| [16a,13] Πολύκλειτος δέ φησι μὴ πλημμυρεῖν τὸν Εὐφράτην· 
διὰ γὰρ πεδίων φέρεσθαι μεγάλων, τὰ δ´ ὄρη τὰ
μὲν δισχιλίους ἀφεστάναι σταδίους τὰ δὲ Κοσσαῖα μόλις 
χιλίους, οὐ πάνυ ὑψηλὰ οὐδὲ νιφόμενα σφοδρῶς
οὐδ´ ἀθρόαν ἐπιφέροντα τῇ χιόνι τὴν τῆξιν· εἶναι γὰρ
καὶ τὰ ὕψη τῶν ὀρῶν ἐν τοῖς ὑπὲρ Ἐκβατάνων μέρεσι
τοῖς προσβορείοις· ἐν δὲ τοῖς πρὸς νότον σχιζόμενα καὶ
πλατυνόμενα πολὺ ταπεινοῦσθαι, ἅμα δὲ καὶ τὸ πολὺ
τοῦ ὕδατος ἐκδέχεσθαι τὸν Τίγριν καὶ οὕτως πλημμυρεῖν. 
τὸ μὲν οὖν ὕστατον ῥηθὲν φανερῶς ἄτοπον· εἰς
γὰρ τὰ αὐτὰ κατέρχεται πεδία· τὰ δὲ λεχθέντα ὕψη
τῶν ὀρῶν ἀνωμαλίαν ἔχει, πῆ μὲν ἐξηρμένα μᾶλλον τὰ
βόρεια, πῆ δὲ πλατυνόμενα τὰ μεσημβρινά· ἡ δὲ χιὼν
οὐ τοῖς ὕψεσι κρίνεται μόνον ἀλλὰ καὶ τοῖς κλίμασι·
τό τε αὐτὸ ὄρος τὰ βόρεια μέρη νίφεται μᾶλλον ἢ τὰ
νότια, καὶ τὴν χιόνα συμμένουσαν ἔχει μᾶλλον ἐκεῖνα
ἢ ταῦτα. ὁ μὲν οὖν Τίγρις ἐκ τῶν νοτιωτάτων μερῶν
τῆς Ἀρμενίας, ἃ πλησίον ἐστὶ τῆς Βαβυλωνίας, δεχόμενος 
τὸ ἐκ τῶν χιόνων ὕδωρ οὐ πολὺ ὄν, ἅτε ἐκ τῆς
νοτίου πλευρᾶς, ἧττον ἂν πλημμύροι· ὁ δὲ Εὐφράτης 
τὸ ἐξ ἀμφοτέρων δέχεται τῶν μερῶν, καὶ οὐκ ἐξ ἑνὸς
ὄρους ἀλλὰ πολλῶν, ὡς ἐδηλοῦμεν ἐν τῇ περιηγήσει
τῆς Ἀρμενίας, προστιθεὶς τὸ μῆκος τοῦ ποταμοῦ, ὅσον
μὲν τὸ ἐν τῇ μεγάλῃ Ἀρμενίᾳ διέξεισι καὶ τῇ μικρᾷ,
ὅσον δὲ τὸ ἐκ τῆς μικρᾶς Ἀρμενίας καὶ τῆς Καππαδοκίας 
διὰ τοῦ Ταύρου διεκβαλὼν ἕως Θαψάκου φέρεται,
τὴν κάτω Συρίαν καὶ τὴν Μεσοποταμίαν ἀφορίζων,
ὅσον δὲ τὸ λοιπὸν μέχρι Βαβυλῶνος καὶ τῆς ἐκβολῆς
ὁμοῦ τρισμυρίων καὶ ἑξακισχιλίων σταδίων. τὰ μὲν
οὖν περὶ τὰς διώρυγας τοιαῦτα. | [16a,13] Polyclète, lui, nie formellement que l'Euphrate déborde, il fait 
remarquer que ce fleuve coule à travers des plaines immenses, s'éloignant 
parfois des montagnes jusqu'à la distance de 2000 stades ; que les 
montagnes des Cosséens, beaucoup plus rapprochées, puisqu'elles sont à 
1000 stades à peine de ses rives, sont en revanche très peu élevées, que 
la neige qui les couvre n'a qu'une médiocre épaisseur et ne fond que 
lentement et par petites quantités ; que les montagnes vraiment hautes ne 
se trouvent en réalité qu'au-dessus d'Ecbatane sur le versant 
septentrional de la chaîne ; que le versant opposé se divise en branches 
nombreuses, mais qu'en même temps qu'il s'élargit il s'abaisse 
considérablement ; que c'est d'ailleurs au Tigre que ce versant envoie la 
plus grande partie de ses eaux {et que les débordements réguliers de ce 
fleuve n'ont pas d'autre cause}. Or ce qu'avance là Polyclète en dernier 
est manifestement absurde, par la raison que le Tigre descend dans les 
mêmes plaines que l'Euphrate, et que, s'il est vrai qu'il existe une 
inégalité marquée entre les deux versants de la chaîne en question, le 
versant septentrional étant sensiblement plus élevé et le versant 
méridional s'abaissant à proportion qu'il s'élargit, il est constant, 
aussi que, pour juger de la quantité de neige qui couvre le sommet des 
montagnes, il faut tenir compte, non seulement de leur altitude, mais 
aussi du climat sous lequel elles sont situées, car il tombera 
naturellement plus de neige dans la partie septentrionale que dans la 
partie méridionale d'une même chaîne, et la neige tiendra, persistera, 
plus longtemps dans la partie septentrionale que dans la partie 
méridionale ; que le Tigre par conséquent, qui n'a pour le grossir que 
l'eau provenant de la fonte des neiges des montagnes situées dans le sud 
de l'Arménie, et par conséquent assez près de la Babylonie (ce qui 
représente en somme un assez mince tribut, ces neiges appartenant au 
versant méridional, et non au versant septentrional de la chaîne), doit 
être moins sujet à déborder que l'Euphrate. L'Euphrate, au contraire, 
reçoit les eaux de l'un et de l'autre versant, non seulement d'une même 
chaîne, mais de plusieurs chaînes différentes, comme nous l'avons montré 
dans notre description de l'Arménie. Ajoutons que l'extrême longueur de 
son cours {achève de réfuter l'assertion de Polyclète} : car, en 
additionnant ensemble et son trajet à travers la Grande et la Petite 
Arménie et l'espace qu'il parcourt ensuite depuis la Petite Arménie et la 
Cappadoce pour gagner Thapsaque après avoir franchi le Taurus, et l'espace 
pendant lequel il forme la ligne de démarcation entre la Syrie basse et la 
Mésopotamie, et enfin son trajet jusqu'à Babylone et au-dessous de 
Babylone jusqu'à la mer, on trouve une longueur de 36.000 stades ! Nous 
n'en dirons pas davantage au sujet des canaux de la Babylonie. |