[16a,12] Ἐρατοσθένης δὲ τῶν λιμνῶν μνησθεὶς τῶν πρὸς
τῇ Ἀραβίᾳ, φησὶ τὸ ὕδωρ ἀπορούμενον διεξόδων
ἀνοῖξαι πόρους ὑπὸ γῆς καὶ δι´ ἐκείνων ὑποφέρεσθαι
μέχρι Κοιλοσύρων· ἀναθλίβεσθαι δὲ εἰς τοὺς περὶ
Ῥινοκόρουρα καὶ τὸ Κάσιον ὄρος τόπους καὶ ποιεῖν τὰς
ἐκεῖ λίμνας καὶ τὰ βάραθρα· οὐκ οἶδα δ´ εἰ πιθανῶς
εἴρηκεν. αἱ γὰρ τοῦ Εὐφράτου παρεκχύσεις αἱ ποιοῦσαι
τὰς πρὸς τῇ Ἀραβίᾳ λίμνας καὶ τὰ ἕλη πλησίον εἰσὶ
τῆς κατὰ Πέρσας θαλάττης, ὁ δὲ διείργων ἰσθμὸς οὔτε
πολύς ἐστιν οὔτε πετρώδης, ὥστε ταύτῃ μᾶλλον εἰκὸς
ἦν βιάσασθαι τὸ ὕδωρ εἰς τὴν θάλατταν, εἴτ´ ὑπὸ γῆς
εἰτ´ ἐπιπολῆς, ἢ πλείους τῶν ἑξακισχιλίων σταδίων
διανύειν, ἄνυδρον καὶ ξηρὰν οὕτω, καὶ ταῦτα ὀρῶν ἐν
μέσῳ κειμένων, τοῦ τε Λιβάνου καὶ τοῦ Ἀντιλιβάνου
καὶ τοῦ Κασίου· οἱ μὲν δὴ τοιαῦτα λέγουσι.
| [16a,12] Eratosthène, ayant eu occasion de parler des lacs qui touchent à la
frontière de l'Arabie, prétend que l'eau de ces lacs, faute d'issues
naturelles, se fraie des passages souterrains qui la conduisent jusqu'en
Coelé-Syrie, où on la voit jaillir et reparaître à la surface du sol aux
environs de Rhinocorura et du mont Casius pour former les lacs et les
gouffres ou barathres que l'on remarque en ces lieux. Je doute, pour ma
part, que l'assertion d'Eratosthène convainque personne. Les amas d'eau
provenant des débordements de l'Euphrate qui alimentent les lacs et marais
contigus à l'Arabie sont très peu éloignés de la mer Persique, et,
l'isthme qui les en sépare n'étant ni très large ni de constitution
rocheuse, il est plus naturel de penser que l'eau des lacs franchit cet
isthme, soit sous terre, soit à la surface, pour se rendre à la mer, que
de supposer qu'elle parcourt un trajet de plus de 6000 stades à travers
une contrée tellement aride et desséchée, et cela malgré la présence
d'obstacles tels que le Liban, l'Antiliban et le Casius.
Voilà ce que disent {Aristobule et Eratosthène}.
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