[17a,43] Πολλὰ δ´ εἰρηκότες περὶ τοῦ Ἄμμωνος τοσοῦτον
εἰπεῖν βουλόμεθα ὅτι τοῖς ἀρχαίοις μᾶλλον ἦν ἐν τιμῇ
καὶ ἡ μαντικὴ καθόλου καὶ τὰ χρηστήρια, νυνὶ δ´ ὀλιγωρία
κατέχει πολλή, τῶν Ῥωμαίων ἀρκουμένων τοῖς
Σιβύλλης χρησμοῖς καὶ τοῖς Τυρρηνικοῖς θεοπροπίοις
διά τε σπλάγχνων καὶ ὀρνιθείας καὶ διοσημιῶν. διόπερ
καὶ τὸ ἐν Ἄμμωνι σχεδόν τι ἐκλέλειπται χρηστήριον,
πρότερον δὲ ἐτετίμητο. δηλοῦσι δὲ μάλιστα τοῦτο οἱ
τὰς Ἀλεξάνδρου πράξεις ἀναγράψαντες, προστιθέντες
μὲν πολὺ καὶ τὸ τῆς κολακείας εἶδος ἐμφαίνοντες δέ τι
καὶ πίστεως ἄξιον.
ὁ γοῦν Καλλισθένης φησὶ τὸν Ἀλέξανδρον
φιλοδοξῆσαι μάλιστα ἀνελθεῖν ἐπὶ τὸ χρηστήριον,
ἐπειδὴ καὶ Περσέα ἤκουσε πρότερον ἀναβῆναι
καὶ Ἡρακλέα· ὁρμήσαντα δ´ ἐκ Παραιτονίου καίπερ
νότων ἐπιπεσόντων βιάσασθαι, πλανώμενον δ´ ὑπὸ
τοῦ κονιορτοῦ σωθῆναι γενομένων ὄμβρων καὶ δυεῖν
κοράκων ἡγησαμένων τὴν ὁδόν, ἤδη τούτων κολακευτικῶς
λεγομένων· τοιαῦτα δὲ καὶ τὰ ἑξῆς· μόνῳ γὰρ
δὴ τῷ βασιλεῖ τὸν ἱερέα ἐπιτρέψαι παρελθεῖν εἰς τὸν
νεὼ μετὰ τῆς συνήθους στολῆς, τοὺς δ´ ἄλλους μετενδῦναι
τὴν ἐσθῆτα, ἔξωθέν τε τῆς θεμιστείας ἀκροάσασθαι
πάντας πλὴν Ἀλεξάνδρου, τοῦτον δ´ ἔνδοθεν.
εἶναι δ´ οὐχ ὥσπερ ἐν Δελφοῖς καὶ Βραγχίδαις τὰς
ἀποθεσπίσεις διὰ λόγων, ἀλλὰ νεύμασι καὶ συμβόλοις
τὸ πλέον, ὡς καὶ παρ´ Ὁμήρῳ „ἦ καὶ κυανέῃσιν ἐπ´
„ὀφρύσι νεῦσε Κρονίων,“ τοῦ προφήτου τὸν Δία
ὑποκριναμένου· τοῦτο μέντοι ῥητῶς εἰπεῖν τὸν ἄνθρωπον
πρὸς τὸν βασιλέα ὅτι εἴη Διὸς υἱός. προστραγῳδεῖ
δὲ τούτοις ὁ Καλλισθένης, ὅτι τοῦ Ἀπόλλωνος
τὸ ἐν Βραγχίδαις μαντεῖον ἐκλελοιπότος, ἐξ ὅτου τὸ
ἱερὸν ὑπὸ τῶν Βραγχιδῶν σεσύλητο ἐπὶ Ξέρξου περσισάντων,
ἐκλελοιπυίας δὲ καὶ τῆς κρήνης, τότε ἥ τε
κρήνη ἀνάσχοι καὶ μαντεῖα πολλὰ οἱ Μιλησίων πρέσβεις
κομίσαιεν εἰς Μέμφιν περὶ τῆς ἐκ Διὸς γενέσεως τοῦ
Ἀλεξάνδρου καὶ τῆς ἐσομένης περὶ Ἄρβηλα νίκης καὶ
τοῦ Δαρείου θανάτου καὶ τῶν ἐν Λακεδαίμονι νεωτερισμῶν·
περὶ δὲ τῆς εὐγενείας καὶ τὴν Ἐρυθραίαν
Ἀθηναΐδα φησὶν ἀνειπεῖν· καὶ γὰρ ταύτην ὁμοίαν γενέσθαι
τῇ παλαιᾷ Σιβύλλῃ τῇ Ἐρυθραίᾳ. τὰ μὲν δὴ
τῶν συγγραφέων τοιαῦτα.
| [17a,43] Nous avons déjà eu occasion de parler d'Ammon et d'en parler
longuement, si nous y revenons encore, c'est uniquement pour faire
remarquer que l'art de la divination en général et les oracles en
particulier étaient plus en honneur anciennement qu'ils ne le sont
aujourd'hui, qu'il règne actuellement à leur égard une grande
indifférence, les Romains se bornant aux oracles sibyllins et à la science
augurale tyrrhénienne, laquelle enseigne à tirer des présages des
entrailles des victimes, du vol ou du chant des oiseaux, et des signes ou
apparences célestes. De là cet abandon presque complet dans lequel on
laisse l'oracle d'Ammon lui-même, si vénéré pourtant autrefois, à en juger
surtout par le témoignage des historiens d'Alexandre. Car parmi toutes les
exagérations que leur inspire leur esprit de flatterie, ces historiens ne
laissent pas de nous donner quelques renseignements dignes de foi.
Tel est le cas, par exemple, de Callisthène, quand il nous dit que ce fut
principalement par un sentiment d'ambitieuse émulation, et parce qu'il
avait appris que Persée et Hercule y étaient montés avant lui,
qu'Alexandre voulut pénétrer jusqu'à l'oracle d'Ammon, qu'il partit à cet
effet de Paraetonium et s'opiniâtra en dépit des vents du sud qui
l'avaient assailli ; que, s'étant égaré, il faillit être englouti sous des
tourbillons de poussière, et qu'il ne dut son salut qu'à des pluies
bienfaisantes et à la rencontre de deux corbeaux qui lui servirent de
guide. Ici pourtant la flatterie perce déjà pour ne plus se démentir dans
toute la suite du récit. Qu'ajoute en effet Callisthène ? Que le prêtre ne
permit qu'au roi tout seul de franchir le seuil du temple dans son costume
ordinaire, mais que toute sa suite dut changer d'habit au préalable,
qu'elle dut également demeurer en dehors du sanctuaire pour entendre la
réponse de l'oracle, Alexandre seul ayant été admis à l'entendre du dedans
; que l'oracle d'Ammon, différent en cela de l'oracle de Delphes et de
celui des Branchides, ne s'exprimait pas au moyen de sons articulés, mais
généralement au moyen de gestes et de signes analogues à ceux qu'Homère
attribue à Jupiter :
«Il dit, et de ses noirs sourcils le souverain des dieux fait un signe» (Il. I, 528),
le prophète, bien entendu, se substituant à Jupiter et jouant pour ainsi
dire son rôle, que cette fois-ci pourtant le prophète répondit au roi de
vive voix et très distinctement qu'il était fils de Jupiter.
Et Callisthène ne s'en tient pas là : pour dramatiser encore plus les choses,
il nous montre, tant d'années après qu'Apollon avait abandonné l'oracle
des Branchides en haine du sacrilège de ces amis de la Perse, de ces
partisans de Xerxès devenus les spoliateurs du temple dont ils étaient les
gardiens, tant d'années après que la fontaine fatidique avait cessé de
couler, il nous montre cette fontaine jaillissant de nouveau et des
députés milésiens apportant à Memphis force oracles qui non seulement
proclamaient la naissance divine d'Alexandre, mais qui prédisaient la
victoire d'Arbèles, la mort prochaine de Darius et jusqu'aux révolutions
de Lacédémone. Il nous montre même Athénaïs d'Erythrée, soi-disant
héritière de l'inspiration de l'antique sibylle érythréenne, se prononçant
hautement sur l'illustre origines du héros macédonien. Et les autres
historiens confirment ce que dit là Callisthène.
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