[13] Ἔξεστι δὲ πεῖραν τοῦ λόγου λαβεῖν ἐκεῖ
γενομένοις, οὗ συνερράγη τὸ Καμβύσου καὶ Ψαμμιτίχου
στρατόπεδον, κατὰ τὴν ἐξ Ἀραβίας εἰς Αἴγυπτον εἰσβολήν·
τούτω γὰρ ἀλλήλων τότε πειρώμενοι, καὶ τὸν παρόντα
καιρὸν ἑκάτεροι τοῦ παντὸς εἶναι κρίσιν ἡγούμενοι, μόλις
ποτὲ διελύθησαν· γενομένου δὲ φόνου πολλοῦ, καὶ τοῦ
πάθους κρείττονος ὄντος ἢ κατ´ ἀναίρεσιν τῶν νεκρῶν,
ἄλλο μὲν οὐδὲν οἱ περιγενόμενοι τοὺς ἀποθανόντας ἐποίησαν·
ἀναμὶξ δὲ ὄντας, ὡς ἕκαστος ἐτύγχανε πεπτωκὼς ἐπὶ
παρατάξεως, ἀλλήλων διέκριναν· καὶ νῦν εἰσὶ δύο θημῶνες
ὀστέων, ὁ μὲν Αἰγυπτίων, ὁ δὲ Μηδικῶν. θαυμάζει τοίνυν
Ἡρόδοτος· ἔοικε γὰρ ὁ βέλτιστος ἐμπεπαρῳνηκέναι ταῖς
κεφαλαῖς· τῶν μὲν τὴν ἰσχνότητα καὶ ἀσθένειαν· καὶ γὰρ
ἂν ψηφῖδι, φησί, διατετραναίης βαλών· τῶν δὲ τὸ παχὺ
καὶ στερέμνιον· ἀντίτυποι γὰρ ἀπήντων αὐτῷ καὶ σκληραί,
καὶ οὐδ´ ἂν ὅλη χερμὰς ἐπ´ αὐτὰς ἐξαρκέσειεν, ὥστε
κορύνης ἂν δέοι. αἰτίαν δέ γέ φασιν, ἐφ´ ἣν ἡμεῖς τὴν πεῖραν
ἐκαλέσαμεν μάρτυρα, τῶν μὲν τοὺς πίλους, τῶν δὲ τὴν
ὑφ´ ἡλίῳ τροφήν. εἰ δὲ χαλεπὸν μὲν ὁδὸν προελέσθαι διὰ
τοσούτων ἐθνῶν ὑπερόριον, οὐχ ὅσιον δὲ οὐδὲ λίθῳ πατάξαι
νεκροῦ κεφαλήν, Ἡροδότῳ δὲ ἀπιστεῖς, οὐκοῦν οἰκέται
κἀμοὶ καὶ συχνοῖς ἄλλοις εἰσὶν ἐν ἄστει Σκύθαι καὶ
Σκυθικῶς ἀνεικότες τὰς κόμας· τούτοις ἄν τις ἐντείνῃ κόνδυλον,
ἀπολώλεκεν· τὸν ἐν θεάτρῳ δὲ ἄνθρωπον, ὃς πολλὴν
καὶ καλὴν παρέχει τῷ δήμῳ διατριβήν, ἔξεστι καθ´ ἑκάστην
ἱερομηνίαν τῷ καταλαβόντι θέαν θεᾶσθαι. οὗτός ἐστι μὲν
τῶν τέχνῃ φαλακρῶν, οὐ τῶν φύσει, βαδίζων ἐπὶ τὰ κουρεῖα
τῆς ἡμέρας πολλάκις· πάρεισι δὲ εἰς τὸν δῆμον ἐπ´ αὐτὸ
τοῦτο, τῆς κεφαλῆς τὴν ῥώμην ἐπιδειξόμενος, ᾗ μηδέν ἐστι
δεινὸν τῶν δεινῶν· ἀλλὰ καὶ πρὸς πίτταν ἀναζέουσαν
παραβάλλεται, καὶ διακυρίττεται δεδιδαγμένῳ κριῷ πόρρωθεν
εὖ μάλα τὸν πίτυλον κατασείοντι. ἐπιλείπει δὲ τὰ
Μεγαρέων κεράμια τῇ γενναίᾳ ταύτῃ προσκαταγνύμενα·
τέμνεται δὲ καὶ κατατέμνεται, καὶ οὐδὲν ὅ τι οὐ τῶν τοῖς
ὁρῶσι φρίκην φερόντων, ᾗ γε καὶ προσήλωται βλαύτης
Ἀττικῆς ἀκριβέστερον. τοῦτον ἐγὼ τὸν ἄνδρα θεώμενος,
τῆς εὐτυχίας ἐμαυτὸν ἐμακάρισα. καὶ γὰρ κἂν ἐγὼ ταῦτα
πάντα δυναίμην· ἀλλ´ οὗτος ἐμοῦ τῇ τόλμῃ περίεστι, μᾶλλον
δὲ τοῦτον μὲν εἰς τοῦτο τῆς τόλμης ἡ πενία προήγαγεν,
ἐμοὶ δὲ τῆς πείρας οὔτε δεῖ, μήτε δέοι· ἀλλ´ ἕτερον αὐτοῦ
τὸ παμμέγεθες ἀγαθόν, ὃ τῶν εἰρημένων οὐδενὸς ἀπολείπεται.
ἂν μὲν γὰρ ᾖ τῆς Πινδάρου τυγχάνειν εὐχῆς, καὶ
ζῆν ἔχωμεν ἀπὸ τῶν οἰκείων, ἐν καλῷ τοῦ θεάτρου καθιζησόμεθα,
ἀκροαταὶ τῶν δεικνυμένων καὶ θεαταί. κἂν χορηγῆσαι
δέῃ τῇ πόλει, κἂν ἐπιδόσεις ὁ δῆμος αἰτῇ, χρησόμεθα
μεγαλοπρεπῶς τοῖς ὑπάρχουσι, τοῦ δαιμονίου δὲ ἀντιπνεύσαντος,
καὶ τῶν ἀλφίτων ἐπιλειπόντων· ὃ μηδενὶ τῶν
θείων ἀνδρῶν παραγένοιτο· τὸ γοῦν ἔσχατον ἄπεστι τῶν
κακῶν, ὁ λιμός, οἷς ἅπασιν ἔξεστι θαυματοποιοῖς εἶναι, καὶ
μικρὸν ἀπερυθριάσασιν ἐν τῷ λογείῳ ἀποδοῦναι καὶ σχεδιάσαι
τέχνην θέας ἀξίαν.
| [13] Ce que je dis là peut se vérifier dans la plaine où les armées de Cambyse et
de Psammitichus en vinrent aux mains, sur les confins de l’Arabie et de l’Egypte.
Comme des deux côtés on estimait que cette journée devait être décisive, on se battit
longtemps et avec acharnement; le carnage fut grand, si grand que les survivants ne
purent enlever les cadavres pour leur donner la sépulture; tous les tués gisaient
pêle-mêle sur la place où ils étaient tombés; on se contenta de séparer les morts des deux
nations; et aujourd’hui on voit encore deux monceaux d’ossements, l’un d’Egyptiens,
l’autre de Mèdes. Hérodote, en historien consciencieux, a été visiter ces restes, et
voici la chose merveilleuse qu’il raconte : Les crânes des Mèdes sont, dit-il, si minces
et si mous, qu’on peut les percer rien qu’en les frappant avec un petit caillou; ceux des
Egyptiens au contraire sont épais, et si durs et si résistants, que pour les rompre il ne
suffit même pas d’une grosse pierre, il faut une massue. Nous avons constaté
nous-même le fait. L’explication que l’on en donne, c’est que les Mèdes portent des tiares
en laine, tandis que les Egyptiens vivent nu-tête. —Vous trouverez peut-être qu’il est
difficile d’aller s’assurer de la chose dans ces lointaines contrées, qu’il est mal
d’ailleurs de frapper avec un caillou la tête d’un mort, et qu’il faut se défier d’Hérodote.
Mais voyez, j’ai, ainsi que beaucoup de mes concitoyens, des esclaves scythes; ils
portent, suivant la mode de leur pays, les cheveux flottants: on peut les assommer
d’un coup de poing. Au théâtre, au contraire, on peut, tous les jours de fête, en
retenant sa place, voir un homme qui donne au peuple un spectacle des plus curieux :
chauve, grâce à l’art, et non pas à la nature, il va plusieurs fois par jour chez le barbier;
il se présente devant la foule, pour lui faire voir la solidité d’un crâne qui ne redoute
point les épreuves les plus redoutables : il repousse, le front baissé, le choc d’un bélier
qui s’élance sur lui les cornes en avant; on verse de la poix bouillante, on brise des
vases de Mégare sur sa tête: il paraît insensible; on le frappe, on le frappe encore; les
spectateurs en ont le frisson : les corps les plus durs glissent sur son crâne sans lui
faire plus de mal qu’une sandale de l’Attique. Tout on regardant cet homme je me
félicitais de mon sort; car j’en pourrais faire autant que lui : seulement je n’ai pas la
même intrépidité; mais c’est la misère qui le pousse à se montrer intrépide. Pour moi
je n’ai pas et j’espère n’avoir jamais besoin de me livrer à de semblables exercices;
mais enfin voilà pour les chauves une merveilleuse ressource, qui met le comble à
tous leurs avantages. Si nous pouvons réaliser le vœu de Pindare, si notre
patrimoine nous assure l’aisance, nous irons au théâtre, où, tranquillement assis, nous
n’aurons qu’à écouter et à regarder; s’il faut contribuer aux dépenses publiques, si le
peuple fait appel à notre générosité, nous userons largement de notre fortune. Mais si
le sort nous devient contraire, si nous tombons dans la pauvreté (et puissent tous les
nobles cœurs échapper à ce malheur!) du moins la plus cruelle des souffrances, la
faim, sera épargnée à tous ceux qui peuvent faire ces tours de force : un peu de honte
est bientôt passé; ils n’auront qu’à monter sur les planches pour attirer tout de suite le
public à l’exhibition de leurs prouesses.
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