[16a,27] Μεταξὺ δὲ τοῦ Εὐφράτου καὶ τοῦ Τίγριος ῥεῖ καὶ
ἄλλος ποταμὸς Βασίλειος καλούμενος, καὶ περὶ τὴν
Ἀνθεμουσίαν ἄλλος Ἀβόρρας· διὰ δὲ τῶν Σκηνιτῶν,
* ὑπὸ τῶν Μαλίων νυνὶ λεγομένων, καὶ τῆς ἐκείνων
ἐρημίας ἡ ὁδὸς τοῖς ἐκ τῆς Συρίας εἰς Σελεύκειαν καὶ
Βαβυλῶνα ἐμπορευομένοις ἐστίν. ἡ μὲν οὖν διάβασις
τοῦ Εὐφράτου κατὰ τὴν Ἀνθεμουσίαν ἐστὶν αὐτοῖς,
τόπον τῆς Μεσοποταμίας· ὑπέρκειται δὲ τοῦ ποταμοῦ
σχοίνους τέτταρας διέχουσα ἡ Βαμβύκη, ἣν καὶ Ἔδεσσαν
καὶ Ἱερὰν πόλιν καλοῦσιν, ἐν ᾗ τιμῶσι τὴν Συρίαν
θεὸν τὴν Ἀταργάτιν. διαβάντων δὲ ἡ ὁδός ἐστι διὰ τῆς
ἐρήμου ἐπὶ τοὺς τῆς Βαβυλωνίας ὅρους μέχρι Σκηνῶν,
ἀξιολόγου πόλεως ἐπί τινος διώρυγος ἱδρυμένης.
ἔστι δ´ ἀπὸ τῆς διαβάσεως μέχρι Σκηνῶν ἡμερῶν πέντε
καὶ εἴκοσιν ὁδός. καμηλῖται δ´ εἰσί, καταγωγὰς ἔχοντες
τοτὲ μὲν ὑδρείων εὐπόρους τῶν λακκαίων τὸ πλέον,
τοτὲ δ´ ἐπακτοῖς χρώμενοι τοῖς ὕδασι. παρέχουσι δ´
αὐτοῖς οἱ Σκηνῖται τήν τε εἰρήνην καὶ τὴν μετριότητα
τῆς τῶν τελῶν πράξεως, ἧς χάριν φεύγοντες τὴν παραποταμίαν
διὰ τῆς ἐρήμου παραβάλλονται, καταλιπόντες
ἐν δεξιᾷ τὸν ποταμὸν ἡμερῶν σχεδόν τι τριῶν
ὁδόν. οἱ γὰρ παροικοῦντες ἑκατέρωθεν τὸν ποταμὸν
φύλαρχοι, χώραν οὐκ εὔπορον ἔχοντες, ἧττον δὲ ἄπορον
νεμόμενοι, δυναστείαν ἕκαστος ἰδίᾳ περιβεβλημένος
ἴδιον καὶ τελώνιον ἔχει, καὶ τοῦτ´ οὐ μέτριον.
χαλεπὸν γὰρ ἐν τοῖς τοσούτοις καὶ τούτοις αὐθάδεσι
κοινὸν ἀφορισθῆναι μέτρον τὸ τῷ ἐμπόρῳ λυσιτελές.
διέχουσι δὲ τῆς Σελευκείας αἱ Σκηναὶ σχοίνους ὀκτωκαίδεκα.
| [16a,27] Entre l'Euphrate et le Tigre coule un autre fleuve, connu sous le nom
de Basilius ; puis, dans le canton d'Anthémusie, on rencontre encore
l'Aborrhas. L'itinéraire suivi par les marchands qui de la Syrie se
dirigent vers Séleucie et vers Babylone traverse tout le territoire et
tout le désert des Arabes Scénites (des Maliens, pour dire comme certains
auteurs aujourd'hui) : c'est à la hauteur d'Anthémusie, localité dépendant
de la Mésopotamie, qu'ils passent l'Euphrate ; ils laissent derrière eux,
à 4 schoenes au-dessus du fleuve, la ville de Bambycé, ville qu'on désigne
aussi sous les noms d'Edesse et de Hiérapolis et dont les habitants ont un
culte particulier pour Atargatis, l'une des déesses syriennes ; puis,
après avoir passé le fleuve, ils coupent le désert dans la direction de la
frontière babylonienne et atteignent ainsi Scenae, ville importante bâtie
sur le bord d'un canal. Du passage de l'Euphrate à Scenae on compte
vingt-cinq journées de marche. Dans le trajet, on rencontre des
hôtelleries tenues par des chameliers et toujours bien pourvues d'eau,
soit d'eau de citerne (ce qui est le cas le plus habituel), soit d'eau
apportée {à dos de chameau comme les autres provisions}. Les Scénites
n'inquiètent pas ces marchands, ils modèrent même en leur faveur les
droits qu'ils exigent d'ordinaire. Les marchands le savent, et, plutôt que
de continuer à suivre la rive ultérieure du fleuve, ils s'engagent
hardiment dans le désert, en ayant soin d'avoir toujours le fleuve à leur
droite et de s'en tenir à une distance moyenne de trois journées :
autrement, ils auraient affaire aux chefs des tribus établies des deux
côtés du fleuve, lesquelles possèdent là des terrains moins arides que le
désert lui-même, mais encore assez pauvres ; et, comme ces phylarques sont
tous indépendants les uns des autres, il leur faudrait payer à chacun un
droit particulier et toujours fort élevé, vu qu'il serait bien difficile
d'amener un si grand nombre d'intéressés, d'humeur généralement peu
traitable, à fixer un tarif commun qui fût avantageux aux marchands. -
Scenae est à 18 stades de Séleucie.
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