[14] Ὅστις οὖν, ὥσπερ Δίων, οἴεται πρέπειν πολὺ
μᾶλλον ἀνδράσιν ἢ γυναιξὶ τὴν κόμην, πῶς οὐ τοῖς οὖσι καὶ
τοῖς φανεροῖς τἀναντιώτατα διατάττεται; ὃ γὰρ τοὺς ἔχοντας
ἀσθενεστέρους ποιεῖ, πῶς εὔλογόν ἐστι τῇ τῶν ἰσχυόντων
μοίρᾳ προσνέμειν; ἀμέλει δὲ καὶ φύσει καὶ νόμῳ διώρισται·
νόμῳ μέν, εἰ μήτε πᾶσι καλὸν ἡ κόμη τοῖς ἄρρεσι, μήτε
πανταχοῦ, μήτ´ ἀεὶ τοῖς αὐτοῖς. Λακεδαιμόνιοι γὰρ μετὰ
Θυρέαν, Ἀργεῖοι δὲ πρὸ Θυρέας ἐκόμησαν· συχνὰ δὲ τῶν
ἐθνῶν οὔτε νῦν οὔτε πρότερον· γυναιξὶ δὲ ἀεὶ καὶ πάσαις
καὶ πανταχοῦ καλὸν ἐσπουδακέναι περὶ τὴν ἐπιμέλειαν τῶν
τριχῶν· οὐ γάρ ἐστιν οὔτε γέγονεν, ἥτις ὑπέθηκε ξυρῷ
τὴν κεφαλήν, ὅτι μὴ κατ´ ἀπαίσιόν τινα καὶ ἀποτρόπαιον
συμφοράν, εἰ δή τι καὶ τοιοῦτον ὁ χρόνος ἤνεγκεν· ἐγὼ
γὰρ οὔτε εἶδον, οὔτε ἤκουσα. ὁμολογεῖ δὲ καὶ ἡ φύσις τῷ
νόμῳ· γυνὴ μὲν γὰρ οὐδεμία τῶν ἐξ αἰῶνος ἀναδέδεικται
φαλακρά· καὶ οὐκ ἐρεῖς, ὡς οἱ κεκρύφαλοι κρύπτουσιν, αἱ
γὰρ κωμῳδίαι καὶ διὰ τούτων ὁρῶσιν. εἰ δὲ τριχορρυής
τις ἐγένετο, νόσον τινὰ ταύτην νοσεῖ, καὶ δι´ ἐλαχίστης
ἐπιμελείας εἰς τὸ πεφυκὸς ἐπανέρχεται· ἀνδρῶν δέ, οὓς καὶ
ἄξιον ἄνδρας καλεῖν, οὐ ῥᾴδιον εἰπεῖν, ὅστις οὐκ ἔφθασεν
εἰς τοῦτο τῆς φύσεως. δι´ αὐτὸ γὰρ τοῦτο καὶ δοκεῖ τέλος
εἶναι τῆς φύσεως, εἰ καὶ μὴ πᾶσιν ἐπιτυγχάνεται. ὥσπερ
δὲ γεωργῶν παῖδες ἀπὸ τῆς ὁρμῆς τῶν ὑγιαινόντων φυτῶν
συνέντες, ὡς εἰς ὀρθὸν αἴρεσθαι βούλεται τε καὶ πέφυκεν,
ὅσα μὴ πρὸς τοῦτο παρ´ ἑαυτῶν ἐξισχύει, κοντοῖς αὐτὰ
καὶ χάραξιν ὑπερείδουσιν· οὕτως, ἐπειδὴ πεφήνασιν ἅπαντες,
ὧν ἡ φύσις ἀρίστη, παραπλησίως ἐμοὶ διακείμενοι,
ξυρῷ τοὺς οὐχ οὕτως ἔχοντας ἐπανορθωτέον καὶ βοηθητέον
ἂν εἴη τῇ φύσει.
| [14] Prétendre, comme Dion, que la chevelure convient aux hommes aussi bien
qu’aux femmes, n’est-ce pas aller contre la vérité et l’évidence? Comment admettre en
effet que ce qui est une cause de faiblesse soit le partage de ceux qui sont forts ? La
nature et la coutume donnent un démenti à Dion. L’habitude de porter les cheveux
longs n’est pas générale pour les hommes; elle varie suivant les pays et les temps :
c’est à partir seulement de la bataille de Thyrée que les Lacédémoniens laissèrent
croître et que les Argiens coupèrent leurs cheveux. Presque tous les peuples,
aujourd’hui comme autrefois, les ont courts; mais toujours et partout les femmes ont
aimé à prendre soin de leur chevelure. On n’en voit point, on n’en a vu jamais aucune
soumettre sa tête au rasoir, excepté peut-être à des époques de grandes et terribles
calamités. Il est possible que cela soit arrivé quelquefois; mais, pour mon compte, ni
de nos jours ni dans le passé je n’en connais d’exemple. La nature est d’accord avec
la coutume; car nous n’avons jamais ouï parler de femmes qui fussent chauves; et ne
dites pas qu’elles peuvent dissimuler leur calvitie sous le voile qui couvre leur tête: les
coiffeuses savent bien voir ce qu’il y a sous ce voile. Quand les femmes perdent
leurs cheveux, c’est un accident causé par la maladie; encore, avec un peu de soin,
reviennent-elles bientôt à leur premier état. Mais pour les hommes, j’entends ceux qui
sont vraiment dignes de ce nom, il serait difficile d’en citer un seul qui ne soit pas
parvenu à la calvitie; car la calvitie est certainement le but auquel nous devons tendre;
mais tous ne l’atteignent pas. Quand le jardinier passe en revue ses arbustes pour
reconnaître ceux qui promettent un tronc droit et élancé, s’il en trouve quelques-uns
qui soient faibles, il les étaie avec des échalas et des tuteurs: ainsi, puisque tous les
hommes dont la nature est vraiment distinguée sont chauves comme je le suis, il faut,
avec ceux qui ne le sont pas, employer le rasoir pour corriger et aider la nature.
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