| [16a,11] Φησὶ δ´ Ἀριστόβουλος τὸν Ἀλέξανδρον αὐτὸν
ἀναπλέοντα καὶ κυβερνῶντα τὸ σκάφος ἐπισκοπεῖν
καὶ ἀνακαθαίρειν τὰς διώρυγας μετὰ τοῦ πλήθους τῶν
συνακολουθησάντων· ὡς δ´ αὕτως καὶ τὰ στόμια ἐμφράττειν, 
τὰ δ´ ἀνοίγειν· κατανοήσαντα δὲ μίαν τὴν 
μάλιστα τείνουσαν ἐπὶ τὰ ἕλη καὶ τὰς λίμνας τὰς πρὸ
τῆς Ἀραβίας, δυσμεταχείριστον ἔχουσαν τὸ στόμα καὶ
μὴ ῥᾳδίως ἐμφράττεσθαι δυναμένην διὰ τὸ εὐένδοτον
καὶ μαλακόγειον, ἄλλο ἀνοῖξαι καινὸν στόμα, ἀπὸ σταδίων τριάκοντα 
ὑπόπετρον λαβόντα χωρίον, κἀκεῖ μεταγαγεῖν τὸ ῥεῖθρον· 
ταῦτα δὲ ποιεῖν προνοοῦντα ἅμα καὶ τοῦ μὴ τὴν Ἀραβίαν δυσείσβολον τελέως ὑπὸ τῶν λιμνῶν ἢ καὶ τῶν ἑλῶν ἀποτελεσθῆναι, νησίζουσαν 
ἤδη διὰ τὸ πλῆθος τοῦ ὕδατος· διανοεῖσθαι γὰρ
δὴ κατακτᾶσθαι τὴν χώραν ταύτην καὶ στόλους καὶ
ὁρμητήρια ἤδη κατεσκευάσθαι, τὰ πλοῖα τὰ μὲν ἐν
Φοινίκῃ τε καὶ Κύπρῳ ναυπηγησάμενον διάλυτά τε
καὶ γομφωτά, ἃ κομισθέντα εἰς Θάψακον σταθμοῖς
ἑπτὰ εἶτα τῷ ποταμῷ κατακομισθῆναι μέχρι Βαβυλῶνος, 
τὰ δ´ ἐν τῇ Βαβυλωνίᾳ συμπηξάμενον τῶν ἐν τοῖς
ἄλσεσι καὶ τοῖς παραδείσοις κυπαρίττων· σπάνις γὰρ
ὕλης ἐνταῦθα, ἐν δὲ Κοσσαίοις καὶ ἄλλοις τισὶ μετρία
τίς ἐστιν εὐπορία. σκήψασθαι μὲν οὖν αἰτίαν τοῦ πολέμου φησίν, 
ἐπειδὴ μόνοι τῶν ἁπάντων οὐ πρεσβεύσαιντο οἱ Ἄραβες ὡς αὐτόν, 
τὸ δ´ ἀληθὲς ὀρεγόμενον πάντων εἶναι κύριον· καὶ ἐπεὶ δύο θεοὺς 
ἐπυνθάνετο τιμᾶσθαι μόνους ὑπ´ αὐτῶν, τόν τε Δία καὶ τὸν Διόνυσον, 
τοὺς τὰ κυριώτατα πρὸς τὸ ζῆν παρέχοντας,
τρίτον ὑπολαβεῖν ἑαυτὸν τιμήσεσθαι, κρατήσαντα καὶ
ἐπιτρέψαντα τὴν πάτριον αὐτονομίαν ἔχειν ἣν εἶχον
πρότερον. ταῦτά τε δὴ πραγματεύεσθαι περὶ τὰς διώρυγας 
τὸν Ἀλέξανδρον, καὶ τοὺς τάφους σκευωρεῖσθαι
τοὺς τῶν βασιλέων καὶ δυναστῶν· τοὺς γὰρ πλείστους
ἐν ταῖς λίμναις εἶναι. | [16a,11] Aristobule raconte comment Alexandre en personne remonta {le fleuve} 
sur une barque, dont lui-même tenait le gouvernail, à l'effet d'inspecter 
l'état des canaux et d'en faire exécuter le curage par la multitude 
d'ouvriers dont il s'était fait suivre, comment aussi, dans la même 
tournée, il fit fermer définitivement telle embouchure, pour en ouvrir une 
autre à sa place. S'étant aperçu, par exemple, qu'à l'embouchure d'un de 
ces canaux (de celui-là précisément qu'on avait creusé dans la direction 
des marais et des étangs situés en avant de l'Arabie) les manoeuvres de la 
digue se faisaient mal et qu'à cause de la nature molle et inconsistante 
des terres notamment ce canal ne pouvait pas être fermé avec assez de 
facilité, Alexandre lui fit ouvrir un nouveau débouché dans un terrain 
distant de 30 stades du premier, dont il avait reconnu le fond pour être 
rocheux ou pierreux, et détourna l'eau du canal de ce côté. Du reste, au 
dire d'Aristobule, ces travaux dans la pensée d'Alexandre avaient encore 
un autre but, il s'agissait surtout pour lui d'empêcher que l'Arabie, qui 
forme déjà quasi une île (tant est grande la quantité d'eau qui 
l'entoure), fût rendue complètement inaccessible, si on laissait les lacs 
et les marais s'étendre encore davantage, car il songeait sérieusement à 
conquérir aussi l'Arabie, sa flotte était tout équipée, les stations ou 
points de relâche étaient déjà désignés, les embarcations elles-mêmes 
avaient été construites, les unes en Phénicie et dans l'île de Cypre, d'où 
elles avaient été transportées démontées, mais munies de leurs chevilles, 
à Thapsaque, en sept stations pour descendre ensuite le fleuve jusqu'à 
Babylone, et les autres dans la Babylonie même, avec les cyprès des 
enceintes sacrées et des parcs royaux, les bois de construction étant, 
comme on sait, fort rares en Babylonie et n'étant guère plus abondants 
dans les montagnes des Cosséens et de leurs voisins. Le prétexte que 
donnait Alexandre pour justifier cette nouvelle guerre, c'est que les 
Arabes étaient le seul peuple qui ne lui eût pas envoyé d'ambassadeurs ; 
au fond, la vraie et l'unique raison était qu'il aspirait à devenir le 
maître de la terre entière ; et, comme il avait appris que les Arabes ne 
rendent hommage qu'à deux divinités seulement, à celles qui dispensent aux 
hommes les biens les plus indispensables à la vie, à savoir Zeus et 
Dionysos, il supposait qu'il pourrait aisément devenir leur troisième 
divinité, quand, après les avoir vaincus, il leur rendrait cette 
indépendance que leurs pères leur avaient transmise et dont ils avaient 
joui jusque-là. Tel fut l'ensemble des mesures prises par Alexandre au 
sujet des canaux de la Babylonie. Aristobule ajoute que le conquérant, par 
la même occasion, avait fait fouiller toutes les sépultures des anciens 
rois et dynastes, qui se trouvaient pour la plupart construites dans les 
lacs mêmes. |