς, οὐκ
εἰδέναι προσεποιήσατο. ἐγὼ δὲ καὶ οἶδα ταυτί, καὶ οὐκ ἄγω
γε τὰ ψευδῆ διὰ τὴν ὑπόθεσιν, οὐδ´ ἂν συγχωρήσαιμι κομήτην
εἶναί τινα τῶν οἰκούντων τὸν οὐρανόν. κοινὸς ὁ λόγος
περί τε τῶν ἀρρένων καὶ θηλειῶν· ὡς οὐδέν γε τῆς ἐν
ἄστροις Ἀφροδίτης ὁ Ζεὺς ἀκριβέστερος εἰς σφαιρικὴν ἐπιφάνειαν.
εἴρηται δὲ οὕτω καὶ περὶ τοῦ Διός, ὃν κορωνίδα
τῷ λόγῳ Δίων ἐπέθηκεν, ὡς ἃ Ὁμήρῳ τεθεολόγηται, τὰ
μὲν πολλὰ πρὸς δόξαν ἐστίν, ὀλίγα δὲ πρὸς ἀλήθειαν.
ἓν δή τι καὶ τοῦτο πρὸς δόξαν ἐστίν, αἱ ῥωννύμεναι τρίχες
ἀπὸ τῆς κεφαλῆς τοῦ Διὸς καὶ συγκινοῦσαι τὸν οὐρανόν,
ὃ τοῖς πλήθεσι καὶ τοῖς ἀγαλματοποιοῖς συνεχώρησεν.
Ὁμήρου τοίνυν καὶ Λακεδαιμονίων ἐξῃρημένων, οὐδὲν ἔτι
μέρος ὑπολείπεται τῷ λόγῳ τῷ Δίωνος· ἀλλὰ καὶ τούτων
προσόντων, ὅπερ ἐλέγομεν, οὐκ ἔσθ´ ὅ τι καὶ περὶ φύσεως
εἴρηκε τῶν τριχῶν, οὔτ´ οἴκοθεν ἐξευρών, οὔτε παρὰ τούτων
λαβών· οὐχ ὅ τί ποτέ εἰσιν εἶπεν, οὐχ ὁποῖον ἐδίδαξεν,
οὐχ ὡς ἀγαθόν εἰσιν οἷς ἂν ὑπάρξωσιν ἔδειξεν, οὐχ
ὡς κακὸν οἷς οὐ πάρεισιν. ὁ δὲ λόγος οὗτος αὐτὰς τῶν
πραγμάτων τὰς οὐσίας ἐξητακώς, φαλάκραν μὲν θεῖον οὔσαν
ἐξεῦρε, καὶ τοῦ θείου συγγενῆ, καὶ τέλος τῆς φύσεως, καὶ
σηκὸν ἄντικρυς ᾧ φρονοῦμεν θεοῦ, ἄλλα μυρία καὶ περὶ
σῶμα καὶ ψυχὴν ἀγαθὰ καθ´ ἕκαστον ἐπεξιών, ὅπως τε
ἔχει, καὶ διὰ τί· ὡς οὐδὲν ὅ τι καὶ δίχα λαμπρᾶς αἰτίας
προήνεγκεν. θριξὶ δὲ πέφηνεν ἅπαντα τἀναντία τούτων
ὑπάρχοντα, ἀλογία καὶ ζῷα καὶ πᾶν ὅ τι τῆς ἐναντίας τῷ
θεῷ μερίδος ἐστί. πεφήνασιν ἀθέρες τινὲς οὖσαι τοῦ ζῴου
καὶ περικάρπια, παίγνια φύσεως, ὕλης ἀτελοῦς ἐξανθήματα.
| [20] Que Ménélas ait été blond, il ne s’ensuit pas du tout qu’il fût chevelu.
D’ailleurs peut-on voir un éloge de la chevelure dans cette simple mention d’un fait?
Les épithètes que nous trouvons dans Homère ne sont pas toutes louangeuses. Dion,
cherchant partout des arguments, semble croire que parler de la chevelure et en parler
avec estime c’est la même chose. Pour mieux convaincre le lecteur, quand il cite le
poète, tantôt il ajoute, tantôt il retranche. S’il veut prouver que la chevelure sied aux
hommes mieux qu’aux femmes: « Quand Homère, dit-il, célèbre les déesses, c’est
Junon aux grands yeux, c’est Thétis aux pieds d’argent; mais chez Jupiter ce qu’il
vante surtout, c’est la chevelure ». Dion n’avait sans doute qu’un exemplaire mutilé de
l’Iliade, puisqu’il n’y trouvait pas beaucoup de beaux vers, tels que ceux-ci:
"Apollon, qu’enfanta Latone aux beaux cheveux.
Pallas aux beaux cheveux doit recevoir tes dons".
Et quand Junon veut assoupir Jupiter, Homère nous la montre à sa toilette : elle
va, tout à l’heure, ajouter à sa parure cette ceinture merveilleuse où sont renfermés
des charmes qui captivent les âmes les plus sages. Après avoir répandu sur ses
membres de suaves essences,
" --- la déesse Peigne ses beaux cheveux, les parfums, et les tresse
Tout brillants d’ambroisie."
Une chevelure comme celle-ci mérite bien des éloges; elle en mérite surtout
puisqu’elle va séduire Jupiter. Dion, nous pouvons le dire, a oublié de nombreux
passages d’Homère; ou plutôt il se les rappelait parfaitement, mais il a feint de ne pas
s’en souvenir. Pour moi, voici ce que je déclare, et je ne veux, pour plaider ma cause,
rien dire qui soit contraire à ma pensée: je ne puis admettre que parmi les habitants du
ciel il en est qui soient chevelus; dieux ou déesses, ils se ressemblent tous. Regardez
les astres : Jupiter n’a pas plus de sphéricité que Vénus. La chevelure de Jupiter, c’est
pour Dion l’argument décisif; mais quand Homère nous parle des dieux, il est l’esclave
des préjugés plutôt que l’interprète fidèle de la vérité. Or l’un de ces préjugés, c’est
que Jupiter remue le ciel en secouant sa tête couverte de cheveux épais. Voilà la
fausse idée qui s’est accréditée dans le vulgaire et chez les statuaires. Supprimez
Homère et les Lacédémoniens, que reste-t-il du discours de Dion? Mais laissons-lui
les Lacédémoniens et Homère: toujours est-il que ne sachant rien, ni par lui-même, ni
par les autres, sur la nature des cheveux, il ne nous apprend pas ce qu’ils sont au
juste, ni quelle en est la valeur réelle ; il ne nous fait pas voir que ce soit vraiment un
bien d’en posséder, un mal d’en être privé. Nous, au contraire, descendant au fond
des choses, nous avons trouvé que la calvitie est un don inestimable, qui nous
rapproche de la Divinité; qu’elle est la fin vers laquelle nous devons tendre; qu’une tête
chauve est comme le temple où réside l’esprit céleste, principe de notre pensée. Nous
avons énuméré tous les avantages qu’en retirent l’âme et le corps, dit en quoi ils
consistent, comment ils se produisent; et nous n’avons rien avancé qui ne fût soutenu
par d’évidentes raisons. Mais la chevelure, nous l’avons reconnu, a des effets tout
contraires: avec elle viennent l’irréflexion, la grossièreté, et toutes les misères qui nous
éloignent de la Divinité. Les poils sont, pour l’animal, comme ces barbes et ces
pellicules que la nature capricieuse fait croître sur la plante encore imparfaite.
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