[17a,7] Ἡ δ´ εὐκαιρία πολύτροπος· ἀμφίκλυστόν τε γάρ
ἐστι τὸ χωρίον δυσὶ πελάγεσι, τῷ μὲν ἀπὸ τῶν ἄρκτων
τῷ Αἰγυπτίῳ λεγομένῳ τῷ δ´ ἀπὸ μεσημβρίας τῷ τῆς
λίμνης τῆς Μαρείας ἣ καὶ Μαρεῶτις λέγεται· πληροῖ
δὲ ταύτην πολλαῖς διώρυξιν ὁ Νεῖλος ἄνωθέν τε καὶ
ἐκ πλαγίων, δι´ ὧν τὰ εἰσκομιζόμενα πολλῷ πλείω τῶν
ἀπὸ θαλάττης ἐστὶν ὥσθ´ ὁ λιμὴν ὁ λιμναῖος ὑπῆρχε
πλουσιώτερος τοῦ θαλαττίου· ταύτῃ δὲ καὶ τὰ ἐκκομιζόμενα
ἐξ Ἀλεξανδρείας πλείω τῶν εἰσκομιζομένων
ἐστί· γνοίη δ´ ἄν τις ἔν τε τῇ Ἀλεξανδρείᾳ καὶ τῇ Δικαιαρχείᾳ
γενόμενος, ὁρῶν τὰς ὁλκάδας ἔν τε τῷ κατάπλῳ
καὶ ἐν ταῖς ἀναγωγαῖς ὅσον βαρύτεραί τε καὶ κουφότεραι
δεῦρο κἀκεῖσε πλέοιεν. πρὸς δὲ τῷ πλούτῳ
τῶν καταγομένων ἑκατέρωσε εἴς τε τὸν κατὰ θάλατταν
λιμένα καὶ εἰς τὸν λιμναῖον καὶ τὸ εὐάερον ἄξιον σημειώσεώς
ἐστιν, ὃ καὶ αὐτὸ συμβαίνει διὰ τὸ ἀμφίκλυστον
καὶ τὸ εὔκαιρον τῆς ἀναβάσεως τοῦ Νείλου. αἱ
μὲν γὰρ ἄλλαι πόλεις αἱ ἐπὶ λιμνῶν ἱδρυμέναι βαρεῖς
καὶ πνιγώδεις ἔχουσι τοὺς ἀέρας ἐν τοῖς καύμασι τοῦ
θέρους· ἐπὶ γὰρ τοῖς χείλεσιν αἱ λίμναι τελματοῦνται
διὰ τὴν ἐκ τῶν ἡλίων ἀναθυμίασιν· βορβορώδους οὖν
ἀναφερομένης τοσαύτης ἰκμάδος, νοσώδης ὁ ἀὴρ ἕλκεται
καὶ λοιμικῶν κατάρχει παθῶν. ἐν Ἀλεξανδρείᾳ δὲ
τοῦ θέρους ἀρχομένου πληρούμενος ὁ Νεῖλος πληροῖ
καὶ τὴν λίμνην καὶ οὐδὲν ἐᾷ τελματῶδες τὸ τὴν ἀναφορὰν
ποιῆσον μοχθηράν· τότε δὲ καὶ οἱ ἐτησίαι πνέουσιν
ἐκ τῶν βορείων καὶ τοῦ τοσούτου πελάγους, ὥστε
κάλλιστα τοῦ θέρους Ἀλεξανδρεῖς διάγουσιν.
| [17a,7] Les avantages qu'Alexandrie tire de sa situation sont de plus d'une
sorte : et d'abord elle se trouve située par le fait entre deux mers,
baignée comme elle est, au nord par la mer d'Egypte, et au midi par le lac
Maréa. Ce lac, qu'on nomme aussi Maréotis, est alimenté par un grand
nombre de canaux, tous dérivés du Nil, et qu'il reçoit à sa partie
supérieure ou sur ses côtés, et, comme il arrive plus de marchandises par
ces canaux qu'il n'en vient par mer, le port d'Alexandrie situé sur le lac
est devenu vite plus riche que le port maritime. Mais ce dernier port
lui-même exporte plus qu'il n'importe : quiconque aura été à Alexandrie et
à Dicaearchie aura pu s'en convaincre en voyant la différence du
chargement des vaisseaux à l'aller et au retour, et combien ceux qui sont
à destination de Dicaearchie sont plus lourds et ceux à destination
d'Alexandrie plus légers. Outre cet avantage de la richesse qu'Alexandrie
doit au mouvement commercial de ses deux ports, de son port maritime et de
celui qu'elle a sur le lac Maréotis, il faut noter aussi l'incomparable
salubrité dont elle jouit et qui paraît tenir non seulement à cette
situation entre la mer et un lac, mais encore à ce que les crues du Nil se
produisent juste à l'époque la plus favorable pour elle. Dans les villes
situées au bord des lacs, l'air qu'on respire est en général lourd et
étouffant quand viennent les grandes chaleurs de l'été ; par suite de
l'évaporation que provoque l'ardeur des rayons solaires, les bords des
lacs se changent en marais, et la fange de ces marais dégage une telle
quantité de vapeurs méphitiques, que l'air en est bientôt vicié et ne
tarde pas à engendrer la peste et autres affections épidémiques. A
Alexandrie, au contraire, précisément quand l'été commence, les eaux
débordées du Nil remplissent le lac et ne laissent subsister sur ses bords
aucun dépôt vaseux de nature à produire des miasmes délétères. Enfin,
c'est à la même époque que les vents étésiens soufflent du nord, et, comme
ils viennent de traverser toute cette vaste étendue de mer, ils procurent
toujours aux habitants d'Alexandrie un été délicieux.
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