[15b,5] Καὶ δὴ καί φησιν ὁ Νέαρχος, ἤδη τοῦ βασιλέως
τελοῦντος τὴν ὁδόν, αὐτὸς μετοπώρου κατὰ πλειάδος
ἐπιτολὴν ἑσπερίαν ἄρξασθαι τοῦ πλοῦ, μήπω μὲν τῶν
πνευμάτων οἰκείων ὄντων, τῶν δὲ βαρβάρων ἐπιχειρούντων
αὐτοῖς καὶ ἐξελαυνόντων· καταθαρρῆσαι
γὰρ ἀπελθόντος τοῦ βασιλέως καὶ ἐλευθεριάσαι. Κρατερὸς
δ´ ἀπὸ τοῦ Ὑδάσπου ἀρξάμενος δι´ Ἀραχωτῶν
ᾔει καὶ Δραγγῶν εἰς Καρμανίαν. πολλὰ δ´ ἐταλαιπώρει
ὁ Ἀλέξανδρος καθ´ ὅλην τὴν ὁδὸν διὰ λυπρᾶς
ἰών· πόρρωθεν δ´ ὁμοίως ἐπεχορηγεῖτο μικρὰ καὶ
σπάνια ὥστε λιμώττειν τὸ στράτευμα· καὶ τὰ ὑποζύγια
ἐπέλιπε, καὶ τὰ σκεύη κατελείπετο ἐν ταῖς ὁδοῖς
καὶ τοῖς στρατοπέδοις· ἀπὸ δὲ τῶν φοινίκων ἦν ἡ σωτηρία
τοῦ τε καρποῦ καὶ τοῦ ἐγκεφάλου. φασὶ δὲ φιλονεικῆσαι
τὸν Ἀλέξανδρον καίπερ εἰδότα τὰς ἀπορίας
πρὸς τὴν κατέχουσαν δόξαν, ὡς Σεμίραμις μὲν
ἐξ Ἰνδῶν φεύγουσα σωθείη μετὰ ἀνδρῶν ὡς εἴκοσι,
Κῦρος δὲ ἑπτά, εἰ δύναιτο αὐτὸς τοσοῦτο στράτευμα
διασῶσαι διὰ τῆς αὐτῆς χώρας, νικῶν καὶ ταῦτα.
| [15b,5] Or Néarque lui-même nous apprend que le premier corps, sous le
commandement du roi, était déjà en marche, quand, à l'époque du lever
acronyque des Pléiades, c'est-à-dire en automne, il donna à la flotte le
signal d'appareiller, sans pouvoir attendre que les vents favorables
eussent commencé à souffler, parce que les Barbares les serraient de près
et menaçaient de les forcer dans leurs positions, le départ du roi ayant
réveillé chez eux l'audace et l'amour de l'indépendance. - Parti des bords
de l'Hydaspe, Cratère traversa l'Arachosie et la Drangiane et parvint à
gagner la Carmanie. Mais Alexandre eut beaucoup à souffrir, ayant trouvé
partout sur sa route le sol le plus pauvre et le plus aride. Ses
approvisionnements tirés de fort loin étaient nécessairement irréguliers
et insuffisants, et son armée ressentit souvent les horreurs de la faim.
De plus, les bêtes de somme vinrent à manquer, et il fallut abandonner une
bonne partie des bagages sur les routes et dans les différents campements
que l'on quittait. L'armée dut son salut aux palmiers dont le fruit et la
moelle les nourrit. On s'accorde à attribuer à un sentiment d'ambitieuse
rivalité l'obstination que mit Alexandre à prendre cette route, bien qu'il
sût parfaitement à quoi s'en tenir sur les difficultés qu'elle présentait
: il voulait prouver au monde que, dans les mêmes déserts où la renommée
nous montre Sémiramis et Cyrus, après leur désastreuse campagne de l'Inde,
se sauvant à grand'peine, Sémiramis avec vingt, Cyrus avec sept compagnons
seulement, lui, Alexandre, saurait faire passer une armée innombrable et
surmonter à sa tête tous les obstacles, et quels obstacles l'on va en juger.
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