[17a,53] Ἦν μὲν οὖν ἡ Αἴγυπτος εἰρηνικὴ τὸ πλέον ἐξ ἀρχῆς
διὰ τὸ αὔταρκες τῆς χώρας καὶ τὸ δυσείσβολον τοῖς
ἔξωθεν, ἀπὸ μὲν τῶν ἄρκτων ἀλιμένῳ παραλίᾳ καὶ
πελάγει τῷ Αἰγυπτίῳ φρουρουμένη, ἀπὸ δὲ τῆς ἕω καὶ
τῆς ἑσπέρας ἐρήμοις ὄρεσι, τοῖς τε Λιβυκοῖς καὶ τοῖς
Ἀραβίοις, ὥσπερ ἔφαμεν· λοιπὰ δὲ τὰ πρὸς νότον
Τρωγλοδύται {καὶ} Βλέμμυες καὶ Νοῦβαι καὶ Μεγάβαροι
οἱ ὑπὲρ Συήνης Αἰθίοπες· εἰσὶ δ´ οὗτοι νομάδες
καὶ οὐ πολλοὶ οὐδὲ μάχιμοι, δοκοῦντες δὲ τοῖς πάλαι
διὰ τὸ λῃστρικῶς ἀφυλάκτοις ἐπιτίθεσθαι πολλάκις·
οἱ δὲ πρὸς μεσημβρίαν καὶ Μερόην ἀνήκοντες Αἰθίοπες,
οὐδ´ οὗτοι πολλοὶ οὔτε ἐν συστροφῇ, ἅτε ποταμίαν
μακρὰν καὶ στενὴν καὶ σκολιὰν οἰκοῦντες, οἵαν προείπομεν·
οὐδὲ παρεσκευασμένοι καλῶς οὔτε πρὸς πόλεμον
οὔτε πρὸς τὸν ἄλλον βίον. καὶ νῦν δὲ διάκειται
παραπλησίως ἡ χώρα πᾶσα· σημεῖον δέ· τρισὶ γοῦν
σπείραις οὐδὲ ταύταις ἐντελέσιν ἱκανῶς ὑπὸ τῶν Ῥωμαίων
ἡ χώρα φρουρεῖται· τολμήσασι δὲ τοῖς Αἰθίοψιν
ἐπιθέσθαι κινδυνεῦσαι τῇ χώρᾳ συνέπεσε τῇ σφετέρᾳ.
καὶ αἱ λοιπαὶ δὲ δυνάμεις αἱ ἐν Αἰγύπτῳ οὔτε τοσαῦταί
τινές εἰσιν οὔτε ἀθρόαις ἐχρήσαντο οὐδ´ ἅπαξ Ῥωμαῖοι·
οὐ γάρ εἰσιν οὔτ´ αὐτοὶ Αἰγύπτιοι πολεμισταί, καίπερ
ὄντες παμπληθεῖς, οὔτε τὰ πέριξ ἔθνη. Γάλλος μέν γε
Κορνήλιος, ὁ πρῶτος κατασταθεὶς ἔπαρχος τῆς χώρας
ὑπὸ Καίσαρος, τήν τε Ἡρώων πόλιν ἀποστᾶσαν ἐπελθὼν
δι´ ὀλίγων εἷλε, στάσιν τε γενηθεῖσαν ἐν τῇ Θηβαΐδι
διὰ τοὺς φόρους ἐν βραχεῖ κατέλυσε. Πετρώνιός
τε ὕστερον τοῦ Ἀλεξανδρέων πλήθους τοσούτων μυριάδων
ὁρμήσαντος ἐπ´ αὐτὸν μετὰ λίθων βολῆς, αὐτοῖς
τοῖς περὶ ἑαυτὸν στρατιώταις ἀντέσχε, καὶ διαφθείρας
τινὰς αὐτῶν τοὺς λοιποὺς ἔπαυσε. Γάλλος τε
Αἴλιος μέρει τῆς ἐν Αἰγύπτῳ φρουρᾶς εἰς τὴν Ἀραβίαν
ἐμβαλὼν εἴρηται τίνα τρόπον ἐξήλεγξε τοὺς ἀνθρώπους
ἀπολέμους ὄντας· εἰ δὴ μὴ ὁ Συλλαῖος αὐτὸν προὐδίδου,
κἂν κατεστρέψατο τὴν εὐδαίμονα πᾶσαν.
| [17a,53] Si l'Egypte dès l'origine a joui d'une paix ininterrompue, elle le
doit à une double circonstance, à ce que les ressources qu'elle tire
d'elle-même lui ont toujours suffi et à ce que ses abords sont très
difficiles pour une armée venant du dehors : déjà protégée du côté du nord
par la mer d'Egypte et par l'absence de ports et autres abris sur tout le
littoral de cette mer, elle l'est encore à l'orient et au couchant par les
solitudes de la double chaîne libyque et arabique, dont nous avons parlé
plus haut. Enfin du côté du midi, au-dessus de Syène, elle se trouve avoir
pour voisins les Troglodytes, les Blemmyes, les Nubae et les Mégabares,
tous peuples éthiopiens qui mènent la vie nomade et ne sont en somme ni
bien nombreux ni bien belliqueux, quoique les Anciens les aient jugés tels
pour quelques actes de brigandage commis à l'égard de voyageurs sans
défiance. Ajoutons que les Ethiopiens plus méridionaux, dont les
possessions s'étendent dans la direction de Méroé, ne sont pas plus
nombreux, qu'habitant cette longue, étroite et sinueuse vallée du Nil que
nous avons décrite précédemment, ils n'ont pas réussi davantage à former
un Etat uni et compacte, et qu'ils se trouvent par le fait aussi mal
pourvus pour la guerre que pour les besoins et nécessités de la vie
commune. Encore actuellement la même tranquillité règne dans toute
l'Egypte, et ce qui le prouve, c'est que trois cohortes romaines, pas même
complètes, suffisent à garder la frontière, et que, toutes les fois que
les Ethiopiens ont osé prendre l'offensive, ils ont compromis leurs
propres possessions. Dans le reste du pays non plus ou ne voit pas que les
Romains entretiennent de bien grandes forces, les gouverneurs n'ont même
jamais eu besoin de concentrer leurs troupes, tant les Egyptiens, eu dépit
de leur nombre, tant leurs voisins aussi sont d'humeur peu guerrière.
Cornélius Gallus, le premier gouverneur établi en Egypte par César
{Auguste} n'hésita pas à attaquer avec une poignée d'hommes Héroopolis qui
s'était soulevée, et il la prit d'assaut. Il comprima de même en peu de
temps une insurrection survenue en Thébaïde à cause des impôts. Plus tard
Pétrone tint tête, rien qu'avec sa garde, à l'innombrable populace
d'Alexandrie qui l'avait assailli à coups de pierres, il lui tua quelques
hommes et dispersa aisément le reste. Enfin nous avons raconté
l'expédition d'Aelius Gallus en Arabie à la tête d'une partie de la
garnison d'Egypte, et cette expédition démontre en somme le peu de
solidité des troupes arabes, car, sans la trahison de Syllaeus, Gallus eût
infailliblement conquis toute l'Arabie Heureuse.
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