[2] Φιλόστρατος δὲ καὶ τοῦτο ἀπεριμερίμνως τὸν ἔπαινον
τοῦ ψιττακοῦ καὶ τὸν Εὐβοέα τῆς αὐτῆς προαιρέσεως
οἴεται, καὶ ὑπὲρ ἀμφοῖν ὁμοίως εἰς ἀπολογίαν καθίσταται
τὴν ὑπὲρ τοῦ Δίωνος, ὡς μὴ ἐπὶ τοῖς τυχοῦσιν ἐσπουδακέναι
δοκεῖν. τοῦτο δ´ ἤδη πλέον ἐστὶ ποιήσασθαι θάτερον.
ὁ γὰρ ἀναγορεύσας αὐτὸν ἐν τοῖς δι´ ὁλοκλήρου τοῦ βίου
φιλοσοφήσασι, προιὼν οὐ μόνον ἐνδέδωκε πρὸς τὸ καὶ
σοφιστικόν τι ἔργον εἰργάσθαι τὸν Δίωνα, ἀλλὰ προσαποστερεῖ
τὸν ἄνδρα καὶ τῶν ὄντων ἐκ τῆς φιλοσόφου μερίδος,
προσνέμων αὐτὰ τοῖς σοφιστικοῖς. εἰ γὰρ τὸν Εὐβοέα τις
ἀφαιρήσεται τοῦ σπουδαῖον εἶναι, καὶ ὑπὲρ σπουδαίων συγκεῖσθαι,
οὔ μοι δοκεῖ ῥᾷστ´ ἂν ὁ τοιοῦτος ἐγκρῖναί τινα λόγον
τῶν Δίωνος, ὥστε καὶ φιλόσοφον ὑπ´ αὐτοῦ προσειρῆσθαι.
ὡς οὗτός γε ὁ λόγος ὑποτύπωσίς ἐστιν εὐδαίμονος βίου,
πένητι καὶ πλουσίῳ τοῦ παντὸς ἀνάγνωσμα ἀξιώτατον.
ᾠδηκός τε γὰρ ἦθος ὑπὸ πλούτου καταστέλλει, τὸ εὔδαιμον
ἑτέρωθι δείξας, καὶ τὸ καταπεπτωκὸς ὑπὸ πενίας ἐγείρει,
καὶ ἀταπείνωτον εἶναι παρασκευάζει· τοῦτο μέν, τῷ καταμελιτοῦντι
τὰς ἁπάντων ἀκοὰς διηγήματι, ὑφ´ οὗ κἂν Ξέρξης
ἀνεπείσθη, Ξέρξης ἐκεῖνος ὁ τὴν μεγάλην στρατείαν ἐλάσας
ἐπὶ τοὺς Ἕλληνας, μακαριώτερον ἑαυτοῦ γεγονέναι κυνηγέτην
ἄνδρα ἐν τῇ ὀρεινῇ τῆς Εὐβοίας κέγχρους ἐσθίοντα·
τοῦτο δὲ ταῖς ἀρίσταις ὑποθήκαις, αἷς χρώμενος οὐδεὶς αἰσχύνεται
πενίαν, εἰ μή γε καὶ φεύξεται. διὸ βελτίους οἱ τάττοντες
αὐτὸν μετὰ τὸν ἔσχατον περὶ βασιλείας, ἐν ᾧ τέτταρας
ὑποθέμενος βίους καὶ δαίμονας τὸν φιλοχρήματόν τε καὶ
τὸν ἀπολαυστικόν, καὶ τρίτον τὸν φιλότιμον, τελευταῖον
δὲ καὶ ἐπὶ πᾶσι τὸν εὔφρονα καὶ σπουδαῖον, ἐκείνους μὲν
τοὺς κατὰ τὴν ἀλογίαν ἅπαντας γράφει τε καὶ σχηματίζει,
παύεται δὲ τοῦ βιβλίου, τὸν λοιπὸν ἐπαγγειλάμενος
αὐτίκα ἀποδώσειν, ὅτῳ ποτὲ πεπρωμένος ἐκ θεῶν ἐγένετο.
| [2] C’est à tort que Philostrate place sur la même ligne l’Éloge du perroquet et
l’Eubéen, quand il vient dire, à propos de ces deux ouvrages, pour justifier Dion, que
ce n’étaient pas là des bagatelles indignes d’exercer le travail de l’écrivain. N’est-ce
pas sacrifier une époque à l’autre? On commence par mettre Dion au nombre de ceux
qui ont philosophé toute leur vie; puis on ne se contente pas de reconnaître que
parfois il a fait œuvre de sophiste; on veut même le dépouiller de ses mérites d’auteur
philosophe, en rapportant tous ses écrits à la sophistique. Nier que l’Eubéen soit un
livre sérieux, sur un sujet sérieux, c’est à mon sens ne pouvoir admettre que même un
seul des discours de Dion ait un caractère philosophique. L’Eubéen met sous nos yeux
le spectacle d’une vie heureuse; pour le riche comme pour le pauvre je ne connais
point de lecture plus salutaire: l’auteur en effet réprime les sentiments d’orgueil que
donne l’opulence; il montre que la félicité ne consiste pas dans la fortune; il relève les
âmes courbées sous le poids de la pauvreté, et leur défend de se laisser abattre.
Tantôt c’est un récit dont le charme séduit tous ceux qui l’entendent; et Xerxès lui-même,
ce Xerxès qui est passé en Grèce à la tête d’une si grande armée, reconnaît
que sa destinée est moins heureuse que celle de ce chasseur qui vit sur les
montagnes de l’Eubée, se nourrissant de millet. Tantôt ce sont des préceptes si
admirables, qu’on apprend à ne plus rougir de la pauvreté, peut-être même à ne plus
la fuir. Aussi c’est avec raison que de bons juges regardent ce discours comme le
complément des traités sur la Royauté. Dans le dernier de ces traités, Dion établit qu’il
y a quatre manières de vivre, différentes suivant le but que l’on poursuit: ceux-ci
recherchent les richesses, ceux-là les plaisirs; d’autres courent après les honneurs;
enfin il en est auxquels suffit une existence douce et sagement réglée. Dion décrit les
trois premiers genres de vie pour montrer combien ils sont contraires à la raison.
Quant au quatrième, il en parlera plus tard, dit-il à la fin de son livre: c’est celui que les
dieux lui ont réservé.
|