[17a,48] Ἡ δὲ Συήνη καὶ {ἡ} Ἐλεφαντίνη ἡ μὲν ἐπὶ τῶν
ὅρων τῆς Αἰθιοπίας καὶ τῆς Αἰγύπτου πόλις, ἡ δ´ ἐν
τῷ Νείλῳ προκειμένη τῆς Συήνης νῆσος ἐν ἡμισταδίῳ
καὶ ἐν ταύτῃ πόλις ἔχουσα ἱερὸν Κνούφιδος καὶ νειλομέτριον,
καθάπερ Μέμφις. ἔστι δὲ τὸ νειλομέτριον
συννόμῳ λίθῳ κατεσκευασμένον ἐπὶ τῇ ὄχθῃ τοῦ Νείλου
φρέαρ, ἐν ᾧ τὰς ἀναβάσεις τοῦ Νείλου σημειοῦνται
τὰς μεγίστας τε καὶ ἐλαχίστας καὶ τὰς μέσας· συναναβαίνει
γὰρ καὶ συνταπεινοῦται τῷ ποταμῷ τὸ ἐν
τῷ φρέατι ὕδωρ. εἰσὶν οὖν ἐν τῷ τοίχῳ τοῦ φρέατος
παραγραφαί, μέτρα τῶν τελείων καὶ τῶν ἄλλων ἀναβάσεων·
ἐπισκοποῦντες οὖν ταύτας διασημαίνουσι
τοῖς ἄλλοις, ὅπως εἰδεῖεν· πρὸ πολλοῦ γὰρ ἴσασιν ἐκ
τῶν τοιούτων σημείων * καὶ τῶν ἡμερῶν τὴν ἐσομένην
ἀνάβασιν καὶ προδηλοῦσι. τοῦτο δὲ καὶ τοῖς γεωργοῖς
χρήσιμον τῆς τῶν ὑδάτων ταμιείας χάριν καὶ παραχωμάτων
καὶ διωρύγων καὶ ἄλλων τοιούτων, καὶ τοῖς
ἡγεμόσι τῶν προσόδων χάριν· αἱ γὰρ μείζους ἀναβάσεις
μείζους καὶ τὰς προσόδους ὑπαγορεύουσιν. ἐν δὲ
τῇ Συήνῃ καὶ τὸ φρέαρ ἐστὶ τὸ διασημαῖνον τὰς θερινὰς
τροπάς, διότι τῷ τροπικῷ κύκλῳ ὑπόκεινται οἱ τόποι
οὗτοι· ἀπὸ γὰρ τῶν ἡμετέρων τόπων, λέγω δὲ τῶν
Ἑλλαδικῶν, προϊοῦσιν ἐπὶ τὴν μεσημβρίαν ἐνταῦθα
πρῶτον ὁ ἥλιος κατὰ κορυφὴν ἡμῖν γίνεται καὶ ποιεῖ
τοὺς γνώμονας ἀσκίους κατὰ μεσημβρίαν· ἀνάγκη δὲ
κατὰ κορυφὴν ἡμῖν γινομένου καὶ εἰς τὰ φρέατα βάλλειν
μέχρι τοῦ ὕδατος τὰς αὐγάς, κἂν βαθύτατα ᾖ·
κατὰ κάθετον γὰρ ἡμεῖς τε ἕσταμεν καὶ τὰ ὀρύγματα
τῶν φρεάτων κατεσκεύασται. εἰσὶ δ´ ἐνταῦθα τρεῖς
σπεῖραι Ῥωμαίων ἱδρυμέναι φρουρᾶς χάριν.
| [17a,48] Les noms de Syène et d'Eléphantine désignent, le premier une ville
située sur la frontière même de l'Ethiopie et de l'Egypte, le second à la
fois une île et une ville : l'île est située dans le Nil à un demi-stade
en avant de Syène, et la ville, contenue dans l'île même, possède un
temple de Cnuphis et un nilomètre comme Memphis. Le nilomètre est un
puits, bâti en pierres de taille tout au bord du Nil, dans lequel l'eau
monte et s'abaisse comme dans le fleuve lui-même, ce qui permet d'annoncer
sûrement si la prochaine inondation atteindra le maximum, le minimum ou le
niveau moyen des crues. A cet effet, on a gravé sur les parois du puits
des raies correspondant aux crues normales et aux autres hauteurs
auxquelles le fleuve a pu atteindre, et des inspecteurs spéciaux
communiquent leurs observations à qui veut en prendre connaissance, car
ils savent longtemps à l'avance sur des indices certains la date précise
{et l'importance} de la future inondation, et ils n'en font pas mystère.
Rien de plus utile qu'un semblable renseignement tant pour les
cultivateurs qu'il fixe sur la quantité d'eau qu'ils auront à mettre en
réserve, sur les travaux qu'ils auront à exécuter en fait de digues et de
canaux et sur les autres précautions à prendre, que pour les gouverneurs
qui règlent les taxes en conséquence, toute augmentation dans la crue du
fleuve impliquant naturellement une surélévation de l'impôt. Signalons
aussi le fameux puits de Syène, qui, par suite de la position de Syène
juste sous le tropique, permet de reconnaître le moment précis du solstice
d'été. C'est ici en effet pour la première fois depuis notre départ de nos
pays (j'entends de notre Grèce d'Asie), que, dans notre marche au midi,
nous nous trouvons avoir le soleil juste au-dessus de notre tête et que
nous observons que le gnomon ne projette point d'ombre à midi. Or, de ce
que le soleil donne d'aplomb sur notre tête, il résulte forcément que ses
rayons doivent atteindre à n'importe quelle profondeur la surface de l'eau
dans les puits, les parois des puits ayant la même direction que le corps
de l'observateur quand il est debout, c'est-à-dire la direction verticale.
Il y a à Syène en permanence trois cohortes romaines qui sont préposées à
la garde de la frontière.
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