| [19] Ὅλως δὲ ἀγαθὸν μὲν οὐδὲν ὑπὲρ φύσεως τῶν
τριχῶν ἔνι τῷ Δίωνος λόγῳ. καίτοι γε εἴπερ ἦν τῷ πράγματι,
Δίων ἂν ἐξεῦρεν αὐτό, καί, εἰ σμικρὸν ἦν, Δίων ἂν
αὐτὸ μέγιστον ἔδειξεν, ὃς καὶ νῦν οὕτω πόρρωθεν ἐξευρίσκει
μὲν Λακεδαιμονίους οὐδὲν ὄντας πρὸς ἔπος, οὔκουν ὅσα
γε καὶ ἄλλῳ δοκεῖν· Ὁμήρου δὲ ἐξαψάμενος, ὥσπερ ἱερᾶς
ἀγκύρας, ἔχεται μέχρι τελευτῆς τοῦ βιβλίου· οὕτω δὲ ἀδίκως
πάνυ καὶ ῥητορικῶς χρῆται τῷ λόγῳ, ὥστε νῦν μὲν
ἀπέκοψεν, ὥσπερ νόμου, τοῦ στίχου· ἑτέρωθι δὲ οὐκ ὄντων
στίχων, ὡς ὄντων, μέρη μαρτύρεται. Ἕκτορος γὰρ ἄντικρυς
καταψεύδεται, μᾶλλον δὲ Ὁμήρου τὰ περὶ Ἕκτορος,
τάχα δὲ καὶ Ὁμήρου καὶ Ἕκτορος. ὁ μὲν γὰρ παραδέδοται
τὰ περὶ τὴν κουρὰν ὁμοιότατα τοῖς πάνυ σώφροσι διακείμενος,
καὶ δείκνυσιν ὁ τἀληθέστατα περὶ τῶν ἡρώων
συγγεγραφώς, ἅτε, οἶμαι, τῶν μὲν συστρατιώτης γενόμενος,
ἐπὶ δὲ τοὺς στρατευσάμενος, ὃς αὐτὰ ταῦτά φησι περὶ
Ἕκτορος· εἴ τε εἰς Ἴλιον γέγονας, εὐθὺς εἰσιόντι πᾶς
Ἰλιεὺς ἡγεῖται τὴν ἐπὶ τὸν νεὼν τὸν Ἑκτόρειον, οὗ τὸν
ἀνδριάντα πρόχειρον μὲν ἰδεῖν· ἐπέρχεται δὲ τοῖς ἰδοῦσιν
εἰπεῖν, ὡς ἐπ´ ἐκείνου κατεσκευάσθη τοῦ σχήματος, ὅπερ
ἔχων ὠνείδισε τἀδελφῷ τὸ κάλλος τὸ ἐπιποίητον, τὴν
τῶν τριχῶν ἐπιμέλειαν. ἃ δὲ γέγραφεν ὡς Ὁμήρῳ περὶ
Ἕκτορος εἰρημένα·
ἀμφὶ δὲ χαῖται
κυάνεαι πεφόρηντο
δειξάτω τις, οὗ κεῖται τῶν Ὁμήρου ῥαψῳδιῶν. ἀλλ´ οὐδ´ ἂν
Ἴωνα δοκῶ τὸν ῥαψῳδὸν ἐξευρήσειν. πῶς δ´ ἂν Ὅμηρος
κομήτην ἐποίησεν, ὃν εἰσήγαγεν εἰς τὴν ποίησιν ἑτέρῳ
καλλωπιστῇ λοιδορούμενον; ὅμοιον εἰ καὶ Φιλέας Ἀνδοκίδην
ἱεροσυλίας ἐγράψατο, ὥσπερ οὐκ αὐτὸς ὢν ὁ τῆς
θεοῦ τὸ Γοργόνειον ἐξ ἀκροπόλεως ὑφελόμενος. οὕτως ἔχει
σοι καὶ τὰ κατὰ τόνδε τὸν ἥρω.
 | [19] Qu’il y ait le moindre avantage à retirer de la chevelure, c’est ce que Dion n’a 
point montré. Si vraiment elle avait du bon, Dion l’aurait certainement découvert: sous 
sa plume, le plus mince mérite serait devenu considérable. Il va chercher bien loin les 
Lacédémoniens; mais cet exemple ne prouve rien, ou plutôt il prouve contre Dion. 
Puis, à bout de ressources, il s’attache à Homère; jusqu’à la fin de son livre il ne veut 
plus le lâcher. Mais il en prend fort à son aise avec le poète, sans scrupule, en vrai 
rhéteur : tantôt il fait d’un vers ce qu’on fait d’un article de loi, il en supprime une partie; 
tantôt il cite, comme de l’Iliade, des hémistiches qui ne sont pas dans l’Iliade. C’est 
ainsi qu’il calomnie Hector, ou plutôt Homère, en lui attribuant des vers qui calomnient 
Hector : disons mieux, il calomnie tout à la fois Hector et Homère. On sait en effet que 
le guerrier troyen ressemblait aux plus sages par la calvitie. Consultez l’historien qui 
connaissait si bien les héros, pour avoir combattu avec les uns contre les autres : c’est 
le témoignage qu’il rend à Hector. Si jamais vous allez à Troie, le premier Troyen 
venu vous conduira au temple d’Hector, où la statue du héros va tout de suite frapper 
vos yeux en le regardant on se dit qu’il a été représenté tel qu’il était lorsqu’il 
reprochait à Pâris sa beauté d’emprunt, sa chevelure trop soignée. Homère, suivant 
Dion, aurait dit d’Hector: 
"--- Sa noire chevelure 
Traîne dans la poussière ---".
Mais faites-moi donc voir dans quel chant de l’Iliade se trouvent ces vers : 
personne, j’imagine, ne sera capable de les découvrir, pas même Ion, cet habile 
rhapsode. Peut-on admettre qu’Homère donne une longue chevelure au héros qu’il 
nous a montré comme s’indignant contre un personnage trop occupé de sa parure? 
C’est comme Philéas accusant Andocide de sacrilège, après avoir lui-même enlevé 
furtivement de l’Acropole le bouclier de Minerve. Ce que vous dites d’Hector est tout 
aussi vraisemblable. 
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