[15b,6] Πρὸς δὲ τῇ ἀπορίᾳ χαλεπὸν ἦν καὶ τὸ καῦμα καὶ
τὸ βάθος τῆς ψάμμου καὶ ἡ θερμότης, ἔστι δ´ ὅπου
καὶ θῖνες ὑψηλοὶ ὥστε πρὸς τῷ δυσχερῶς ἀναφέρειν
τὰ σκέλη καθάπερ ἐκ βυθοῦ καὶ ἀναβάσεις εἶναι καὶ
καταβάσεις· ἀνάγκη δ´ ἦν καὶ σταθμοὺς ποιεῖσθαι μακροὺς
διὰ τὰ ὑδρεῖα διακοσίων καὶ τετρακοσίων σταδίων, ἔστι δ´ ὅτε καὶ ἑξακοσίων, νυκτοποροῦντας τὸ πλέον. πόρρω δὲ τῶν ὑδρείων ἐστρατοπεδεύοντο ἐν τριάκοντα σταδίοις πολλάκις τοῦ μὴ ἐμφορεῖσθαι κατὰ δίψος· πολλοὶ γὰρ ἐμπίπτοντες σὺν ὅπλοις ἔπινον ὡς ἂν ὑποβρύχιοι, φυσώμενοι δ´ ἐπέπλεον ἐκπεπνευκότες καὶ τὰ ὑδρεῖα βραχέα ὄντα διέφθειρον· οἱ δ´ ἐν τῷ
ἡλίῳ κατὰ μέσην τὴν ὁδὸν ἀπηγορευκότες ἔκειντο ὑπὸ
δίψους· ἔπειτα τρομώδεις μετὰ παλμοῦ χειρῶν καὶ
σκελῶν ἔθνησκον παραπλησίως ὡς ἂν {ὑπὸ} ῥίγους
καὶ φρίκης ἐχόμενοι. συνέβαινε δέ τισι καὶ ἐκτραπομένοις
τὴν ὁδὸν καταδαρθεῖν κρατουμένοις ὑπὸ ὕπνου
καὶ κόπου, ὑστερήσαντες δ´ οἱ μὲν ἀπώλοντο πλάνῃ
τῶν ὁδῶν καὶ ὑπὸ ἀπορίας ἁπάντων καὶ καύματος,
οἱ δ´ ἐσώθησαν πολλὰ ταλαιπωρήσαντες· πολλὰ δὲ
κατέκλυσε καὶ τῶν σωμάτων καὶ τῶν χρηστηρίων ἐπιπεσὼν χειμάρρους νύκτωρ· καὶ τῆς βασιλικῆς δὲ κατασκευῆς
ἐξηλείφθη πολλή· καὶ τῶν καθοδηγῶν δὲ
κατ´ ἄγνοιαν πολὺ εἰς τὴν μεσόγαιαν ἐκτραπομένων
ὥστε μηκέτι ὁρᾶν τὴν θάλατταν, συνεὶς ὁ βασιλεὺς
ἐξαυτῆς ὥρμησε ζητήσων τὴν ᾐόνα, καὶ ἐπειδὴ εὗρε
καὶ ὀρύξας εἶδεν ὕδωρ πότιμον, μεταπέμπεται τὸ στρατόπεδον,
καὶ λοιπὸν μέχρι ἡμερῶν ἑπτὰ πλησίον ᾔει τῆς ᾐόνος εὐπορῶν ὑδρείας· ἔπειτ´ αὖθις εἰς τὴν μεσόγαιαν ἀνεχώρησεν.
| [15b,6] Le manque de vivres n'était pas la seule difficulté contre laquelle il
fallût lutter, il y avait encore l'extrême élévation de la température, la
profondeur et la chaleur du sable, et la rencontre de temps à autre de
hautes dunes, dans lesquelles on avait, outre la peine de retirer ses
jambes de l'espèce de mer mouvante où l'on enfonçait à chaque pas, l'ennui
de toujours monter et descendre. Il fallait, en outre, pour gagner les
puits, éloignés les uns des autres de deux, de quatre, voire même
quelquefois de 600 stades, faire de très longues étapes et le plus souvent
des marches de nuit. Ajoutons que l'on dut plus d'une fois camper à 30
stades des puits pour éviter aux soldats emportés par la soif des excès
dangereux. On en avait vu beaucoup, en effet, quand ils trouvaient de
l'eau, s'y jeter tout armés et boire à même, jusqu'à ce qu'ils coulassent
au fond asphyxiés : au bout d'un certain temps leurs cadavres tout gonflés
reparaissaient à la surface et en surnageant infectaient l'eau
généralement peu profonde de ces fontaines. D'autres, épuisés par une
longue marche en plein soleil et consumés par la soif, tombaient le long
de la route sans avoir le courage de se relever, et, bientôt pris d'un
tremblement général analogue au frisson de la fièvre, avec crampes dans
les bras et dans les jambes, ils mouraient sur place. Il y en eut aussi
qui, s'étant écartés du chemin que suivait l'armée, s'endormirent vaincus
par le sommeil et la fatigue, et qui, au réveil, après s'être épuisés à
chercher leur route, succombèrent à la fois au besoin et à la chaleur, ou
n'échappèrent qu'au prix des plus cruelles souffrances. On perdit beaucoup
de monde encore et beaucoup de matériel une nuit que l'armée fut surprise
endormie et presque submergée par un torrent : une bonne partie des
équipages du roi notamment fut emportée. Une autre fois, ce furent les
guides eux-mêmes qui se fourvoyèrent et qui engagèrent l'armée trop avant
dans les terres : déjà l'on avait perdu de vue la mer, quand le roi,
s'étant aperçu de la faute commise, s'élança aussitôt de sa personne à la
recherche du rivage et ne s'arrêta qu'après l'avoir atteint et s'y être
assuré en creusant de la présence d'eau potable. Il envoya alors à l'armée
l'ordre de rejoindre et ne la laissa plus s'écarter du rivage pendant les
sept jours de marche qui suivirent, toute cette partie de la route s'étant
trouvée abondamment pourvue d'eau. Ce n'est que le huitième jour qu'il
s'en écarta de nouveau pour s'enfoncer dans l'intérieur.
|