[16a,15] Γίνεται δ´ ἐν τῇ Βαβυλωνίᾳ καὶ ἄσφαλτος πολλή,
περὶ ἧς Ἐρατοσθένης μὲν οὕτως εἴρηκεν ὅτι „ἡ μὲν
„ὑγρὰ ἣν καλοῦσι νάφθαν, γίνεται ἐν τῇ Σουσίδι, ἡ δὲ
„ξηρὰ δυναμένη πήττεσθαι ἐν τῇ Βαβυλωνίᾳ· ταύτης
„δ´ ἐστὶν ἡ πηγὴ τοῦ Εὐφράτου πλησίον· πλημμύροντος
δὲ τούτου κατὰ τὰς τῶν χιόνων τήξεις καὶ αὐτὴ
„πληροῦται καὶ ὑπέρχυσιν εἰς τὸν ποταμὸν λαμβάνει·
„ἐνταῦθα δὲ συνίστανται βῶλοι μεγάλαι πρὸς τὰς
„οἰκοδομὰς ἐπιτήδειαι τὰς διὰ τῆς ὀπτῆς πλίνθου.“
ἄλλοι δὲ καὶ τὴν ὑγρὰν ἐν τῇ Βαβυλωνίᾳ γίνεσθαί
φασι. περὶ μὲν οὖν τῆς ξηρᾶς εἴρηται πόσον τὸ χρήσιμον
τὸ ἐκ τῶν οἰκοδομιῶν μάλιστα· φασὶ δὲ καὶ πλοῖα
πλέκεσθαι, ἐμπλασθέντα δ´ ἀσφάλτῳ πυκνοῦσθαι.
τὴν δὲ ὑγρὰν ἣν νάφθαν καλοῦσι, παράδοξον ἔχειν
συμβαίνει τὴν φύσιν· προσαχθεὶς γὰρ ὁ νάφθας πυρὶ
πλησίον ἀναρπάζει τὸ πῦρ, κἂν ἐπιχρίσας αὐτῷ σῶμα
προσαγάγῃς, φλέγεται· σβέσαι δ´ ὕδατι οὐχ οἷόν τε
(ἐκκαίεται γὰρ μᾶλλον) πλὴν εἰ πάνυ πολλῷ, ἀλλὰ
πηλῷ καὶ ὄξει καὶ στυπτηρίᾳ καὶ ἰξῷ πνιγεὶς σβέννυται.
πείρας δὲ χάριν φασὶν Ἀλέξανδρον ἐν λουτρῷ
προσχέαι παιδὶ τοῦ νάφθα καὶ προσαγαγεῖν λύχνον·
φλεγόμενον δὲ τὸν παῖδα ἐγγὺς ἐλθεῖν τοῦ ἀπολέσθαι,
πλὴν πολλῷ σφόδρα καταντλοῦντες τῷ ὕδατι ἐξίσχυσαν
καὶ διέσωσαν οἱ περιεστῶτες. Ποσειδώνιος δέ φησι τοῦ
ἐν τῇ Βαβυλωνίᾳ νάφθα τὰς πηγὰς τὰς μὲν εἶναι λευκοῦ
τὰς δὲ μέλανος· τούτων δὲ τὰς μὲν εἶναι θείου
ὑγροῦ (λέγω δὲ τὰς τοῦ λευκοῦ· ταύτας δ´ εἶναι τὰς
ἐπισπώσας τὰς φλόγας), τὰς δὲ τοῦ μέλανος ἀσφάλτου
ὑγρᾶς, ᾧ ἀντ´ ἐλαίου τοὺς λύχνους κάουσι.
| [16a,15] Une autre substance qu'on y recueille aussi très abondamment est
l'asphalte. Voici ce qu'en dit Eratosthène : «L'asphalte liquide,
autrement dit le naphte, provient de la Suside ; quant à l'asphalte sec,
lequel se reconnaît à la propriété qu'il a de durcir, c'est en Babylonie
qu'on le trouve. La source d'où on l'extrait est voisine de l'Euphrate ;
et, quand l'Euphrate grossi par la fonte des neiges commence à déborder,
elle-même grossit, et, se déversant dans le fleuve, s'y coagule en énormes
morceaux qu'on utilise avec succès dans les constructions pour assembler
les briques cuites au feu». Suivant d'autres témoignages, on trouverait
aussi de l'asphalte liquide en Babylonie. Nous avons nous-même parlé plus
haut de l'asphalte sec et des secours précieux qu'en tire l'industrie du
bâtiment. Mais, dans ce pays, où les embarcations sont faites rien que de
joncs tressés, on s'en sert aussi, paraît-il, pour leur donner la solidité
qui leur manque ; on les enduit toutes d'asphalte avant de les mettre à
l'eau. Voici maintenant les propriétés merveilleuses qu'on attribue à
l'asphalte liquide. Un morceau de naphte présenté au feu attire le feu à
lui ; un corps quelconque qu'on a simplement enduit ou frotté de naphte,
approché du feu si peu que ce soit, s'enflamme sans qu'il soit possible
avec de l'eau de l'éteindre, car l'eau, à moins qu'on ne la verse à flots,
ne fait que l'enflammer davantage, et c'est uniquement avec de la boue, du
vinaigre, de l'alun ou de la glu qu'on parvient à étouffer la flamme. A ce
propos-là même, on raconte qu'Alexandre, un jour, par manière
d'expérience, fit verser du naphte sur un esclave au bain et donna ordre
ensuite qu'on approchât de lui un flambeau allumé, que l'esclave fut
instantanément enveloppé de flammes et qu'il serait mort brûlé
infailliblement, si les assistants avec des torrents d'eau n'étaient venus
à bout du feu et n'avaient sauvé le malheureux. Posidonius, de son côté,
affirme que les sources de naphte en Babylonie sont de deux sortes, qu'il
y a celles de naphte blanc et celles de naphte noir ; que les premières
(j'entends celles de naphte blanc) ne sont proprement que du soufre
liquide, ce qui explique que ces mêmes sources attirent la flamme ; que
les sources de naphte noir redonnent au contraire que de l'asphalte
liquide, lequel se met dans les lampes en guise d'huile à brûler.
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